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Ce mardi, une cinquantaine de professeurs et personnels d’éducation en grève se sont réunis devant le collège Proudhon, à Besançon. Ces derniers dénoncent une nouvelle baisse des budgets, un désintérêt du ministère, ainsi qu’un décalage entre les promesses et les réalités du terrain.

Dans un contexte de crise sanitaire, sociale, et économique, le gouvernement met depuis plusieurs mois l’accent sur l’importance de l’éducation. Une mise en avant dans les paroles, beaucoup moins flagrante dans les actes. Les budgets continuent d’être amputés, au détriment des élèves, qui risquent un accompagnement moins poussé, mais aussi au détriment des professeurs et personnels d’éducation, dont les conditions de travail se dégradent : « Concrètement ici, on va perdre des classes. On va arriver à 27,5 élèves par classe sur certains niveaux, ce qui est énorme Â», confie Cédric Kelil, professeur en histoire-géographie. À cela s'ajoutent des difficultés contextuelles. Avec 53% de classes défavorisées, et 38% d’élèves à besoins particuliers, le collège Proudhon ne peut se permettre de laisser des élèves de côté.

L’IDS fait grincer des dents

Prévu à la rentrée prochaine, l’arrivée d’un nouvel indicateur de difficultés scolaire (IDS) mis en place par le rectorat, déclasserait le collège Proudhon, et conduirait à des baisses de moyens. Sans changements, les professeurs du collège devraient mettre fin à certains dispositifs pourtant essentiels : « On a mis en place cette année un dispositif pour lutter contre le décrochage scolaire, un dispositif qui vise à aider les élèves qui ne maîtrisent pas la langue française. On a également un troisième dispositif d’ouverture internationale avec des collègues en espagnol et en anglais. Si nous n’avons pas les moyens nécessaires à la rentrée à cause de l’IDS, on va devoir faire des choix, ce qui est totalement incohérent avec ce que le ministère nous demande Â», explique Sonia Ulliac, enseignante en anglais au collège Proudhon.

Un ras-le-bol général

Outre les professeurs et les élèves, le personnel de vie scolaire est également touché par cette baisse de moyens. Une vie scolaire en sous-effectif, et sous tension, dont nous parle Cédric Kelil : « Il y a une seule conseillère principale d’éducation qui doit tout gérer toute seule. Au niveau des surveillants, nous sommes à 1 pour 100 élèves, ce qui n’est pas gérable aujourd’hui Â». Le pôle santé n’est pas non plus épargné. Au collège Proudhon, les élèves ne peuvent compter que sur une infirmière, qui doit également gérer plusieurs écoles primaires du quartier. C’est donc un ras-le-bol général du corps enseignant qui a conduit ce matin à un nouveau rassemblement. La colère semble même s’étendre à l’académie puisque des professeurs du Lycée Pergaud étaient également présents pour soutenir leurs collègues du collège voisin. Des rassemblements avaient également lieu aux collèges de Clairs-Soleil, Roulans, et Châtillon-le-Duc.

Ce matin, une dizaine de manifestants se sont réunis sur l'esplanade des droits de l'Homme à Besançon pour dénoncer la loi dite des 1607 heures. Cette loi prévoit d'augmenter le temps de travail de 16 heures par an pour les fonctionnaires des collectivités.

L'augmentation de ce temps de travail entraînera selon les syndicats une suppression de jours de repos. Les manifestants dénoncent également le fait que les agents réalisent déjà de nombreuses heures supplémentaires tous les ans. En parallèle, la CGT se bat pour passer à la semaine de 32 heures qui serait créatrice d'emplois et permettrait un meilleur accueil des administrés surtout dans cette période épidémique. Le temps de travail n'est pas la seule revendication, il est demandé une réduction des écarts de prime et de salaires avec les cadres ainsi que l'arrêt des coupures budgétaires sur les petits salaires.

Les manifestants attendent donc l'abrogation de cette loi puisque chaque collectivité est libre de l'appliquer ou non. Certains élus ont renoncé à mettre en place cette mesure, les syndicalistes appellent donc la maire de Besançon Anne Vignot à en faire de même. Enfin la CGT territoriaux rappelle que si cette loi est appliquée sur l'ensemble du territoire c'est 57 000 postes de fonctionnaire qui sont menacés.

