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La décision de la mairie est actée et les travaux débuteront en décembre : les quartiers de la Madeleine et Battant seront fermés aux voitures avec la mise en place de quatre nouvelles bornes de circulation. Une porte d’entrée vers le centre-ville désormais inaccessible et qui renvoie les quatre-roues aux frontières de la Boucle. 

En descendant la rue de la Madeleine, pas besoin de faire plusieurs commerces pour avoir un témoignage agacé d’un propriétaire. Philippe Bonnet, qui tient la boucherie éponyme en bas de la rue, “n’a plus la force de se battre”. ll ne participe même plus au combat que mène l'association de commerçants du quartier qui ont monté une pétition. Le propriétaire est clairement excédé, il tourne en rond en pestant : “ce n’est clairement pas des commerçants qui ont pris cette décision, ils sont derrière leurs graphiques et ne connaissent rien du terrain”. Quand on évoque les réunions de concertation successives que la ville a mis en place, il rit : “c’est une réunion où on nous met devant le fait accompli, on ne nous consulte pas”. “Ils ont même fait des enquêtes avec des policiers pour démontrer que les voitures seraient susceptibles de créer des accidents, on est sur de l’hypothétique !”. Il continue de nous dévoiler les dessous de cette concertation en jugeant ridicule la comparaison avec d’autres villes comme Rouen ou Madrid qui ont grandement piétonnisé. 

Un pari sur l’avenir 

C’est en effet en prenant exemple sur d’autres grandes villes européennes que la mairie, par le biais de Marie Zehaf, adjointe à la circulation, a parié sur la piétonnisation. Un peu plus en hauteur dans la rue, le gérant du CBD Shop comprend cette difficulté : “le changement ça fait toujours peur, c’est douloureux au début”. Avec la promesse d’un meilleur aménagement, de la végétalisation, il espère que les touristes monteront davantage la rue. “Quand ils traversent le pont Battant, ils s’arrêtent à l’Eglise, prennent des photos mais ne vont pas plus loin, le haut n’attire pas”. C’est sa voisine qui habite le quartier depuis 40 ans qui lui a appris la nouvelle. Il craint tout de même des problèmes pour les livreurs qui verront leur travail compliqué par cette disposition. “On verra” est le résumé de son avis : lui qui possède une autre échoppe à Strasbourg espère que le même phénomène se produira. Une piétonnisation qui crée du passage et de l’attractivité. 

madeleine besancon

 

Le scepticisme ou l’opposition franche

D’autres témoignages rejoignent celui du géant du CBD Shop : on doute mais sans avoir un avis franc. Aux zinzins du vin, on s’inquiète surtout pour les travaux qui débuteront en décembre mais “toutes les places ici étaient déjà prises, ce n’était pas un lieu de stationnement”. Du côté de la bouquinerie L’as tu lu, on a surtout peur que les personnes âgées ne se déplacent plus au centre ville. “Aussi, pour les motos qui roulent vite, je pense pas que ce soit la solution”. Au bout du pont Battant à Bois Etc…, on rejoint ce diagnostic. “Cela ne règle pas le problème des nuisances sonores, c’est à la police de le faire”. La propriétaire, qui nous a accueilli en descendant les escaliers par un “Nul !”, estime que c’est un projet pour “pousser le tram”. Le tenant du bureau de tabac quai de Strasbourg suit son idée. “Ces trams, ils tournent à vide et on essaye de forcer. Les gens qui viennent de loin, de la campagne, ils vont s’arrêter à Planoise et prendre les transports ? Il faut arrêter.”. 

La mort du commerce, la mort du centre-ville ? 

Ce même commerçant fustige une décision qui “est contre son camp”. “Je suis ici depuis 2006, on a eu la crise de 2008, le changement du pont Battant en 2013, le Covid puis l’inflation, là on a le sentiment qu’on nous achève”. Le buraliste ouvre le dimanche, ce qui attire une clientèle de toute la région : désormais, son offre n’est plus vendeuse sans passage routier. Il se dit écologiste mais pense que cette décision, tout comme la fermeture du pont de la République début 2022, est un non-sens. “On crée davantage de bouchons, des voitures qui crachent du Co2 à l'arrêt pendant de longues minutes”. En remontant dans l’angle de la rue Battant, le propriétaire de Backing Games est de loin le plus énervé. Il a d’ailleurs dit le fond de sa pensée à l’équipe municipale lors des concertations par des mots grossiers. “Ces concertations, c'était une manière de passer la pommade mais ça ne passe pas”. L'aîné des témoins de l’après midi est le père de la propriétaire de La boite à rire, rue de la Madeleine. Lui qui a tenu la boutique pendant 40 ans a "vu la ville mourir tout simplement”. “Avant, on avait des touristes, on vendait des objets de la région, maintenant tout le monde fuit Besançon, on a l’impression qu’on a envie de se retrouver seuls”. Le septuagénaire évoque également les “prix de parking exorbitants” qui éloignent tous les visiteurs. 

