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La plainte de la soprano Chloé Briot pour agression sexuelle classée sans suite. Même décision pour celle du mis en cause.

Publié le 20 Sep. 2022 à 18:09
Tags: justice | opera | parquet de besancon | agression sexuelle |
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La plainte de la soprano Chloé Briot pour agression sexuelle classée sans suite. Même décision pour celle du mis en cause.

La plainte de la soprano Chloé Briot pour agression sexuelle contre l'un de ses collègues, Boris Grappe, lors de la production d’un opéra « L’inondation » a été classée sans suite. Selon Etienne Manteaux, le procureur de la République de Besançon, les éléments de l’enquête ne permettent pas de caractériser une intention coupable ni une responsabilité pour créer une culpabilité. La plainte du mis en cause pour dénonciation calomnieuse a également été classée sans suite.

 

C’est la revue La Lettre du musicien qui a publié le 19 août 2020 le témoignage de la soprano française Chloé Briot, qui dénonce des agressions sexuelles répétées de la part de l'un de ses collègues, Boris Grappe, durant une production. Des faits qui auraient duré « plusieurs semaines, même plusieurs mois », selon Chloé Briot. Bien décidée à se faire entendre, elle a souhaité briser l’omerta qui règnerait dans le monde de l’opéra en témoignant dans la presse. Mais peu de temps avant, la chanteuse avait saisi la justice. En mars 2020, elle a déposé une plainte et une enquête a été ouverte par le parquet de Besançon.

Entre octobre 2019 et février 2020, Chloé Briot tient le premier rôle dans l’opéra L’Inondation, joué sur le plateau de l’Opéra-Comique, à Paris, puis aux opéras de Rennes et de Nantes. Dans cette représentation, on assiste à deux scènes de sexe entre les deux principaux personnages. C’est justement durant ces scènes que Chloé Briot dit avoir été agressée sexuellement.

« En pleine représentation, il a palpé mon sein droit comme de la pâte à modeler. J’ai tenté de me recroqueviller pour qu’il ne puisse plus me toucher. Dans la deuxième scène, il a écarté violemment mes jambes en mettant sa tête sur mon sexe » décrit Chloé Briot. Des actes qui dépasseraient le cadre de la mise en scène, selon elle, qui auraient été répétés. « Pendant les répétitions et les filages, je n'arrivais pas à dire à mon collègue que sa manière de me toucher me déplaisait », ajoute-t-elle. « Certes, nous devions jouer une scène de sexe, mais il agissait toujours au-delà du cadre des propositions du metteur en scène et me faisait systématiquement passer pour une chieuse auprès de ce dernier », explique l'artiste.

« Dans cet opéra "L'Inondation", Chloé Briot et son partenaire incarnent des époux. Dans certaines scènes, la scène 3 et 12, ils doivent simuler des rapports sexuels. Tant madame Briot que monsieur confirment qu’aucune consigne ne leur a été donnée de la part de monsieur Pommerat, le metteur en scène, concernant la scénographie » a cependant détaillé Etienne Manteaux lors d’une conférence de presse cet après-midi, tout en précisant que toutes les répétitions ont été filmées, facilitant ainsi le travail des enquêteurs.

 

C’est le 15 janvier 2020 que Chloé Briot décide d'alerter son metteur en scène, Joël Pommerat, qui recadre immédiatement le baryton, Boris Grappe. Contrairement à ce qu’a pu dire la chanteuse dans la presse. « J'étais seule face à mon agresseur. En dépit de mes appels à l’aide personne ne m’a répondu » avait-elle dit. Elle a finalement admis face aux enquêteurs, qu’à partir de ce recadrage du 15 janvier de la part de monsieur Pommerat, elle n’avait plus subi d’attouchements. Boris Grappe, décrit comme un baryton très « investi et impliqué » dans son rôle et à la recherche de son personnage, a écrit dès le 16 janvier à Chloé Briot : « Je n’étais pas du tout conscient de ton inconfort dans les scènes 3 et 12 ». Le baryton s'est dit sidéré par les accusations de madame Briot. Entendu par les enquêteurs à plusieurs reprises pendant sa garde à vue, il a précisé que lors des répétitions de la pièce "L'inondation", après des essais avec monsieur Pommerat, il était parvenu à une interprétation communément admise et qu’il s’était plié à ce cadre scénographique. « A partir du 15 janvier, monsieur a dit avoir respecté à la lettre les consignes du metteur en scène ce qui se vérifie sur les images des répétitions et des différentes représentations » a expliqué Etienne Manteaux, le procureur de la République de Besançon.

Le chanteur lyrique est désormais aide-soignant dans un EHPAD, après que sa carrière a été stoppée net à la suite de la médiatisation de l'affaire. Le procureur de la République a constaté un « désaccord majeur entre la perception du chanteur et celle de madame Briot ». Joël Pommerat, le metteur en scène, a également été interrogé par les enquêteurs. « Je ne conteste pas les ressentis de madame Briot, mais nous avons fait ce que nous avons pu au moment où nous avons eu connaissance des faits" a-t-il dit.

"Tous les faits dénoncés se sont déroulés sous le contrôle strict du metteur en scène ou de son assistant avec un parti pris hyper réaliste. Monsieur obéissait parfaitement aux consignes du metteur en scène. Dès le 15 janvier, il a changé radicalement les conditions d’interprétation de ces deux scènes. Ce changement de comportement contrevient à ce que madame Briot a affirmé au journaliste de La lettre du musicien. Cela ne correspond pas à la réalité. Monsieur Pommerat a proposé de suspendre la représentation et c’est elle qui a dit vouloir continuer. Il n’a pas été démontré pendant l’enquête que le mis en cause a eu conscience que son jeu d’acteur a créé un mal-être pour Chloé Briot. Ces éléments ne permettent pas de caractériser une intention coupable, une responsabilité pour créer une culpabilité", a confié le procureur de la République Etienne Manteaux. La plainte du mis en cause pour dénonciation calomnieuse a également été classée sans suite, « la justice n'ayant pu objectiver la volonté de la plaignante de nuire volontairement à son collègue ».  

Dernière modification le mardi, 20 septembre 2022 18:49