Affaire Mihaela Miloiu : Dernier jour aux Assises du Doubs
L’affaire Mihaela Miloiu approche de son épilogue. Les plaidoiries se sont achevées. Les réquisitions du procureur de la République ont été prononcées. Désormais, tout est entre les mains des jurés, actuellement en délibération aux côtés de la présidente de l’audience. Ils devront alors répondre à la question : Alexandre Verdure est-il coupable d’avoir donné la mort, dans la nuit du 29 au 30 novembre 2016, à Mihaela Miloiu. Si la majorité des jurés se prononce favorablement, alors la peine qu’ils auront décidé d’appliquer au préalable, sera administrée à l’accusé. Ce dernier aura alors 10 jours pour faire appel, et le cas échéant, un mandat de dépôt l’enverra, dès l’issue du procès, en détention pour purger sa peine.
Difficile pour l’heure, d’estimer quelle sera la décision des jurés. Ce matin, l’avocat de la partie civile est longuement revenu sur le calvaire vécu par Mihaela Miloiu, dès lors qu’elle est tombée dans le piège des « loverboys », déployé par les réseaux proxénètes. Il a ensuite retracé la soirée atroce qu’aurait vécu la jeune roumaine, entre les mains d’Alexandre Verdure, qui aurait déversé toute sa frustration sur elle, ainsi que ses désirs les plus barbares. « Il y a une immense violence chez ce garçon. La perpétuité est la seule peine qui correspond à sa personnalité » déclare-t-il. L’avocat de la partie civile achèvera sa plaidoirie en se déclarant « convaincu » de la culpabilité de l’accusé. Puis en déclarant d’un ton grave que « la dernière image avec laquelle Mihaela a quitté ce monde, c’est le regard atroce d’Alexandre Verdure ».
Ces propos ont par la suite été confirmés et appuyés par Etienne Manteaux, le procureur de la République, lors de ses réquisitions. Il n’a pas été tendre envers l’accusé, et a énuméré une liste très longue d’incohérences que ce dernier ne cesse de défendre. Alexandre Verdure hausse les sourcils, hoche la tête négativement en réponse à chaque parole de l’avocat général. Il laisse même échapper un « bien sûr » au milieu du discours d’Etienne Manteaux, avant de se faire rappeler à l’ordre par ses avocats. Le constat est clair du côté du ministère public et de la partie civile : il y a un risque problématique de récidive. C’est pourquoi la plus haute peine sera requise à l’encontre d’Alexandre Verdure : 30 ans de réclusion criminelle.
Suite à ces réquisitions, la défense est très vite montée au créneau. Selon elle, la piste des proxénètes ne doit pas être abandonnée. « On ne condamne pas lorsque l’on a le moindre doute. Le doute doit profiter à l’accusé » souligne Me Huot en direction des jurés. C’est ensuite Me Cormier qui a pris la défense de son client, en axant le début de sa plaidoirie sur la fragilité émotionnelle d’Alexandre Verdure, pour contredire ce qu'avaient affirmé les experts en la matière. Qu’il ferait preuve « d’un gel émotionnel, d’une absence d’empathie ». « Quand il est frustré, monsieur Verdure boude. Ou alors, il se fait du mal à lui-même (en référence aux tentatives de suicide de l’accusé). Il ne fait pas de mal aux autres » déclare Me Cormier. Par la suite, il insistera longuement sur le doute. Le doute, qui après ces trois jours d’audience, persiste encore. Il fait notamment référence à de nombreuses autres affaires criminelles, où les principaux accusés, Marc Machin, Loïc Sécher, Patrick Dils, ont été victimes d’erreurs judiciaires. Pour éviter une « mort sociale » à Alexandre Verdure, qui serait causée par ces 30 années de prison requises, Me Cormier demande aux jurés de dire « non » aux réquisitions prononcées par le procureur de la République.
Enfin, comme l’accusé doit être le dernier à prendre la parole, Alexandre Verdure déclare : « Je ne veux pas payer pour un crime que je n’ai pas commis. Je tiens à m’excuser auprès de la famille de Mihaela de m’être débarrassé de son corps de cette façon. Tout ce que je veux, c’est sortir au plus vite pour voir mon fils, surtout à l’approche de Noël ».































