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Meurtre de Jeanine Dessay : Une première matinée d'audience et un témoignage glaçant

Publié le 28 Mar. 2023 à 16:03
Tags: jeanine dessay | bechir tabarki | meurtre | Pontarlier | cour d'assises du doubs |
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Meurtre de Jeanine Dessay : Une première matinée d'audience et un témoignage glaçant

Ce matin s’ouvrait devant la cour d’assises du Doubs, le procès de Béchir Tabarki, accusé de l’assassinat de Jeanine Dessay. La sexagénaire a été tuée de 19 coups de couteau dans les toilettes du Géant Casino de Pontarlier le 15 avril 2019. En cette première matinée, dans une salle comble, trois hommes et trois femmes ont été tirés au sort comme jurés. Après le rappel des faits par le président d’audience, deux policiers, en charge de l’affaire à l’époque ont témoigné à la barre. Ils ont notamment raconté de quelle façon a été retrouvé le corps, ont partagé les premiers témoignages, et expliqué comment ils sont rapidement remontés jusqu’à l’accusé. Ce dernier risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict sera connu demain après-midi.

Béchir Tabarki a 46 ans aujourd’hui. Il est arrivé dans le box vêtu d’une marinière, les cheveux légèrement ébouriffés, une barbe épaisse. Un visage vieilli, marqué. Après le tirage au sort des jurés, trois hommes et trois femmes, le président d’audience, Matthieu Husson, commence la lecture du dossier. Cela passe par une longue énumération des délits commis par Béchir Tabarki. Atteinte aux biens, trafic de stupéfiants, vol à main armé, injures à caractère sexuel, etc. Béchir Tabarki reconnaît en partie les éléments cités par le président, mais d’une voix légère et un débit de parole plutôt lent, indique « ne pas savoir comment il s’est retrouvé dans ces toilettes, et ne pas se rappeler ce qu’il s’est passé ensuite ». Lors de ses précédentes auditions, l’accusé a expliqué avoir été victime d’amnésie. 

La première personne appelée à la barre est le capitaine de police de l’époque, le premier déployé sur cette affaire. Il décrit le début de l’enquête. « Les premières constatations font état d’une femme de soixante ans, égorgée, allongée sur le dos, gisant dans une mare de sang. Tout de suite, on constate l’exceptionnelle gravité de la situation ». Très vite, les caméras de vidéosurveillance sont consultées, et permettent d’identifier clairement un individu, au comportement suspect. Le capitaine de police raconte ensuite le témoignage d’une femme, en pleurs, choquée, recueilli quelques minutes après le drame. Elle raconte avoir été interpellée par du bruit dans les dernières toilettes. Dans un premier temps, elle pense à des ébats sexuels entre amoureux, s’en rapproche, et constate finalement qu’il s’agit de bruits de lutte. Elle demande alors si tout va bien, et n’obtient pas de réponse. Elle se rend compte que les bruit sont finalement les respirations difficiles d’une femme en train de suffoquer. Elle réitère sa demande, et voit alors un homme, impassible, ouvrir la porte. Derrière lui, une femme ensanglantée.

Jeanine Dessay décède à 12h27, malgré les tentatives de réanimation entreprises par les secours. Son sac à main est retrouvé, rien ne manque, ce qui écarte le motif du crime crapuleux. Le médecin légiste évoque « un véritable massacre ». « Il ne lui a laissé aucune chance » explique-t-il. Il ne relève pas non plus de bagarre précédant les faits.

Le policier raconte ensuite, l'histoire glaçante, permettant l’arrestation de Béchir Tabarki.

Tout commence au théâtre Bernard Blier. Mme Perrier, agent d’entretien, est interpellée par un claquement de porte, aux alentours de 15h. Un claquement qu’elle reconnaît immédiatement : celui des toilettes pour femmes. Dans ce théâtre fermé, un homme se présente alors à elle quelques secondes plus tard, et lui demande poliment où se trouve la rue Jeanne d’Arc, celle de sa chambre d’hôtel. Mme Perrier lui explique, et l’homme tourne les talons. Avant de lui faire volteface soudainement. Et lui demander à nouveau où se trouve la rue Jeanne d’Arc. Mme Perrier lui explique un nouvelle fois, et l’homme quitte les lieux.

Quelques minutes plus tard, alors que Mme Perrier traverse la salle de spectacle dans la pénombre afin d’aller nettoyer une loge, elle entend un bruit dans son dos. « Comme si quelqu’un se prenait les pieds dans le tapis » déclare-t-elle. En se retournant, elle reconnaît à nouveau cet homme, qui tente de se dissimuler dans la salle. Elle lui ordonne de partir, mais l’homme indique « visiter le théâtre, qu’il a le droit ». Alertée par ce comportement anormal, et l'attitude inquiètante de l'homme, elle se sauve alors par une issue de secours. Un geste salvateur, selon le capitaine de police, qui continue son rapport. Une fois dehors, elle téléphone immédiatement à son patron. Pour la dernière fois, elle aperçoit l’individu sortir du théâtre, mais cette fois-ci, il part définitivement. À peine plus d’une heure après, la police se rend à l’hôtel de Béchir Tabarki, l’interpelle, et le place en garde à vue.