Agnès Hochart, directrice territoriale du Doubs pour l’ARS Bourgogne-Franche-Comté, accompagnée de ses collaborateurs, tenait une conférence de presse ce lundi matin pour évoquer la mise en place du nouveau Projet Régional de Santé (PRS) 2023-2028. Cette feuille de route des actions de la santé pour les 5 ans à venir a été adoptée le 31 octobre dernier. Elle précise notamment les actions menées en matière d’accès aux soins, à travers plusieurs dispositifs.
Ce PRS doit permettre de transformer l’organisation du système de santé, afin de répondre à 5 défis majeurs que sont : le vieillissement de la population, l’augmentation des maladies chroniques, les besoins de prise en charge des problématiques de santé mentale, l’évolution de la démographie des professionnels de santé et l’impact des questions environnementales sur la santé. Ce projet régional de santé, « un travail de très longue haleine sur plusieurs mois » comme l’indique Agnès Hochart, doit être mis en œuvre par la poursuite et le renforcement des actions déjà menées, le déclenchement de nouvelles actions et l’appui aux projets sur les territoires.
Un Médico Bus, pour améliorer l’accès aux soins dans les territoires ruraux ?
L’accès aux soins et l’une des pierres angulaires de notre système de santé. Le département du Doubs, territoire rural, est « plutôt privilégié, avec des professionnels en nombre, même si malgré tout, l’accès aux consultations n’est pas toujours facile pour la population » souligne Agnès Hochart. « Notre but est donc de développer au mieux des actions et des dispositifs qui permettent d’améliorer ça, notamment pour les populations en zone éloignée, les zones rurales, avec des modalités d’accès plus facile » poursuit la directrice territoriale du Doubs pour l’ARS Bourgogne-Franche-Comté. Et pour y remédier, le ministère de la Santé a récemment publié une instruction qui va permettre de créer en 2024, cent « Médico Bus » sur l’ensemble du territoire national. Avec l’objectif d’apporter une réponse de soins de proximité dans les territoires ruraux présentant une faible densité médicale et une forte proportion de patients en affection de longue durée, avec une offre de soins itinérante proposant des consultations de médecine générale, en priorité. « On peut raisonnablement penser que nous aurons dans le Doubs, dès 2024, un Médico Bus, avec à l’intérieur un médecin qui pourra proposer des consultations dans les zones les plus éloignées. Nous avons lancé l’appel à projet au mois de décembre, et les possibilités de réponse sont à déposer d’ici la fin du mois de janvier » indique Agnès Hochart. Est-ce qu’un Médico Bus sera suffisant pour couvrir les besoins de tout le département ? « On a des secteurs qui sont bien pourvus en médecins, donc qui n’ont pas forcément besoin de médecine itinérante. Mais ce bus se déplacera, et permettra d’avoir des consultations proposées dans plusieurs territoires. C’est une expérimentation, et si elle est validée et rencontre un fort succès, dans ce cas-là , sans doute que le ministère de la Santé et les ARS déclineront d’autres possibilités de ce type-là » ajoute la directrice territoriale du Doubs pour l’ARS Bourgogne-Franche-Comté.
La démographie des professionnels de santé en exercice libéral sur le département, par catégorie professionnelle :
Ces chiffres ne comprennent pas les professionnels de santé en exercice salarié dans un établissement.
Par ailleurs, le département du Doubs compte à ce jour 26 maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) labelisées et 10 projets ou réflexions en cours, 33 centres de santé, 2 cabinets éphémères et 1 en projet.
Faire émerger des projets sur les territoires
L’ARS est chargée de piloter, pour la région, la concertation sur le champ de la santé en lien avec les préfectures et l’assurance maladie. Elle s’appuie sur les conseils territoriaux de santé (CTS), pour organiser des ateliers à travers les territoires et formuler des propositions autour de thématiques, comme l’accès aux soins. Cette concertation a fait émerger sur le département du Doubs, des pistes de travail. Comme la mise en place de consultations itinérantes ou de consultations de dépistage, permettant d'aller vers les populations les plus éloignées, pour leur garantir un accès aux soins. Mais également le déploiement sur le territoire d'ambulances itinérantes avec la mise en place de consultations à domicile par une infirmière ambulancière en lien avec le médecin traitant du patient. Une unité mobile de téléconsultation (UMT) sera mise en place sur la zone de Maîche, où la démographie des professionnels de santé est faible. L'objectif est de permettre de dégager du temps aux médecins traitants par l'intervention de téléconsultation au domicile de la patientèle, avec une infirmière équipée de matériel adapté pour examiner le patient et communiquer avec le médecin traitant.
Le rôle des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)
Les CPTS regroupent les professionnels d’un même territoire qui souhaitent s’organiser, à leur initiative, autour d’un projet de santé pour répondre à des problématiques communes identifiées sur le territoire. En 2024, 100% de la population du territoire de santé du Doubs sera couverte, avec huit CPTS. Sept sont déjà en fonctionnement : CPTS Haut-Doubs Forestier, CPTS Haut-Doubs Horloger, CPTS Capacité Grand Besançon, CPTS Loue Lison, CPT Porte du Haut-Doubs, CPTS Doubs Central, CPTS du Grand Montbéliard. Elles jouent un rôle important sur l’accès aux soins, la prévention, et produisent des actions au bénéfice de la population. A titre d’exemple, le département du Doubs compte 11% de patients sans médecin traitant, contre 13% en région. La CPTS Capacité Grand Besançon porte un poste de médiateur en santé sur le quartier de Planoise, chargé de ramener les personnes éloignées du soin vers une offre de soin, et de fédérer les besoins des professionnels de santé dans ce quartier prioritaire de la ville. La CPTS du Pays Horloger, elle, a coordonné et permis la mise en place d’une campagne de vaccination et d’une session de vaccination au mois de novembre 2023. Ou encore, la CPTS Loue Lison a obtenu la labellisation « semaine de la dénutrition », et a proposé un atelier « prévention des risques de dénutrition » au sein d’une résidence autonomie d’Ornans.
Agnès Hochart, directrice territoriale du Doubs pour l’ARS Bourgogne-Franche-Comté :