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Sanctions sportives de la Russie : Réaction de Michel Vautrot

Publié le 18 Mar. 2022 à 16:03
Tags: sports | guerre en ukraine |
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Sanctions sportives de la Russie : Réaction de Michel Vautrot

Suite à son envahissement de l’Ukraine, la Russie se retrouve exclue par le reste du monde. Les compétitions sportives, en l’occurrence de football, ne font pas exception avec l’exclusion de l’équipe nationale de Russie de la Coupe du Monde 2022,  ainsi que celle du Spartak Moscou en Europa League. Pour Michel Vautrot, figure emblématique de l’arbitrage international de football, ces sanctions sont logiques et devaient être inévitablement appliquées.

Quelle est votre analyse sur les sanctions sportives adressées à la Russie ?

On peut toujours philosopher à l’infini. Qu’on le veuille ou non, on est dans une période de guerre, c’est le mot qui est utilisé mais caché aux Russes.  Compte tenu de sa popularité, le football est un moyen de pression. L’Europe a réagi et par ces décisions a voulu faire  comprendre au peuple Russe que l’on ne peut pas tout accepter.

Selon vous, l’exclusion de la Russie de la Coupe du Monde 2022 ou encore celle du Spartak Moscou en Europa League sont-elles des moyens de pression légitimes et efficaces ?

La Russie a fait appel auprès du Tribunal du sport. Est-ce légitime d’envahir, d’entrer  dans un pays et de tuer des civils ? Je pense que ça ne l’est pas et que ça ne répond pas au droit international. Il faut donc réagir. L’embargo sur le pétrole, qui n’a pas de lien avec le sport,  est une sanction qui a des graves répercussions financières pour des pays comme la France. A-t-on le choix ? Doit-on, au nom de notre économie, de notre confort personnel, fermer les yeux sur cette barbarie ?

Est-ce aussi le rôle des grandes instances sportives de sanctionner un pays en fonction des conflits dans lequel il est engagé ?

 Cela a montré l’unité de l’union Européenne, ce qui n’était pas évident. Je sais aussi qu’il y a des voix qui s’élèvent pour dire qu’il y a eu d'autres conflits dans le monde sans qu’il y ait eu beaucoup de réactions. Là, nous sommes touchés parce que la France, l’Ukraine et la Russie, sont à une portée de missiles, mais aussi une portée de balles. Il ne faut pas se le cacher, nous avons peur du nucléaire. Poutine ne se gêne pas pour essayer d’effrayer les gens. Donc, est-ce qu’on peut, nous, attendre en victime expiatoire ? La réaction des instances sportives est une manière de montrer au peuple ukrainien qu’on ne les abandonne pas totalement. Malheureusement, on ne peut pas intervenir militairement dans leur pays car cela deviendrait une guerre entre pays, une guerre mondiale disons-le.

Comme vous l’avez souligné, d'autres pays sont en conflit, mais ne sont pas sanctionnés sur le plan sportif. Les Jeux olympiques ont été organisés en Chine par exemple, est-ce que c’est une erreur de ne pas sanctionner ces pays ?

 On tombe dans ce qu’on appelle communément en diplomatie de la realpolitik. C’est toujours un fragile équilibre entre on n’est pas d’accord mais on y va quand même. Vous vous rappelez que pour les derniers Jeux Olympiques d’hiver, les représentants de beaucoup de nations ont refusé de participer à la cérémonie d’ouverture, sans interdire les sportifs d’y aller. Est-ce que le sport doit prendre en otage ces compétiteurs des nations ? Il y a un moment où il faut réagir. Si personne ne bouge et si au nom de notre confort personnel on accepte tout, cela sera l’ouverture à je ne sais quel conflit.

L'interview de la rédaction / Michel Vautrot

 

Dernière modification le vendredi, 18 mars 2022 17:07