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Crise agricole : rencontre avec Philippe Monnet ( pdt de la Chambre d'Agriculture Doubs, Territoire-de-Belfort)

Publié le 01 Mar. 2024 à 08:03
Tags: crise agricole | agriculture | philippe monnet |
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Crise agricole : rencontre avec Philippe Monnet ( pdt de la Chambre d'Agriculture Doubs, Territoire-de-Belfort) Philippe Monnet, président de la FDSEA du Doubs

Après un début très mouvementé, le salon de l’agriculture a retrouvé sa ferveur et son intérêt habituels. Comme chaque année, et peut-être encore plus en 2024, les politiques s’y sont succédés. Cette 60è édition fermera ses portes ce dimanche.  Ce vendredi matin, plusieurs personnes ont été interpellées, autour de l’Arc de Triomphe, où des agriculteurs de la Coordination rurale menaient une nouvelle action revendicative. Rencontre avec Philippe Monnet, le président de la Chambre d'Agriculture Doubs/ Territoire-de-Belfort.

Quel regard portez-vous sur ce salon de l’agriculture ?

C’est un salon qui est inédit dans le sens où beaucoup d’agriculteurs, et notamment les éleveurs, ont porté leurs inquiétudes sur l’avenir. On a pu le constater au moment de l’ouverture, avec des mouvements importants des syndicats agricoles.

Que pensez-vous de ces mouvements ? N’étaient-ils pas trop forts et violents ?

Ce mouvement est la suite de celui qui s’est exprimé partout en France. L’élevage est en train de se réduire fortement. Paradoxalement, on consomme toujours autant de viande et on en importe également de plus en plus de l’étranger.

Que représente cet évènement pour les agriculteurs ?

Les agriculteurs ont plaisir à rencontrer le public et à présenter leur profession. Ils ont envie que, dans plusieurs années,  des jeunes puissent reprendre leurs installations. On le voit sur place, beaucoup de jeunes ont envie de présenter leur exploitation. C’est bien ce qui se passe pour la Montbéliarde et le cheval Comtois chez nous. Sans oublier les produits régionaux.

On s’est également rendu compte que les politiques convoitaient énormément le Salon de l’agriculture. Qu’en pensez-vous ?

Le Général de Gaulle avait inauguré le premier Salon de l’agriculture. Jacques Chirac y venait très régulièrement. C’est devenu un temps important, où le politique vient discuter, parfois se montrer. Ce que nous souhaitons avant tout de chose, c’est qu’il vienne pour échanger autour de nos problématiques. Nous n’avons pas envie qu’il vienne faire sa promotion. C’est aussi un endroit, où le monde rural rencontre le monde citadin. Le politique, de plus en plus issu de ce monde-là, vient rencontrer la ruralité. C’est effectivement un vrai événement politique aujourd’hui en France.

Comment envisagez-vous l’après salon ? Vous attendez-vous encore à une vraie colère ?

Les agriculteurs sont des personnes passionnées. Nous allons continuer de porter les messages. Le gouvernement dispose de certaines marges de manœuvre sur la simplification, voire la suppression, de certaines normes pour que notre élevage ne disparaisse pas de nos territoires, face au changement climatique et à la souveraineté alimentaire. Un pays doit être capable de se nourrir par lui-même. Nous continuerons à nous faire entendre, peut-être différemment. On espère et on attend que le gouvernement et les discussions avec l’Europe avancent pour que notre agriculture reste forte en Europe.

Est-ce que cela va dans le bon sens ?

C’est toujours la politique du verre à moitié plein ou à moitié vide. Est-ce que l’on fait partie des optimistes ou des pessimistes ? J’ai envie d’être dans le camp des optimistes. On va y arriver. Côté politique, on commence à voir que les lignes bougent autour de la souveraineté alimentaire. Il faut que l’on gagne notre autonomie à ce niveau. On le voit bien par rapport à  ce qui se passe en Ukraine. Il ne faut pas que les autres nous imposent leurs règles en matière alimentaire. Je reste persuadé que l’agriculture est très stratégique et que le politique va s’en rendre compte. Nous verrons cela au moment des élections européennes. Le débat agricole restera très important.

Philippe Monnet

Dernière modification le vendredi, 01 mars 2024 14:23