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La Bourgogne-Franche-Comté subit actuellement une sécheresse hivernale intense. Il n'a pas plu de façon significative depuis le 21 janvier en France. Un record de 31 jours consécutifs, du jamais vu en hiver selon Météo France qui s'inquiète des conséquences sur les sols déjà gravement asséchés cet été. Si le printemps ne s’annonce pas pluvieux, de graves conséquences sont à craindre pour les nappes phréatiques.

Le collectif SOS Loue et Rivières Comtoises tirait la sonnette d’alarme la semaine dernière suite aux vagues successives de mortalités de poissons. L’assainissement, la pollution industrielle, le traitement du bois et toutes les pollutions agricoles étaient pointés du doigt. Désormais, une autre cause vient s’ajouter à la liste. La France traverse actuellement une période de sécheresse hivernale préoccupante, avec un record de 31 jours consécutifs sans précipitation d'envergure. En un mois, sur l'ensemble du pays, le cumul des précipitations a à peine dépassé les 7 mm. Dans un contexte où les rivières comtoises subissent les diverses pollutions, cette problématique du manque d’eau pourrait encore plus les fragiliser. « Nous avons un problème de qualité d'eau, et va s'ajouter à cela un problème de quantité d'eau avec le dérèglement climatique. On voit bien que les nappes phréatiques ne se remplissent pas. Les récentes photos du lac de Vouglans en témoignent. C’est une catastrophe, ça ne se remplit pas » indique Manon Silvant, du collectif SOS Loue et Rivières Comtoises.

Jusqu'à présent, la plus longue période sans pluie avait eu lieu entre le 17 mars et le 16 avril 2020. Même si quelques averses sont attendues demain après-midi sur la région, les sols nécessitent des pluies d’envergure. D’autant plus que cette ressource nous est essentielle car nous la consommons. Une raison supplémentaire pour prendre soin des cours d’eau. « Si cette sécheresse perdure, finalement, la seule eau qui restera dans le Doubs, comme du côté de Pontarlier, sera celle qui sort de la station d’épuration. C'est déjà presque le cas dans certains endroits. L’eau est prélevée directement dans les rivières, notamment sur Besançon et sur Montbéliard, dans la Loue et dans le Doubs. Il faut absolument s'en préoccuper c'est de notre devoir à tous » explique Manon Silvant.

 

Manon Silvant, du collectif SOS Loue et Rivières Comtoises : 

 

Le Préfet du Doubs a décidé de lever l’ensemble des restrictions, liées à l’usage de l’eau,  sur le territoire du département du Doubs. Les débits des cours d’eau sont remontés, les nappes connaissent actuellement un accroissement de leur niveau et il n’existe plus de difficulté pour l’approvisionnement en eau potable des communes. Malgré cette situation favorable, le représentant de l’état appelle « tous les usagers à la vigilance et au civisme afin de préserver cette ressource ».

Compte tenu de l’amélioration de la situation, le préfet du Jura allège les mesures de restriction temporaire des usages de l’eau. Concernant la ressource en eau superficielle, les épisodes pluvieux réguliers commencent à résorber le déficit cumulé depuis le début de l’année. Mais la quantité d’eau enregistrée n’est pas homogène sur tout le département.

Pour la ressource en eaux souterraines, les précipitations ont seulement permis de stabiliser la situation observée début août, voire de légèrement l’améliorer. Toutes les informations précises sont à retrouver sur le site internet de la préfecture du Jura.

Dans le Jura, les épisodes pluvieux depuis  la mi-août ont commencé à améliorer la situation hydrique du département. Dans ces conditions, le Préfet a pris la décision d’alléger certaines mesures, mais cette amélioration reste encore « fragile ».

Ainsi, concernant les eaux superficielles, la vigilance s’abaisse au niveau « alerte renforcée », à l’exception du bassin de la Seille et des affluents de la Loue. Pour les eaux souterraines, la vigilance reste au niveau « alerte ».

