À Doubs, la situation sanitaire actuelle n’aide pas à la cohésion au sein du conseil municipal. En effet, alors qu’il ne souhaitait pas briguer un nouveau mandat, Régis Marceau n’a toujours pas quitté son poste de maire malgré l’élection de Georges Cote-Colisson dès le premier tour. Des élections que Régis Marceau veut d’ailleurs annuler, les jugeant « tronquées ». « Beaucoup de personnes me disent ne pas être allés voter à cause du Covid 19, nous explique-t-il au téléphone. Et quand je vois le résultat de bon nombre de communes, je me demande quelle est la valeur de cette élection ». Une pensée qu’il avait déjà affirmée dans une lettre ouverte publiée le 10 avril et qui a fait réagir le principal concerné, Georges Cote-Colisson. « Il est important de rappeler qu’à aucun moment, monsieur le maire ne s’est prononcé pour un report des élections au vu de la situation. Ceci, jusqu’à la proclamation des résultats le dimanche 15 mars et l’annulation de l’investiture la semaine suivante » affirme-t-il alors sur le site de son équipe. Pour autant, Régis Marceau ne conteste pas la victoire du nouvel élu municipal lors des élections « telles qu’elles étaient organisées ». Il dénonce toutefois « un délit de démocratie ».
Dans sa lettre ouverte, le maire encore en place demande également la reconduction des équipes pour une durée d’au moins 18 mois. « Il faut impérativement de la réactivité dans les marchés publics, nous détaille-t-il au téléphone. On ne sortira de cette crise que par l’activité ». Portant la double casquette d’élu et de chef d’entreprise, Régis Marceau affirme que les années d’élections ne sont jamais propices à l’activité économique, à cause notamment de la mise en place des équipes et de « l’apprentissage » à faire. Un mot qui a d’ailleurs fait réagir le camp adverse. « Toutes nos compétences, nos expériences professionnelles ainsi que l’expertise des conseillers et adjoint sortants, se mettront au service de notre commune » explique alors Georges Cote-Colisson. Pourtant, selon Régis Marceau, il ne s’agit pas là d’un reproche. « Quand j’ai été élu en 2008, il ne s’est pas passé grand-chose en terme communal la première année, se souvient-il. Ce n’est pas se moquer des nouveaux élus, c’est la réalité de tous les jours et ce n’est pas ce qu’il nous faut en pleine crise ».
Quel plan pour la relance ?
Pour Régis Marceau, « il faudrait doubler voire tripler les capacités d’investissements quitte à faire moins d’activité dans les années de fin de mandat ». Pour l’heure, l’élu a fait un plan pluriannuel d’investissement en réalisant un listing des travaux lançables au court terme. Il parle ainsi de plusieurs millions d’euros investis dans l’entretien ou le développement durable. « Si les entreprises n’ont pas de visibilité sur le carnet de commandes, cela risque d’être une catastrophe en termes de licenciements ». Et de rajouter « Le monde de l’entreprise valide à 300% mes propos, surtout dans le BTP ».
C’est d’ailleurs la mise en place de ce plan d’actions qui a poussé Régis Marceau a demandé officiellement une reconduction de son équipe municipale. « Lancer des affaires c’est une chose mais il faut les suivre après ». Pour l’élu doubiste, l’idéal serait de regrouper les élections régionales, départementales et régionales au printemps 2021.
De l'autre côté, on souhaite une « passation des pouvoirs au plus vite »
Sans surprise, Georges Cote-Colission et sa liste ne voient pas les choses de la même façon. Aux demandes du maire sortant, son (bientôt) successeur a souhaité répondre par des textes de loi. Il rappelle ainsi l’article 19 de la loi du 23 mars concernant les mesures de cette crise exceptionnelle et affirmant que « l’élection régulière des conseillers municipaux […] dès le premier tour organisé le 15 mars 2020 reste acquise ».
Même procédé utilisé pour mettre un frein aux ambitions de reconduction jusqu’en 2021. Est donc cité le titre III du même article, affirmant une prise des fonctions pour les conseillers municipaux et communautaires élus « au plus tard au moins de juin 2020, aussitôt que la situation sanitaire le permet au regard de l’analyse de scientifiques ». En ce sens, Georges Cote-Colisson nous a affirmé souhaiter une « passation des pouvoirs au plus vite ».
Malgré une situation au sein du conseil municipal décrite par Régis Marceau comme « compliquée » à cause de collistiers qui ne souhaitaient plus être impliqués dans la vie communales et des divergences d’opinion avec la liste entrante, quelques initiatives ont pu voir le jour. « La solidarité fonctionne » dans la commune selon lui et « un suivi des personnes de plus de 70 ans » a été mis en place par le futur maire. Ce dernier à également répondu aux doutes de Régis Marceau concernant la situation des entreprises. « Bien évidemment, notre équipe « Unis pour un Doubs Village » travaille sans relâche, par visioconférence quotidienne, pour mettre en œuvre dès notre prise de fonction, les différents projets qui contribueront rapidement à la relance économique ».
Contacté par téléphone au même titre que Régis Marceau, Geroges Cote-Colisson a choisi de ne pas réagir, ne souhaitant « aucune polémique ». Polémique que Régis Marceau affirme ne pas vouloir alimenter non plus. « C’est du sauvetage de l’économie française dont on parle et non pas la problématique de Regis Marceau dans sa commune de Doubs avec ses élus » affirme-t-il.