 

Ces bornes verront le jour en décembre et les conséquences, selon les commerçants, sont d’ores et déjà présentes. Philippe Bonnet, à 59 ans, n'embauche plus et prévoit de fermer à la retraite. “L’objectif c’est que tout le monde aille à Chateaufarine ? Eh bien soit, j'abandonne face aux grandes surfaces”. Le tabagiste, lui, compte vendre dès la fin de l’année. “Economiquement, le manque à gagner pour la ville va être énorme, ils l’auront cherché”. 

Le tristement célèbre anesthésiste bisontin, Frédéric Péchier, mis en examen pour 30 cas présumés d'empoisonnement de patients dont 12 cas mortels lorsqu'il était en poste à la Clinique Saint-Vincent ainsi qu'à la Polyclinique de Franche-Comté, a pris la parole dans la presse nationale. Discret depuis le début de cette affaire et refusant de s’exprimer à de nombreuses reprises, Frédéric Péchier rompt le silence et clame une fois de plus son innocence.

Ce sont dans les colonnes de nos confrères du Parisien que l’ancien anesthésiste a choisi de s’exprimer. Soupçonné de 30 empoisonnements volontaires de patients, âgés de 4 à 89 ans entre 2008 et 2017, dont douze mortels, Frédéric Péchier avait choisi de garder le silence depuis de nombreux mois. Retranché à Poitiers chez ses parents, celui qui peut à nouveau exercer la médecine sous certaines conditions strictes, et sans lien direct avec les patients, souhaite « rétablir certaines vérités ». Dans cette interview, le cinquantenaire déplore que « sa présomption d’innocence soit piétinée en permanence, et souhaite laver son nom de tout soupçon ».

 

"Mourir innocent"

Il révèle avoir tout perdu. Sa vie professionnelle, familiale et sociale. Il se désole d’avoir dû retourner vivre dans sa chambre d’ado, dans la maison de ses parents. Une situation infantilisante. Il n’a pas vu son fils grandir, son mariage n’a pas résisté, et il n’a désormais plus aucun revenu. Une situation qui poussera à bout l’anesthésiste, qui, pris de désespoir, tentera de mettre fin à ses jours un soir d’octobre 2021. « Pour mourir innocent » expliquait sa lettre d’adieu. Rappelons-le, Frédéric Péchier est suspecté d’avoir entraîné volontairement des complications cardiaques chez des patients de ses confrères dans deux cliniques de Besançon, par vengeance mais aussi pour démontrer ses talents de réanimateur, selon l’accusation. Ce que l’anesthésiste a toujours nié. Selon ce dernier, seuls trois cas soulèvent véritablement la question d’empoisonnements potentiels. "Pour moi, il y a trois cas qui posent effectivement problème, car dans les poches d’injection, on a retrouvé des produits qui n’avaient rien à faire là. J’ignore si c’est volontaire ou non, et ce n’est pas à moi de le dire. Hormis ceux-là, il n’y a pas de preuve d’administration de produits anormaux", détaille Frédéric Péchier au Parisien.