Toutes les informations sont à retrouver sur le site internet de la préfecture du Jura : https://www.jura.gouv.fr/Actualites/Breves/Secheresse-arrete-de-restriction-des-usages-de-l-eau-de-niveau-Crise?fbclid=IwAR2GpNmzMtIaWi1vSWLCh68nxRfSVhb9d5CAZSgcmuEoUcI2-J7qjCraGEA

Les orages récents ont permis d’apporter des cumuls de pluie significatifs sur une partie du département sans pour autant être suffisants pour ne plus être attentif à la situation. Mais il est désormais possible d’alléger les mesures de restriction d’usages de l’eau sur tout le département, mis à part sur la zone de gestion de l’Allan partagée avec le Territoire de Belfort.

Le préfet du Doubs, Jean-François Colombet a décidé de passer les trois zones de la Haute-Chaîne, des Plateaux calcaires du Jura et des Moyennes vallées du Doubs et de l’Ognon au niveau « Alerte renforcée ». Cela entraîne la mise en application de mesures moins contraignantes qu’au niveau « Crise ». Ces mesures de restriction visent toutes les catégories d’usagers : entreprises, agriculteurs, collectivités, particulier, et sont détaillées sur le site Internet de la préfecture du Doubs.

Des contrôles seront toujours réalisés par les services afin de s’assurer de la bonne application des restrictions sur l’ensemble du département. Par ailleurs, les maires peuvent prendre par arrêté municipal des mesures de restriction plus contraignantes et adaptées à la situation locale, en fonction de l’état des ressources en eau du territoire communal, sur le fondement de la salubrité et de la sécurité.

Jean-François Colombet souligne que les mesures mises en place après la sécheresse de 2018 ont porté leurs fruits mais que les milieux aquatiques ont fortement souffert. Face au changement climatique qui pourrait transformer l’été exceptionnel de 2022 en un phénomène courant, il appelle tous les usagers à poursuivre leurs efforts pour améliorer notre sobriété hydrique dans les années à venir. Des travaux seront initiés dès l’automne pour améliorer la gestion de la crise sécheresse pour les années suivantes au regard du retour d’expérience de cette année.

La préfecture du Doubs rappelle que, malgré les averses orageuses régulières, le classement en « crise » reste d’actualité dans le département. Les restrictions imposées liées à l’usage de l’eau sont maintenues. Le communiqué préfectoral précise que « les nappes phréatiques ne sont pas sensibles à des précipitations ponctuelles, surtout dans le contexte actuel de sécheresse des sols particulièrement forte ».

Le préfet du Doubs a pris un arrêté interdisant la pêche sur l’ensemble des cours d’eau de première catégorie du département du Doubs jusqu’au 18 septembre, qui correspond à la fermeture de la pêche en première catégorie. C’est la situation hydrologique actuelle et la sensibilité particulière des espèces présentes dans les eaux qui ont conduit le représentant de l’état à prendre cette décision.

Il est également demandé d’éviter certaines pratiques comme la baignade ou la randonnée aquatique pour éviter de générer du stress chez les poissons présents dans les zones refuge. Par ailleurs, en en fonction du débit des rivières, des arrêtés préfectoraux permanents limitent l’exercice de la navigation de plaisance sur les secteurs les plus sensibles du Doubs et de la Loue.

Cette année, la saison des vendanges arrive beaucoup plus tôt que prévu. Si cette précocité due au changement climatique inquiète les vignerons, l'inquiétude est aussi de savoir s'ils arriveront à vendanger tous leurs raisins à temps. Tous les postes de vendangeurs sont loin d’avoir trouvé preneur. Une situation qui ne rassure pas les viticulteurs, d’autant plus que l’année fut difficile avec les très fortes chaleurs et une sécheresse des plus intenses. Nous avons rencontré Patrick Clavelin, un des gérants du domaine Hubert Clavelin à Le Vernois dans le Jura.

