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Ecologie : Faut-il être violent pour affirmer ses idées ?

Publié le 03 Nov. 2022 à 16:11
Tags: Environnement | société | Nathan Sourisseau | europe ecologie les verts | Politique |
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Ecologie : Faut-il être violent pour affirmer ses idées ?

Après la manifestation anti-bassine et ses débordements survenus  dans les Deux Sèvres et le blocage de l’A6 par des militants écologistes,  nous avons voulu savoir s’il fallait obligatoirement passer par ces actions pour affirmer ses idées et ses combats. La rédaction a rencontré l’élu écologiste bisontin Nathan Sourisseau, également membre du bureau exécutif des jeunes écologistes français.

Est-on obligé d’en passer par là pour affirmer ses idées. N’est-ce pas contreproductif  et à l’inverse des messages que l’on veut faire passer ?

De mon point de vue, au-delà de la violence, c’est aussi la question de la désobéissance civile que l’on interroge. C’est un moyen pour moi de se faire entendre. C’est le principe même des manifestations. Si ces éléments,  que vous appelez violence, n’avaient pas été initiés, vous ne m’auriez peut être pas donné la parole aujourd’hui et je n’aurais pas pu m’exprimer sur l’urgence que nous constatons en matière de réchauffement climatique. Je crois en une complémentarité des actions. Je suis élu à la ville de Besançon et nous avons des militants sur le terrain. Tout cela se conjugue.

Qu’en pensez-vous de la prise à partie de Yannick Jadot dans les Deux-Sèvres le week-end dernier ?

Il y a forcément des limites. Yannick Jadot reste un militant actif de la cause climatique. Il a agi au sein de Greenpeace il y a quelques années. Ce son des éléments que je ne soutiens pas. Pour autant, le fait de pouvoir organiser des manifestations pour revendiquer un certain nombre de choses me paraît tout à fait important.

Ne craignez-vous pas que l’on ne retienne que la violence et pas le message ?

Il y a encore quelques semaines, les écologistes étaient considérés comme des bisounours, des islamogauchistes. Cette fois-ci, nous serions violents. Je remarque que nos opposants cherchent à nous discréditer davantage sur la forme.

Comment tout ceci s’organise. La forme que va prendre une action est prise collectivement ?

A Besançon, je suis fortement engagé au niveau des jeunes écologistes. Ca nous arrive de nous réunir pour réfléchir à des actions que l’on pourrait mener, effectivement un peu plus choc. Par exemple, nous avons choisi, au cours d’une nuit, d’éteindre les lumières des vitrines des magasins pour sensibiliser sur cette question. Puisque la loi entre 1h et 6h du matin oblige les magasins à éteindre et  ils ne le font pas nécessairement. Effectivement, la plupart du temps, ce ne sont pas des éléments isolés.

Est-ce que l’on devient plus sage lorsque l’on est un élu ?

Je crois qu’il y a une part de cela. Néanmoins, nous gardons toujours au fond de nous notre ADN. Il y a pour moi une vraie dynamique complémentaire. Les élus vont effectivement porter des choses dans le cadre de la loi, faire évoluer notre société en profondeur, via l’aspect démocratique. Par contre, les militantes et les militants revendiquent des choses. Les deux démarches s’articulent à partir du moment où l’on reste dans le cadre, pour le militantisme, d’une désobéissance civile respectueuse. Typiquement, Europe Ecologie Les Verts est un parti non violent, mais qui défend la désobéissance civile.

Nous constatons qu’il y a une vraie urgence à agir. Je vous donne un exemple. Le mois d’octobre 2022, qui vient de se conclure, a été le mois le plus chaud jamais enregistré en France. Si on avait un gouvernement qui agissait davantage, nous n’aurions sans doute pas autant d’actions que celles que nous évoquons aujourd’hui. Mercredi, à l’Assemblée Nationale, nous avions, un nouveau 49-3 qui était proposé pour empêcher de mettre des moyens supplémentaires sur la rénovation des lignes de train ou sur la rénovation thermique des bâtiments. C’est un réel déni de démocratie, Tout cela est balayé d’un revers de main par le gouvernement.

Que répondez-vous à ceux qui disent que les actions qui sont menées sont politiques et à l’initiative de groupuscules d’extrême gauche et que les valeurs écologistes ne sont pas une priorité. Autrement dit, les gens sont plutôt là pour casser du Macron ?

L’idée n’est pas d’être pour ou contre Macron. Il s’agit d’être assez factuel sur ce qu’il a pu mettre en œuvre et ce qu’il produit maintenant. J’avais entendu durant la campagne présidentielle que son second mandat serait le mandat du climat ou ne serait pas. Il se trouve que pour le moment, il ne l’est pas. C’est aussi pour cela que ces actions sont initiées. Le fait d’avoir un parti écologiste en France et des écologistes de terrain, présents fortement, est extrêmement important.

L'interview de la rédaction / Nathan Sourisseau

 

Dernière modification le jeudi, 03 novembre 2022 17:02