 

Plusieurs éléments de défense

Quand l’anesthésiste est questionné sur ses arrivées, tel un sauveur, toujours au moment où surviennent les arrêts cardiaques, le cinquantenaire explique intervenir à chaque fois sur demande de ses collègues. « A chaque fois que je suis là, c’est parce qu’on m’a appelé ». Et s’il existe quelques incongruités selon Frédéric Péchier, la majorité des cas auraient une origine médicale ou seraient la conséquence « d’erreurs de confrères, voire d’un taré non identifié ». Quand est évoqué le cas de Sandra Simard, qui a déclenché l’enquête en 2017, où l’on reproche à l’anesthésiste d’avoir formulé le bon diagnostic en seulement quelques minutes, il explique simplement avoir administré du gluconate de calcium, « ce qu’il fait systématiquement en cas d’arrêt cardiaque ». Concernant les accidents cités comme « problématiques » par Frédéric Péchier, le dernier concerne l’un de ses patients, qui aurait pu lui servir d’alibi. Une version évidemment contestée par l’anesthésiste. Des témoins auraient d’ailleurs remarqué le comportement particulièrement stressé du médecin ce jour-là, qui aurait immédiatement évoqué une malveillance. « J’étais paumé, inquiet pour mon patient, je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Entre les poches percées et le diagnostic fait immédiatement par mon collègue, oui, je me suis posé des questions » indique Frédéric Péchier au Parisien. Ce dernier évoque même les images de vidéosurveillance, où l’on identifie une femme de ménage. « Des vidéos qui n’ont pas été exploitées » regrette-t-il. Et si les enquêteurs estiment que seul un médecin avait les compétences pour agir, Frédéric Péchier affirme que « n’importe qui est capable de polluer une poche ». « Sur le potassium il y a écrit "DANGER". C’est dans les placards en accès libre, ce n’est pas comptabilisé au contraire de la morphine. Le bloc n’était pas sécurisé, tout le monde le sait. Qui nous dit que ce ne sont pas les agissements d’un taré ? En 2017, pendant mes vacances, quelqu’un a détruit pour 50.000€ de matériel. Ça n’a pas non plus été creusé. Et puis, il y a eu d’autres arrêts cardiaques après mon départ » confie l’anesthésiste.

 

En tout cas, l’ancien anesthésiste qui a toujours clamé son innocence se dit prêt à affronter « ce faisceau de présomptions », au cours d’un procès très attendu, qui ne devrait pas voir le jour avant 2025.

 

La semaine dernière, près de Louviers (Eure), plus de 1400 athlètes s’affrontaient dans six épreuves. Au sortir de cette compétition, la Société Nautique de Besançon ressort 3ème club de France. 

“Une pente ascendante”

Benjamin Courbet, animateur et entraîneur de la Société Nautique de Besançon, décrit la progression du club comme "assez fulgurante". La SNB, qui s’installera prochainement dans ses nouveaux locaux à la Rhodia, a surpris beaucoup de monde à ces championnats. A Louviers, base nautique qui s’agrandit pour accueillir, peut être, les Jeux Olympiques, les habitués étaient admiratifs du club bisontin. “J’ai des coachs de partout qui sont venus me voir pour me demander comment on formait les jeunes pour qu’ils soient aussi bons”. 

 benjamin courbet eau DDD

Axelle Renard, une native du club qui vise les JO 

Sur ces 14 médailles, une belle parité existe, symbole d’une formation plurielle. Aussi, de nombreux titres prennent part parmi les breloques dont deux d’Axelle Renard. Un en individuel où elle s’impose très largement et un en bi-place avec sa partenaire Pauline Martin. Les quotas pour les Jeux Olympiques seront lancés à l’automne et l'athlète bisontine espère bien viser un podium en 2024.

La SNB continue de s’imposer dans le canoë kayak français et propage sa très bonne formation des jeunes

 

Le podcast de la rédaction / Benjamin Courbet   

Aujourd’hui, 18 juillet, s’ouvraient deux activités qui vont rythmer tout l’été de la boucle du Doubs : Vital’Nautique et les stages découvertes jeunes. 

Le bruit des canoës qui s’entrechoquent inaugurent notre visite à la SNB ce matin. En face du conservatoire, la première matinée de Vital’Nautique avait lieu. Des jeunes, moyenne d’âge de 13 ans, découvrent les sports nautiques gratuitement dans le cadre d’un partenariat avec la ville. Plusieurs jeux sont proposés par Benjamin Courbet, animateur et entraîneur. “On commence par des kayaks bi-places car c’est ce qu’il y a de plus stable et ils peuvent jouer dans l’eau et apprendre à se déplacer”. Des “bateaux tamponneurs”, comme il les appelle, et des éperviers dans l’eau ont lieu. Le tout se finit par une baignade dans la joie avant l’orage qui menace. Vital’Nautique continue tous les matins de 10h à 12h jusque fin août. 

