Pour faire face aux défis persistants du tri sélectif, Grand Besançon Métropole initie une démarche innovante. Une nouvelle expérimentation basée sur l’intelligence artificielle est en cours de déploiement pour améliorer la qualité du tri dans les bacs jaunes, dédiés aux déchets recyclables. Pour cela, la collectivité s’appuie sur les compétences du groupe SULO, « leader européen du recyclage du plastique et des solutions de gestion des déchets, avec l’appui de la technologie LIXO, dans le cadre d’un appel à projets financé par CITEO.
L'interview de la rédaction : Daniel Huot, Maire de Mamirolle et vice-président de Grand Besançon Métropole en charge de la gestion des déchets
Un tri encore trop imparfait
Près de 30 % des déchets déposés dans les bacs jaunes ne devraient pas s’y trouver, entraînent des surcoûts importants pour la collectivité et nuisent à la valorisation des déchets. "Les déchets triés sont ensuite envoyés sur des chaînes de tri spécifiques. Lorsqu’ils sont mal triés, ces chaînes deviennent inefficaces et les matériaux perdent leur valeur de recyclage » explique Daniel Huot, Maire de Mamirolle et vice-président à Grand Besançon Métropole en charge des déchets; Mais l’enjeu dépasse la simple efficacité du tri. En 2024, la commune a enregistré quatre départs de feu dans des bennes, principalement dus à la présence de piles au lithium ou de métaux provoquant des étincelles. "Nous avons eu des incendies dans des zones d’habitation, comme à Planoise, mettant en danger les riverains et les agents chargés de la collecte. Ce n’est plus acceptable."
Une technologie de pointe pour analyser chaque bac
La solution ? Des camions de collecte nouvelle génération. À terme, huit véhicules seront équipés de caméras, de capteurs de pesée, d’un ordinateur de bord et d’une tablette en cabine. Ces équipements permettent au ripper (l’agent de collecte) d’analyser automatiquement le contenu de chaque bac, grâce à une intelligence artificielle qui croise données d’image, de poids et d’identification du bac. "Lorsqu’un bac est suspect, il peut être bloqué avant d’être vidé. Une alerte est alors transmise au chauffeur, qui visualise la photo et décide s’il doit interrompre la collecte pour vérification", détaille l’élu. Ce système permet de concentrer l’attention des agents uniquement sur les bacs problématiques, facilitant leur travail tout en améliorant la qualité globale du tri. Si le dispositif permet aussi d’identifier les "mauvais élèves", la volonté reste avant tout pédagogique. "Il ne s’agit pas de sanctionner, mais d’éduquer. Avant tout contact avec un usager, une vérification manuelle des images sera faite pour éviter les erreurs. L’objectif est d'accompagner les habitants vers de meilleures pratiques."
L'interview de la rédaction : Didier Cambé, ingenieur chez Sulo Group
Une phase de test avant généralisation
Pour l’instant, la démarche reste en phase expérimentale. L’enjeu est de comprendre le comportement des usagers et de tester la fiabilité de l’outil sur une base de plus de 4000 bacs collectés chaque jour sur le territoire. "C’est une masse de données telle que seul un traitement par intelligence artificielle peut permettre une analyse pertinente. C’est une véritable révolution dans notre manière de gérer les déchets." Avec ce projet, Grand Besançon Métropole s’inscrit dans une démarche exemplaire et résolument tournée vers l’avenir, où technologie rime avec écologie, sécurité et pédagogie.