 

Une rude saison

Un été caniculaire et une sécheresse qui s’installe et s’éternise ; tels sont les éléments qui poussent les viticulteurs à entrevoir des premières vendanges dès la mi-août. « On a tous le même problème en agricole comment viticole, c'est la sécheresse. Normalement la vigne adulte ne craint pas trop la sécheresse parce qu'elle est enracinée très profondément. Elle peut aller à des endroits jusqu'à 5-6 mètres. Par contre elle craint la canicule, parce que ça l'empêche de respirer et de transpirer le matin. Il n’y a pas de pas de rosé le matin alors qu’elle s’en nourrit beaucoup. Les jeunes vignes qui ne sont pas enracinées très profondément ont souffert, et souffrent encore. Donc on va être obligé de précipiter un peu les vendanges parce que les pieds sont très à mal, et puis les raisins deviennent flapis, ça va être compliqué » explique Patrick Clavelin.

 

Des vendanges dès la fin de semaine ?

Si quelques domaines jurassiens ont déjà débuté leurs récoltes, celui d’Hubert Clavelin projette des premières vendanges dès la fin de semaine. « On a eu les résultats des premiers prélèvements pour savoir à peu près où on en était au niveau des sucres qui sont l'alcool probable. Les raisins ont varié et c'est un peu hétérogène dans les mêmes vignes et puis dans les mêmes pieds. Donc ça va se niveler, je pense, avec le petit coup d'eau qu'on aura et le pronostic en accord avec les services de la préfecture. Je pense qu’on devrait commencer soit en fin de semaine, mais surtout le gros du lot à partir de lundi prochain » souligne le viticulteur.

 

Un cruel manque de main d’œuvre

Cette année, en plus de la problématique de l’eau, de la sécheresse et de la canicule, l'inquiétude est aussi de savoir si les viticulteurs trouveront assez de personnel afin de récolter tous leurs raisins à temps. Depuis plusieurs années, une pénurie de saisonniers se fait ressentir. Tous les postes de vendangeurs sont loin d’avoir trouvé preneur. « C'est vrai que c'est un petit peu de notre faute, on vendange maintenant en même temps que le sud de la France et que la vallée du Rhône. Certains saisonniers faisaient la saison complète en commençant dans le midi, puis dans la vallée du Rhône, dans le Beaujolais, et puis ils finissaient chez nous et enfin en Alsace. Mais maintenant les vignobles septentrionaux dont on fait partie, sont vendangés pratiquement en même temps que les autres à cause du dérèglement climatique, et c'est vrai que ça pose problème. En plus de ça, pour les quelques vendangeurs qui doivent se loger sur la région, ils sont en concurrence avec les estivants qui sont encore là dans les campings, maisons d'hôtes et gîtes ».  

 

Patrick Clavelin : 

 

Après l’arrêté sur la pratique des activité aquatiques en rivière, le préfet du Jura a pris également un arrêté pour réglementer l’accès aux bois et forêts dans les communes identifiées comme très sensibles au feu. Ce nouvel arrêté intègre de nouvelles dérogations concernant les activités professionnelles et de service public et les activités de loisirs et récréatives, l’exploitation forestière et les accès des professionnels et particuliers pour les besoins d’alimentation et de soins des animaux domestiques et d’élevage. Le nouvel arrêté est disponible en ligne : https://www.jura.gouv.fr/Actualites/Breves/Arrete-d-interdiction-d-acces-aux-bois-et-forets-dans-les-communes-niveau-3-16-aout-2022

Gérald Darmanin, le Ministre de l’Intérieur et des Outre-mer est dans le Jura ce mercredi. Son arrivée est prévue en début d’après-midi au Centre d’Incendie et de Secours d’Arinthod. Il fera un point sur les feux de forêt qui ont touché le département du Jura et échangera avec les sapeurs-pompiers, les élus locaux et les acteurs locaux engagés dans la lutte contre les incendies.