Des stages découvertes et des rand’eau kayak

Cet après-midi débutait un autre événement de l’été pour la SNB. Des stages découvertes des sports nautiques pour les enfants, à partir de 7 ans. Au programme : découverte du canoë kayak, en eaux vives et en course, du Dragon boat Paddle et une chasse au trésor. Ces stages d’une semaine sont l’occasion d'approfondir l’apprentissage et de, peut être, initier des passions.

Pour les familles et un public plus âgé, la Société propose aussi des randonnées en kayak les vendredis soir. De 18h à 20h, autour de la Boucle du Doubs, c'est l'occasion de découvrir le patrimoine de Besançon sous un autre angle. On défile jusqu’à la Citadelle sur une “eau toujours très calme” nous rassure la secrétaire de la SNB, Juliette Belot. 

“On accueille vraiment tout le monde car le Doubs, sauf surprises météorologiques, a très peu de courant en ce moment”. 

 

Le podcast de la rédaction / Juliette Belot sur les stages découvertes et les rand'eau kayak  

Le podcast de la rédaction / Benjamin Courbet sur Vital'Nautique    

Diffusée dès lundi 17 juillet à 19h20 tous les soirs après le journal régional sur France 3, la série est le deuxième opus produit par La Boucle Productions. 

Après “Besançon, la Mystérieuse”, une première saison réussie sur les histoires étranges de la capitale franc-comtoise, une seconde série de 10 épisodes de 2min30 voit le jour. Autour du comédien et narrateur Dan Nicolle, on vogue au fil des rues, aux endroits qui ont fait l’histoire de grands hommes et de grandes femmes. 4 épisodes ont été diffusés en avant première aux journalistes. Des anecdotes qui restent en tête et qui marquent lorsque l’on déambule ensuite dans la ville. Louis Pergaud, auteur de La guerre des boutons, qui a obtenu la 1ère place au concours de l’école normale après l’avoir travaillé à l’Arsenal. Ou encore l’autrice Colette qui décrit sa maison située aux Montboucons de manière délicieuse dans le roman La retraite sentimentale. Toutes ces histoires sont croquées par une écriture délicate : “les Frères Lumières ont créé une éternité depuis les genoux écorchés de la rue des Granges”. 

10 personnages illustres

Victor Hugo, Jules César, Pierre-Joseph Proudhon, Colette, Louis Pergaud, Victor Considerant, Charles Nodier, Les Frères Lumières, Charles Fourier et Stendhal. Une jolie liste éclectique qui représente la diversité historique de la ville bisontine. La maire Anne Vignot, présente à l’avant première, aura simplement regretté la faible part de femmes et la non accessibilité aux personnes malentendantes avec l’absence de sous titres. 

Dans un format court, le pari est tout de même réussi de nous faire découvrir des petites histoires et par extension la grande. Pour les réalisateurs Daniel Perrot et Stéphane Bonnotte, l’idée était de “parler de Besançon autrement”. “On aimerait que ça plaise aux bisontins mais aussi que ça tombe dans l’oreille de personnes extérieures à la région”. 

Une diffusion multiple

Pour toucher ces différents publics, la diffusion de cette série est lancée sur plusieurs plateformes. Tout d’abord dès la semaine prochaine sur France 3 Bourgogne Franche-Comté tous les soirs à 19h20 à raison de 5 épisodes par semaine. Puis, vous pourrez découvrir, tout comme pour la première saison, tous les épisodes sur la plateforme france.tv.

En attendant une troisième saison qui nous fera voir notre belle capitale autrement. On nous chuchote déjà que l’équipe de La boucle productions a plein d’idées en tête. 

 

Le podcast de la rédaction / Stéphane Bonnotte, réalisateur  

Ce mardi, une opération des douanes était menée au centre de tri La Poste à Besançon. Des centaines de colis ont été inspectés. Les agents avaient une mission principale : lutter contre l’importation de feux d’artifices et de mortier, dont la détention et la vente sont actuellement prohibées par le gouvernement. Les douaniers en ont aussi profité pour contrôler d’autres marchandises, comme des stupéfiants et des contrefaçons.