La mobilisation ne faiblit pas à l'éducation nationale. Après les collèges de Roulans et Proudhon à Besançon, on a appris ce mardi matin que les professeurs du collège Clairs Soleils de Besançon ont choisi de suivre également le mouvement.

Eux-aussi dénoncent le manque de moyens pour mener à bien leur mission, alors que les difficultés sociales et le décrochage scolaire se sont accentués. Les enseignants exprimeront leur mécontentement devant leur établissement, avant de rejoindre le rassemblement départemental, à 14h, devant le Rectorat.

Le personnel du lycée Jules-Haag site Marceau a tiré la sonnette d'alarme à travers une lettre ouverte à destination de l’administration ce lundi. Il pointe des conditions de travail qui se dégradent : agressions verbales, insultes, présence d’armes détenues par des élèves à l’intérieur de l’établissement et non-respect de la laïcité par des pratiques religieuses au sein de l’établissement. Les syndicats et leurs enseignants déplorent la mauvaise gestion du rectorat. Ils demandent : la prédominance de la parole des salariés face à celle de l’élève dans les situations de crises, la convocation de conseils de discipline en urgence, l’application des dispositions officielles face aux risques de dérives intégristes et le rétablissement des postes administratifs supprimés pour assurer la sécurité et le bon fonctionnement du lycée.

 

Une situation qui empire

Depuis maintenant plus d’une semaine, le lycée Jules Haag site Marceau est sujet à plusieurs faits de violence assez graves. D’abord verbales, puisque tout a commencé lors d’une bagarre au sein d’une classe, qui s’est soldée par une insulte envers une enseignante. Mais aussi de violences physiques, puisque jeudi dernier, un élève du lycée s’est fait poignarder dans le tramway, et dans la foulée, les équipes pédagogiques ont découvert plusieurs armes dans le sac à dos d’un autre lycéen au sein de l’établissement : couteau suisse, bombe lacrymogène, et matraque télescopique, au sein. Une situation qui monte en puissance, et qui dégénère de plus en plus selon Sylvain Plançon, enseignant au sein du lycée. « C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase Â» indique le professeur de français et d’histoire-géographie, aussi représentant de la CGT. « Tout se détériore en peu de temps. Il faut que le rectorat apporte des réponses. À force de supprimer des moyens, on tue le lycée. On n’a qu’un ou deux surveillants par jour pour encadrer les gosses, on a supprimé le poste de documentaliste. C’est une honte. On fait ça pour tirer la sonnette d’alarme Â», explique Sylvain Plançon.

Le rectorat réplique

Hier après-midi, le rectorat a tenu à communiquer, car selon lui, cette grève n'exprime « que la parole d'une partie des personnels, et non l'ensemble, du lycée Jules Haag site Marceau Â». Il est revenu sur les deux épisodes connus de ces derniers jours, à savoir l'agression au couteau dans une rame de tramway et la détention par un jeune d'armes qui ont « créé de l'émotion dans la communauté éducative de l'établissement ». Toujours selon le rectorat, ces affaires sont actuellement traitées par les services de police et un conseil de discipline a été immédiatement convoqué. « Toute agression physique ou verbale à l’endroit d’un élève ou d’un personnel doit être portée à la connaissance de la direction de l’établissement, pour que soient prises les dispositions adaptées », poursuit le rectorat. « Les atteintes à la laïcité doivent être combattues. C’est précisément ce que la direction du lycée Jules-Haag a fait en signalant dernièrement deux situations qui ont pu être sanctionnées et traitées par des mesures pédagogiques », affirme le rectorat, en rappelant les moyens d’action du dispositif d’alerte mis en place autour du groupe académique "Laïcité et Valeurs de la République". 

Après sa condamnation à 18 mois d'inéligibilité par le tribunal administratif de Besançon pour ses comptes de campagne lors des municipales de Besançon, Jean-Philippe Allenbach a décidé de faire appel de cette décision de justice.

Une condamnation qui est lourde de conséquences puisqu'elle empêche le candidat régionaliste de participer aux élections régionales de juin prochain.

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