La tension monte dans le Doubs, où la Confédération Paysanne du Doubs s’oppose fermement à l’abattage programmé de 82 bovins dans un élevage de Pouilley-Français. Laurence Lyonnais-Meslob, paysanne et porte-parole du syndicat, dénonce une décision « insupportable », prise après la détection d’un cas positif de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans une exploitation pourtant vaccinée depuis plus d’un mois.
Un cas « statistiquement improbable »
Selon la porte-parole, l’exploitation concernée a respecté « tous les protocoles de biosécurité » imposés par les services de l’État. Les animaux avaient été vaccinés 36 jours auparavant et les fermes voisines étaient elles aussi protégées. Pourtant, un bovin a été testé positif ,— un résultat que les services de l’État jugent catégorique. « Nous sommes face à un cas totalement exceptionnel, et statistiquement improbable, 35 jours après la vaccination », explique Laurence Lyonnais-Meslob. Face à cette anomalie, la Confédération Paysanne réclamait une contre-expertise, qui n’a pas été accordée. « L’abattage de 82 animaux, sans deuxième test, c’est dramatique pour cette famille. La moindre des choses aurait été de vérifier. »
Une stratégie nationale contestée
Depuis le début de la crise, la gestion sanitaire de la DNC — maladie d’origine africaine, non transmissible à l’humain — repose sur l’abattage systématique des troupeaux touchés. Une politique appliquée dans plusieurs communes dans deux communes jurassiennes. A Écleux, l’ensemble des bovins a été euthanasié. Nationalement, on compte désormais 100 foyers, dans six départements, et plus de 2 500 bovins abattus. Pour la Confédération Paysanne, cette stratégie est disproportionnée. « On applique mécaniquement un règlement européen. Mais un règlement peut évoluer. On inflige aux éleveurs un traumatisme terrible afin de maintenir les exportations. C’est trop cher payé. »
L'interview de la rédaction : Laurence Lyonnais-Meslob, porte-paroile du syndicat
Un recours en justice et un appel à la mobilisation
Un recours en justice doit être déposé « dans les heures qui viennent », indique la porte-parole. Le syndicat espère que l’État suspendra toute décision d’abattage dans l’attente de l’issue juridique. Parallèlement, un appel à la mobilisation a été lancé par la famille touchée, relayé par la Confédération paysanne. Un rassemblement est prévu mardi matin, dès 8h, pour s’opposer à l’opération d’abattage et soutenir l’éleveur. « Ce qui se passe choque tout le monde rural, mais aussi bien au-delà . Les citoyens comprennent l’injustice de cette décision. Nous demandons un traitement adapté à une situation qui sort totalement de l’ordinaire » conclut Mme Lyonnais.