 

 

16h. L’imposant camion manœuvre devant l’entrée du hangar du centre de tri. La semi-remorque s’ouvre, dévoilant une masse impressionnante de paquets. « Plus de 3000 colis aujourd’hui » indique cet homme prêt à décharger la marchandise sur le tapis roulant. « Et je ne vous explique pas pendant les périodes de fête, la quantité est doublée, le camion est bien plus chargé ! » poursuit-il. Au bout de la chaîne, armés de cutters et de gants, une dizaine de douaniers, parés à inspecter chaque colis, qu’ils n’hésiteront pas à ouvrir en cas de doute. Une opération qui vise à lutter contre l’importation de feux d’artifice et de mortier dont la détention, l’utilisation et la vente sont actuellement interdites par décret du 8 juillet jusqu’au 15 juillet inclus. À l’approche du traditionnel 14 juillet, les forces de l’ordre multiplient les contrôles pour s’assurer que cette décision soit respectée. Depuis le drame survenu à Nanterre il y a quelques semaines, cet homicide commis par un policier sur le jeune Nahël lors d’un contrôle routier, des mortiers ont été dirigés contre les forces de l’ordre pendant les longues nuits d’émeutes.

Les colis défilent les uns après les autres sur les rouages du tapis roulant. Ils sont scrupuleusement inspectés par les douaniers. Provenance, poids, emballage, la marchandise est manipulée, et en cas de doute, déballée. Premier contenu suspect : des habits de marque, sous-vêtements, t-shirts, casquettes et paire de chaussure. Une étiquette chinoise, un expéditeur qui laisse les douaniers circonspects, le colis est mis à l’écart afin d’être contrôlé plus rigoureusement. Quelques minutes plus tard, nouvelle trouvaille pour les douaniers. Un carton qui contient une cartouche de cigarette et un pot de tabac à rouler, tout droit venu du Luxembourg. Très vite, grâce au paquetage, à l’étiquette, et leur expérience dans ce domaine, les douaniers sont formels : il s’agit de tabac de contrebande. La marchandise est interceptée.

 

 

Quelques minutes plus tard, Marki, le labrador de détection des douaniers, s’agite près d’un rack. Les agents éloignent alors le chien, disposent l’intégralité des colis au sol, avant de laisser à nouveau le canidé faire son job. Ni une ni deux, Marki pose la patte sur un premier carton et se met à mordiller une extrémité. La marchandise est saisie, ouverte. Bingo. Guidé par son fabuleux flair, le labrador ne s’est pas trompé, les douaniers mettent la main sur un carton rempli de feux d’artifices. Immédiatement, Marki se remet au travail, et décèle à nouveau un colis suspect. A l’intérieur, des produits qui interrogent les agents. Briquets, feuilles à rouler, pochette avec des feuilles de cannabis… et trois petits sachets contenant de la résine. Pas de panique, il s’agit cette fois de CBD, un dérivé autorisé en France. Les douaniers inspectent tout de même scrupuleusement les factures, la société expéditrice et les produits. Tout semble en règle.

 

 

L’opération se poursuit, et peu de colis « illégaux » ne tombent finalement entre les mains des forces de l’ordre. Si ce n’est ce long carton qui interroge. Et quelle ne fut pas la surprise des douaniers et des journalistes présents, lorsqu’ils déballèrent un objet s’apparentant à un canon de fusil. Très vite un agent se veut rassurant. « L’achat d’arme en ligne est autorisé quand il suit évidemment toutes les règles. Il s’agit là d’un canon interchangeable d’une carabine 22 long rifle à première vue. Une arme de loisir et de tir sportif ». Les douaniers passent au crible pendant de longues minutes les papiers soigneusement placés à l’intérieur du carton. Identité, permis de chasse et de port d’arme, factures, une fois de plus, tout est réglo.

Sous un temps orageux dépassant les 30°, la chaleur règne au sein de l’entrepôt. Les gouttes de sueur coulent le long des visages, les jeunes travailleurs intérimaires enchaînent les bouteilles d’eau fraîche, Marki le labrador a la gueule ouverte, laisse trainer sa langue. « Par ces temps très chauds, son autonomie est diminuée et on le fait travailler bien moins longtemps qu’à l’accoutumée » indique son maître. Mais les colis se suivent et se succèdent toujours. « Et voilà ! » s’écrie soudainement un douanier au loin. « Mortier ! » ajoute-t-il. Très vite, son équipe se masse autour de lui, les caméras s’approchent. L’agent dévoile son butin. Une caisse remplie de multiples articles pyrotechniques, sans justificatif national et sans facture, circulant en fret express, en provenance de Pologne. « Ce ne sont pas des gros pétards, mais ils produisent beaucoup d’étincelles et font énormément de bruit. Ils peuvent aussi être utilisés pour confectionner des engins explosifs de plus grande envergure » précise le douanier. Bien évidemment, l’intégralité de la marchandise est confisquée par les forces de l’ordre.

