Choix du secteur :
Se connecter :
 

Invité sur France Inter ce mardi, le philosophe Raphaël Enthoven a reconnu une erreur dans sa formulation polémique sur les journalistes à Gaza : « Je n’aurais jamais dû écrire la phrase ‘Il n’y a aucun journaliste à Gaza’. » Ce mea culpa intervient après sa déprogrammation du festival Livres dans la Boucle à Besançon, motivée par des risques de troubles à l’ordre public. Enthoven sera finalement réintégré au programme.

Dans un communiqué publié mardi, la maire de Besançon, Anne Vignot, s’est dite « satisfaite » du recul du philosophe, tout en réaffirmant que sa décision initiale visait à défendre la liberté de la presse : « Cette séquence a démontré l’importance de la vigilance de chacun pour permettre qu’une démocratie vive. »

Le festival pourra ainsi renouer avec son esprit d’ouverture et de dialogue, dans la ville de Victor Hugo.

Un été marqué par la polémique

Les déclarations de Raphaël Enthoven durant l’été ont provoqué une onde de choc à gauche. À Besançon, elles ont conduit la présidence du Grand Besançon Métropole, en concertation avec Gilles Ory, vice-président en charge de la culture, à déprogrammer l’auteur-philosophe du festival « Livres dans la boucle ». L’argument avancé : éviter tout trouble à l’ordre public et préserver la sérénité de la manifestation. Cette décision a immédiatement suscité des réactions vives, certains dénonçant une forme de censure, d’autres pointant un risque de dégradation de l’image du festival.

Retour en arrière et reprogrammation

Face à la mobilisation des libraires, des auteurs, des éditeurs et des acteurs de la chaîne du livre, sans oublier David Foenkinos, le parrain de l’évènement, l’organisateur a revu sa copie. Finalement, la question de la reprogrammation de Raphaël Enthoven a été soumise au bureau exécutif du Grand Besançon, qui a tranché en faveur de son retour dans la programmation. Anne Vignot  assume ce revirement : « L’intérêt général, c’est de faire en sorte que le festival se déroule dans de bonnes conditions », a-t-elle déclaré. Ecartant, tout procès de censure, que certains veulent imposer. Une sécurisation renforcée sera mise en place autour de l’événement.

Un dilemme entre liberté d’expression et ordre public

Au cours de la conférence de presse, Mme Vignot  a souligné la tension centrale de cette affaire : la liberté d’expression, valeur fondamentale, mais aussi ébranlée par les réseaux sociaux où se mêlent informations, opinions, menaces et fake news. La maire-présidente a rappelé : « Je n’ai jamais eu l’intention de censurer qui que ce soit. La question posée n’était pas celle de la liberté d’expression, mais celle des conditions permettant au dialogue entre auteurs et public de se tenir sereinement. ». À Besançon, le choix initial a été revu et corrigé. Cette reprogrammation illustre une volonté de concilier liberté et responsabilité.

Réactions et crispations dans le milieu du livre

Les libraires, qui avaient publié un communiqué dénonçant l'absence de consultation lors de la première décision, ont salué le revirement. L’écrivain David Foenkinos a joué un rôle important dans les discussions, même si la décision finale est présentée comme le fruit d’un débat collectif. Néanmoins, tout le monde espère une manifestation culturelle apaisée et souhaite écarter les conséquences possibles : manifestation d’opposants, surmédiatisation de l’auteur, voire politisation du festival.

Et maintenant ?

Raphaël Enthoven devrait bien être présent à Besançon, après un passage au festival de Nancy. Il l’a écrit sur son compte X. Certaines maisons d’édition  n’ont pas encore précisé leur position. La sécurisation sera assurée en concertation avec les forces de l’ordre. Au-delà du cas Enthoven, cette affaire interroge sur la place de la liberté d’expression dans la société française, ses limites et ses protections. « Il est urgent que la société se saisisse de ce débat », a conclu la présidente du Grand Besançon, insistant sur la nécessité d’un cadre républicain qui protège à la fois la diversité des opinions et la sérénité du vivre-ensemble.

Dans un communiqué de presse, le Mouvement Franche-Comté (M.F.C.) dénonce l’intervention de Grand Besançon Métropole auprès du prestataire du festival « Les livres dans la Boucle Â», qui se tiendra du 19 au 21 septembre, visant à annuler la venue de l’essayiste Raphaël Enthoven, suite à ses propos sur la présence de journalistes à GAZA.

Selon son chef de file Jean-Philippe Allenbach, « cette démarche constitue une atteinte à la liberté d’expression garantie par l’article 10 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme Â». Il est précisé que si « l’agglomération ne revient pas sur sa décision avant le 13 septembre, le mouvement engagera une procédure devant l’instance européenne Â». Affaire à suivre.