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Politique : Rencontre avec le député LREM Eric Alauzet

Publié le 10 Mai. 2023 à 20:05
Tags: Politique | emmanuel macron | eric alauzet |
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Politique : Rencontre avec le député LREM Eric Alauzet

 

Le Député du Doubs Eric Alauzet a accepté de répondre aux questions de Plein Air sur la situation politique en France et celle du Président de la République. Le Chef de l’état semble isolé et dans l’impasse, depuis la réforme contestée des retraites, pour gérer le pays durant les quatre prochaines années. Le Parlementaire s’est prêté au jeu des questions/réponses.

 La personne d’Emmanuel Macron divise la société. Avez-vous conscience de cette situation politique ?

 Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Je trouve que cela prend des proportions insensées, totalement injustifiées. Je préfèrerai que l’on s’attarde un petit peu sur la réalité des problèmes et les progrès qui ont été réalisés. On pourrait reconnaître qu’il y a un certain nombre d’avancés, liées par exemple à la rémunération du travail, sur la protection des Français durant la crise covid, l’inflation, … La France est le pays qui a le mieux maîtrisé son inflation. Elle  a permis qu’il y ait le moins de perte d’espérance de vie durant la crise sanitaire.  Il faudrait un petit peu d’objectivité. Je trouve tout cela excessif, démesuré et injuste.

L’image du 8 mai, à Paris, d’un Président de la République seul a pu mettre mal à l’aise et inquiétée. Qu’en pensez-vous ?

 Inquiétante, il ne faut pas exagérer. Que l’on puisse regretter que ce type de manifestation ne rassemble pas la foule, je peux le comprendre. Je pense néanmoins qu’il ne faut pas trop en faire. C’est un moment de recueillement et de respect. Je pense que nous avions tout intérêt à ce que cela reste un moment de dignité. Dans le contexte actuel, où certains tentent de perturber systématiquement toutes les manifestations – d’ailleurs, je trouve que l’on en fait bien de trop écho par rapport à la réalité des perturbations -  c’était assez logique que l’on veuille que cette manifestation se passe dans la dignité.

Pourquoi cette déconnexion avec la réalité de ce que vivent les gens. On a l’impression que ce Président de la République ne comprend pas la réalité du quotidien des personnes les plus défavorisées. Celles qui vivent dans des conditions très précaires.

 Ce n’est pas juste ce que vous dites. L’attention a été portée aux plus en difficulté depuis 2017. Notamment, avec ce fil rouge, cette quasi-obsession du président, de la majorité et de moi-même, de tout mettre en Å“uvre pour faire sortir les personnes de l’ornière. Pas simplement avec des minimas sociaux. A quoi sert d’augmenter le RSA de 2, 5 ou 10%. Vous ne vivrez pas mieux. En revanche, permettre à des personnes qui sont exclues de la société de revenir dans le parcours commun, de retrouver de l’espoir, de la dignité, un travail, c’est cela l’effort qui a été fait, avec 1,7 millions d’emplois supplémentaires. C’est autant de personnes qui ont retrouvé une dignité et un pouvoir d’achat amélioré. Il est vrai que le niveau de pauvreté est à peine amélioré. Mais il ne s’est pas aggravé. Beaucoup de personnes ont vu leur situation s’améliorer. Toutes ces critiques sont tellement excessives et tellement injustes. Je combats ce dénigrement systématique. Ce pessimisme ambiant. Le niveau de pauvreté s’est amélioré par rapports aux Trente Glorieuses. Pourtant, nos concitoyens ont l’impression que cette situation se dégrade. A nourrir quotidiennement, et notamment via les extrêmes, le dénigrement pour conquérir le pouvoir, on finit par abîmer la société et confiner nos concitoyens dans le pessimisme. La colère n’amène rien de bon.

Etes-vous encore un homme de gauche ?  La politique d’Emmanuel Macron est-elle de droite ou de gauche ?

Je suis un homme de gauche, un écologiste. Mon engament initial a été l’écologie, avant d’être un engagement de gauche. D’ailleurs, si on veut régler ce problème, on doit dépasser les clivages. Dans bon nombre de cas, les clivages gauche/droite son dépassés. Cela ne veut pas dire que la droite et la gauche n’existent pas. Les valeurs sont un peu différentes. Moi, je me fais fort de dépasser les clivages politiques, même si je suis profondément de gauche. Une gauche réaliste et concrète, qui a envie d’avancer pour les concitoyens. Je ne veux pas d’une gauche de protestation matin, midi et soir, qui essaie juste d’énerver nos concitoyens pour leur expliquer comment ils doivent être malheureux et comment ce sera tellement mieux quand ils seront au pouvoir. Je réfute cette façon de cliver la société.

Ces quatre prochaines années de mandat ne risquent-elles pas d’être longues ? Le risque d’une arrivée du Rassemblement National aux responsabilités ne se profite-t-il pas pour 2027 ?

 Jusqu’au débat sur les retraites, nous avons gouverné. Certes, avec une majorité relative. Une trentaine de textes ont été adoptés. Personnes ne s’est dit à ce moment-là, on ne peut pas gouverner. On peut gouverner. Il s’avère que l’on se retrouve avec ce sujet des retraites dans une situation extrêmement difficile, mais cela a toujours été le cas. Lorsqu’en 2010, on est passé de 60 à 62 ans, c’était la même chose. Tous les syndicats étaient contre. Simplement, il y avait encore une majorité absolue qui permettait,  peut-être, d’adopter plus facilement le texte. Je ne suis pas devin. Je ne veux pas préjuger complètement de l’avenir. J’espère que l’intérêt de la France et des Français prévaudra et que les uns et les autres sauront se rassembler sur un certain nombre de textes : sur l’industrie verte, sur l’immigration, la réforme de la justice , … . Tous ces sujets doivent avancer. Nous n’avons pas le choix. Un remaniement ministériel n’empêcherait pas la majorité d’avoir le même problème. Une dissolution ne changerait pas les choses et les trois blocs actuels seraient sans doute confirmés. Il faudra faire avec la situation telle qu’elle est. Il faut avancer car l’immobilisme favoriserait l’arrivée de l’extrême droite, qui est souvent très pauvre en proposition. C’est vrai que pour nous, c’est un enjeu qu’à la fin de ce mandat, le camp progressiste poursuive à aider les Français et à faire prospérer le pays.

Le prochain scrutin sera les élections européennes, en juin 2024. Est-ce un enjeu important pour votre parti, la majorité présidentielle ?

Toutes les élections représentent un enjeu important. Evidemment, pour la majorité présidentielle, l’Europe est essentielle. Emmanuel Macron est reconnu comme un Européen convaincu, engagé et efficace. Se replier sur notre pays, c’est l’amener au déclin. Les grands enjeux d’aujourd’hui, qu’il s’agisse de la finance internationale, des échanges commerciaux, des fraudes, de l’immigration, du climat, …  ont une dimension mondiale pour lesquels l’Europe doit pouvoir peser  face aux autres continents. Nous réglerons  les grands enjeux planétaires et la situation des Français qu’avec une union européenne plus forte. Le repli nationaliste est le déclin de notre pays. C’est s’exposer à des conflits, voire des guerres. On voit comment le nationalisme russe conduit à l’invasion en Ukraine.

L'interview de la rédaction

 

Dernière modification le jeudi, 11 mai 2023 05:14