 

Pour rappel, jusqu’au 15 juillet inclus, la vente, le port et le transport d’engins pyrotechniques et d’artifices sur l’ensemble du territoire sont interdits par le gouvernement. Une dérogation est uniquement prévue au bénéfice des professionnels disposant des agréments et habilitations requis et au bénéfice des collectivités publiques.

 

Les deux associations Cada et Intermed co-organisaient leur quatrième atelier d’écriture de l’année au sein du musée bisontin. Autour d’une initiative de l’autrice Leila Bahsain, des demandeurs d’asiles ont pû s’adonner à la tâche littéraire. 

Ahmad, Massamba, Haidar, Katarina, Hakim, Katya, Mohamed et Kristina étaient les artistes de ce matin. Après des séances au musée du Temps et au musée des Beaux-arts, la quatrième journée était consacrée à la confection de tableaux représentant leur démarche artistique. L’ouverture à ces musées est “une super opportunité” pour la directrice d’Intermed, Mathilde Huot-Marchand. “On n'avait pas envie de le faire dans une salle de réunion moche”. 

atelier d'écriture charbonnière

Texte original en arabe en bas, oeuvre de laquelle s'inspire le texte au milieu et traduction en français au-dessus

L’autrice Leila Bahsain à la manoeuvre 

La romancière franco-marocaine, autrice de deux romans primés chez Albin Michel, a eu cette idée en collaboration avec Arnaud Schwartz. Ce dernier, assistant social dans un centre de demandeurs d’asile, l’a rencontrée à une séance de dédicace et la volonté est née. Ces ateliers ont été lancés depuis plusieurs années mais en 2023, le nouveau cadre des musées a pu être encore plus inspirant. “La qualité du cadre, c'est valorisant” argue Arnaud Schwartz. “Chacun a choisi un tableau et l'idée c’était d’écrire des textes en forme d’offrande, comme si on donnait le tableau à un ami” nous dit Leila Bahsain, qui dirigeait l’atelier. Un autre exercice a aussi pu mettre en valeur la montre Leroy, la plus complexe du monde, avec comme consigne de lui donner toutes sortes de complications poétiques en plus. “On convoque les émotions et l’histoire personnelle de chacun, mais sans enjeu, simplement l’art” affirme l’assistant social. “On a eu des gros moments d’émotions avec des textes qui ont donné les larmes aux yeux à tout le monde” indique quant à elle l’autrice. 

atelier d'écriture montre

Tableau autour de la montre Leroy

L’association Cada-Intermed

Intermed, association conventionnée par l’Etat qui aide à l'insertion professionnelle, accueille “toute sorte de profils” nous confie Mathilde Huot-Marchand. “On peut avoir des femmes sorties du marché du travail après avoir eu des enfants, des seniors virés de leurs emplois, des personnes ayant subi des accidents de la route ou des primo-arrivants sur le territoire”. Il y a 40 nationalités différentes et 80% des personnes suivies par Intermed n’ont pas le niveau CAP : l’objectif est donc de valoriser ces personnes et leurs compétences. L'association avec le Cada est vite tombée sous le sens. Même si ce n’est pas l’objectif premier, cet atelier permet de valoriser les demandeurs d’asiles, qui vont voir leurs œuvres exposées, sûrement au musée du Temps. 

atelier d'écriture texte

Autoportraits

Cette belle équipe de personnes de tous horizons aura pu partager autour de l’art pendant plusieurs matinées. Si cela n’a pas créé de vocations, cette initiative aura au moins permis de se souvenir, d’oublier et d’envisager un futur loin de ses terres. 

 

Le podcast de la rédaction / Leila Bahsain et Arnaud Schwartz   

Le ministre du Travail était en visite toute la journée dans le Doubs pour un déplacement consacré à France Travail. Il a été accueilli par le GRETA de Besançon et a rencontré des entrepreneurs et responsables politiques autour d’une table ronde. Son début de visite a été légèrement perturbé par des manifestants. 

