La colère du monde agricole est bien réelle. Elle se propage sur le territoire national. Florent Dornier, le président de la FDSEA du Doubs, fait savoir que des blocages sont prévus dans le département. Les Jeunes Agriculteurs seront associés à cette mobilisation. La colère gronde depuis plusieurs mois dans le pays. En novembre dernier, symboliquement, les panneaux des entrées de village avaient été retournés. Cette fois-ci, c’est une autre opération qui s’organise.
« Notre dernière action n’a pas été entendue ou prise au sérieux par les pouvoirs publics » regrette M. Dornier. Pourtant, à travers le slogan « on marche sur la tête », elle pointait déjà les inquiétudes et la colère d’une profession qui ne parvient plus à vivre du fruit de son travail. « 1/3 des agriculteurs de notre département, en polyculture élevage, sont confrontés à des baisses de prix de l’ordre de 40 à 45 euros la tonne » explique le responsable agricole. Et de poursuivre : « Ce n’est plus possible. Il faut désormais avoir une loi d’orientation agricole digne de ce nom ».
Des perspectives pour les nouvelles générations
Florent Dornier demande la mise en place urgente d’une autre politique. Dans un contexte où le renouvellement des générations est au cœur des préoccupations. « Un agriculteur sur deux doit partir en retraite dans les dix prochaines années. S’il n’y a pas de perspective d’avenir, comment voulez-vous installer demain sur nos territoires ? » s’interroge-t-il. L’agriculteur pointe « les injonctions contradictoires » des autorités. « On signe des accords avec l’Amérique du Sud pour faire venir des contingents de viande sur nos territoires. Alors que nous sommes en train de perdre des fermes tous les jours en France » précise-t-il. Florent Dornier appelle chacun à ses responsabilités, qu’il s’agisse de l’Union Européenne, de l’état français ou encore des industriels.
L'interview de la rédaction : Florent Dornier
En Bourgogne-Franche-Comté, le groupe du Rassemblement de la Droite et du Centre et des Ecologistes Indépendants au Conseil Régional de Bourgogne Franche-Comté exprime « son plein et sincère soutien au monde agricole ». Il est fait référence au drame survenu au niveau d’un barrage en Ariège et au métier et ses difficultés, évoquant « la concurrence déloyale des pays européens », tout en dénonçant la politique du monde industriel et de l’Europe, via la nouvelle Politique Agricole Commune.
Un projet de loi destiné à faciliter la reprise d’exploitations agricoles doit être présenté le 24 janvier prochain au Conseil des ministres. L’annonce a été faite lundi par le ministère de l’Agriculture. Une décision qui s’inscrit sur fond de crise démographique, où la population des près de 500.000 chefs d’exploitation vieillit. Selon le dernier recensement agricole, la moyenne d’âge des exploitants agricoles s’établit à 51,4 ans.
Un lot de comté, contaminé par la listéria, commercialisé par le magasin de la fromagerie de Clairvaux-les-Lacs, « La Saint-Christophe », est rappelé. Le produit a été commercialisé entre le 27 décembre 2023 et le 3 janvier dernier. Il est évident que ce produit ne doit pas être consommé. Il doit être détruit ou rapporter à l’endroit où il a été vendu.
Cela fait partie des produits alimentaires, dont le coût a augmenté. Selon des chiffres communiqués par l’Insee, en un an, le filet d’un kilo de pommes de terre est passé de 1,70 euro à 2,09 euros, soit une hausse de près de 23% entre septembre 2022 et septembre 2023. Cette tendance concerne également les produits transformés que sont la purée ou les chips. Une récolte catastrophique, à la suite d’une sécheresse marquée, et une hausse des coûts de transport sont responsables de cette situation.
Treize députés de la région Bourgogne Franche-Comté, dont la Jurassienne Danièle Brulebois et les Doubistes Laurent Croizier, Nicolas Pacquot et Eric Alauzet, ont saisi « en urgence » le ministre de l’Agriculture sur la gestion, qu’ils jugent « calamiteuse », des fonds européens agricoles par la région. « 3.000 dossiers restent actuellement sans réponse », selon ces élus. Ils pointent une gestion qui « met en difficulté de nombreux investissements et l’installation de jeunes agriculteurs ».
Les jeunes agriculteurs du Doubs ont décidé de suivre l’appel à la mobilisation nationale. Depuis la nuit dernière, ils procèdent au retournement des panneaux d’entrée et de sortie d’agglomération. Cette mobilisation a été lancée dans les 22 cantons que compte le département. Une centaine de pancartes a été retournée hier soir. Le mécontentement porte sur les difficultés liées à l’installation des agriculteurs et les discussions « sans fin et stériles » avec le conseil régional, les taxes, qui assomment ces professionnels, les difficultés de vivre du métier et le nouveau plan national « loup », dans lequel les agriculteurs ne se sentent pas écoutés.
Une mobilisation qui pourrait en appeler d’autres
Pour l’heure, les professionnels de la terre ont choisi une démarche symbolique, « pour montrer que le monde marche sur la tête », mais ils pourraient intensifier leur mouvement. Comme c’est le cas dans d’autres départements français. L’objectif, dans un premier temps, est de sensibiliser, sans violence, le grand public et les décideurs, mais, sans réponse à leurs interrogations, d’autres formes d’action ne sont pas exclues.
L'interview de la rédaction : Mélanie Gruet, présidente des jeunes agriculteurs du Doubs
Les jeunes agriculteurs du Doubs ont décidé de suivre l’appel à la mobilisation nationale. Depuis la nuit dernière, ils procèdent au retournement des panneaux d’entrée et de sortie d’agglomération. Cette mobilisation a été lancée dans les 22 cantons que compte le département. Les territoires levitiens, mortuacien et du Saugeais ont été la cible des agriculteurs de leur territoire. A travers cette action symbolique, ces professionnels veulent dénoncer la politique gouvernementale en matière d’agriculture.
Ce jeudi, la commission européenne a décidé de prolonger l’usage du glyphosate pour une période de dix ans, jusqu’en 2033. Faute d’accord entre ses 27 membres, elle a dû trancher. L’instance a déclaré avoir pris sa décision « sur la base d’évaluations approfondies et en collaboration avec les Etats membres ». Sept pays, dont la France, se sont abstenus. Dix-sept autres ont voté pour et trois s’y sont opposés.
En juillet dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments avait indiqué qu’elle n’avait pas identifié « de domaine de préoccupation critique » susceptible d’empêcher son autorisation. Elle avait néanmoins reconnu un manque de données.
Le ministère de l’Agriculture a annoncé la mise en place d’un fonds de garantie de 2 milliards d’euros pour accompagner le secteur dans ses transformations, notamment pour sécuriser les reprises d’exploitation et les investissements innovants porteurs de transitions écologique et climatique. Cette mesure sera intégrée au Pacte d’orientation et d’avenir agricoles qui sera dévoilé « prochainement ».