Olivier Dussopt, habitué de la région avec des déplacements réguliers qu’il juge “agréables”, s’est rendu en matinée dans l’entreprise ASF Métal. Cet après-midi, il visitait l’établissement de formation GRETA avant de signer un protocole régional France Travail aux côtés de la présidente de région Marie-Guite Dufay. Une dizaine de manifestants étaient sur les lieux. Le ministre a fait son apparition par une “entrée secrète” pour les éviter. Ceux-ci ont pu tout de même se déplacer au plus proche de l’endroit de la visite pour faire entendre leurs voix. 

 



Rencontre avec les jeunes formés au GRETA

Le ministre a pu écouter les témoignages de responsables du centre de formation et de jeunes formés. Pas de faits notables si ce n’est l’intervention d’Olivier Grimaitre, Vice-Président du Comité Régional pour l’Emploi, qui a regretté “une politique de formation adéquationniste”. C'est-à-dire qui lie un rapport direct entre la formation et l’emploi. Le syndiqué CGT requiert notamment “un conditionnement des versements des aides de formation à des promesses des entreprises en termes de conditions de travail et de salaire”. Enfin, Olivier Grimaitre a adressé au ministre sa crainte “d’une libéralisation du service public de l’emploi” avec le passage à France Travail, qui doit remplacer Pôle Emploi à l’horizon 2025. 

La table ronde

Le ministre a ensuite accédé à l’étage supérieur où l’attendait de multiples intervenants venus témoigner sur les enjeux d’insertion professionnelle. La présidente de région Marie-Guite Dufay et la maire de Besançon Anne Vignot ont pu rejoindre Olivier Grimaitre sur la nécessité de conserver un service public de l’emploi fort. Un représentant du BTP a, lui, orienté le ministre vers “plus de fermeté”. Il affirme que la réforme de l’assurance chômage, entrée en vigueur en février dernier, a “déjà porté ses fruits avec des candidatures de personnes loin de l’emploi et qui y sont revenus”. 

 

Signature du protocole France Travail et allocution du ministre

La journée s’est terminée par la signature du protocole, entre Marie-Guite Dufay et Olivier Dussopt, qui promet trois objectifs et 14 engagements sur l’emploi. La présidente de région a tenu à rappeler que “de nombreuses initiatives prises en Bourgogne-Franche-Comté ont été reprises par les deux derniers gouvernements comme la hausse du barème de rémunération des stagiaires”. Puis, le ministre a défendu le projet France Travail qu’il présentera aux sénateurs dès lundi. Il promet que cette initiative “ne sera pas une fusion ni un big bang institutionnel” comme a pu l’être la fusion de l’ANPE et des Assédic en 2008. Il assure que ce projet découle de la volonté de “mieux coordonner les choses”. La loi prévoit aussi une inscription systématique au nouvel organisme France Travail pour tout bénéficiaire du RSA. Dans la lignée de la réforme de l’assurance chômage, Olivier Dussopt a rejeté l’idée que les 15 à 20h de contrat d’engagement pour les bénéficiaires seraient “du bénévolat obligatoire ou du travail gratuit”. Il a indiqué par exemple que ces heures d'engagement pouvaient prendre la forme de temps passé à obtenir l’examen du permis de conduire ou du temps pour se soigner pour revenir à l’emploi. 

Le ministre du Travail a conclu la signature du protocole, qui est le 5ème en régions, en arguant que ceux-ci étaient “une manière de regarder ce qui marche bien”. 

 

La rédaction regrette que le point presse prévu initialement à la fin de la visite ait été annulé au dernier moment empêchant la presse régionale de pouvoir effectuer correctement son travail. Notre rédaction n'est pas une agence de communication. Nous faisons de l'information.

Mardi, la maire de Besançon était invitée, avec 200 autres maires de toute la France, par le président de la République, pour évoquer la colère qui secoue le pays après la mort de Nahel. 

Dans un communiqué, celle-ci a déclaré que “les annonces et les débats n’ont pas été à la hauteur du déchaînement de colère et de violence qu’a traversé notre pays”. 

L’élue bisontine dénonce “une ségrégation spatiale” qui s’est construite et “qui concerne la différenciation entre les quartiers mais aussi une ruralité qui se sent abandonnée”. 

Elle argue que ce constat ne date pas d’hier et que les “plans sectoriels successifs n’ont pas eu véritablement le temps de se déployer”. On peut penser au plan Borloo, rejeté en 2018 par Emmanuel Macron, et qui est aujourd’hui proclamé par de nombreux maires de banlieues comme une potentielle solution non prise en compte. 

La maire de Besançon tente de trouver des solutions à son échelle. Anne Vignot et son équipe organisent, aujourd’hui, une rencontre à huis clos avec des acteurs associatifs pour initier un “plan d’action pour la jeunesse et la parentalité”. Même si elle attend toujours que l’Etat “l’accompagne dans ses démarches”. 

Hier, mercredi, s’ouvrait le procès de José Fernandes Dos Santos devant la cour d’assises du Doubs. Cet ancien veilleur de nuit à l’ADAPEI de Morteau est accusé de viol commis sur personne vulnérable et agression sexuelle au sein de l’établissement de santé, sur la période allant de 2013 à 2017. L’accusé, au casier judiciaire vierge, encourt 20 ans de réclusion criminelle. Il est placé sous contrôle judiciaire depuis 2017.

Pour cette deuxième journée de procès, l’accusé était soumis à un interrogatoire sur les faits et sur sa personnalité. Des membres de sa famille ont aussi témoigné.

“Une vie difficile”

Lors de son interrogatoire, l’accusé parle de ses antécédents de vie. Il a été battu par son père et sa sœur décrit sa scolarité comme très difficile. “Il était constamment puni dans une cave noire avec des rats”. José Fernandes Dos Santos a commis plusieurs tentatives de suicide, une en 2015 et une autre récemment le 24 mars 2023. Il suit également un traitement thérapeutique lourd depuis son burn out en 2015.

Des incohérences dans le dossier et un profil “macho”

L'accusé déclare ne plus avoir d'érections depuis un accident de travail en maçonnerie, en 1999. Dans le dossier, il avait affirmé deux autres dates de début de ce dysfonctionnement érectile : 2013 et 2015. Aussi, sa femme confesse qu'elle a menti dans ses premières dépositions à la gendarmerie quand elle affirmait qu'ils avaient "des relations sexuelles 3 à 4 fois par semaine". Aujourd'hui, elle affirme qu'ils n'en ont eu aucune depuis 2015.

L'avocate générale a questionné Monsieur Fernandes sur son rapport aux femmes. Celui-ci déclare en réponse : "je ne suis pas contre les femmes, je suis contre les femmes qui veulent savoir plus que les hommes".

Ces déclarations soulèvent des soupirs d’agacement dans l’audience. Autre moment de tension quand l’accusé continue ses complaintes sur sa vie personnelle sur des questions en relation avec les victimes. L'avocate de l’une d’entre elles, Mme Faustine Cheval, assène : "on va arrêter de parler un peu de vous, on va parler des victimes". Mr Dos Santos déclare à propos de ces dernières : "je ne leur en veux pas".

Une famille qui le soutient

A la fin de journée ont défilé les membres de la famille de l’accusé à la barre. La femme de Monsieur Fernandes décrit “un homme gentil et travailleur”. Son fils, lui, parle d' " un père exemplaire au grand cœur". Sur la relation entre ses parents, en procédure de divorce actuellement, il confie qu'ils formaient "un couple un peu détaché l'un de l'autre". Enfin, sa soeur se dit "très étonnée des faits". Elle ajoute que l'accusé a vécu chez elle. Il dormait dans la chambre de sa fille. "Il n'a jamais eu de comportements inappropriés".

“J’ai le cerveau tout mélangé”

A mi-journée, on assiste à un moment qui aurait pu être le basculement. Monsieur Fernandes se tient à la barre et manque de s'effondrer. Le juge lui permet de s'asseoir. Suite à une question d'une avocate de la partie civile sur un possible déni de ce dernier, l'audience retient son souffle et croit à des aveux. "J'ai le cerveau tout mélangé" affirme t-il.

Les deux avocates de la défense se lèvent, on perçoit la peur de l'aveu. Finalement, l'accusé confirme sa version : "ils mentent tous les trois, comme au théâtre". Il fond en larmes et termine par : "je veux en finir". L'audience est suspendue.

Le procès se poursuit dans la soirée. Verdict attendu demain soir.