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Islamisme dans le sport : 550 clubs sous surveillance en France

Publié le 10 Nov. 2023 à 11:11
Tags: sports | radicalisation | islamisme |
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Islamisme dans le sport : 550 clubs sous surveillance en France Médéric Chapitaux

Le jurassien Médéric Chapitaux, originaire d’Arbois,  docteur en sociologie du sport, vient de publier le livre « le sport, une faille dans la sécurité de l’état Â». Travail scientifique à l’appui, l’auteur a travaillé sur l’entrisme islamiste dans le sport, et notamment dans les sports de combat. Trois disciplines inquiètent plus particulièrement : les sports de combat, le futsal et la musculation. Rencontre avec le spécialiste.

Pouvez-vous tout d’abord vous présenter ?

Je suis franc-comtois d’origine. J’habite dans le Jura. Je suis docteur en sociologie du sport et je dirige une entreprise de formation professionnelle qui s’appelle « Challenge Académia Â».

Pourquoi ce livre ?

C’est le cÅ“ur de mes travaux de thèse. Mon intérêt,  dans le cadre de mes recherches scientifiques, s’est porté sur les déviances dans le sport. Cela peut-être le dopage ou la prévention des violences sexuelles. Me concernant, je me suis intéressé à l’entrisme islamiste à l’intérieur des clubs sportifs et comment les éducateurs sportifs, dont je fais partie, gèrent cela au quotidien. Ce travail est issu de cinquante thèses que j’ai essayées de vulgariser dans un petit ouvrage d’une centaine de pages.

C’est un vrai problème de société que vous abordez ?

C’est quelque chose qui n’existait pas il y a une petite vingtaine d’années. Ou alors, c’était beaucoup moins visible. Aujourd’hui, on est en droit de s’interroger. Ce n’est pas pour surfer sur l’actualité. Il s’agit d’un travail scientifique. Aujourd’hui, nous avons des chiffres qui sont à la fois inquiétants, parce que c’est toujours trop, et rassurants, par rapport au nombre total de club en activité. Ce n’est pas non plus massif.

Comment avez-vous construit vos recherches ?

J’ai choisi de travailler sur plusieurs axes. Nous avons construit notre réflexion à partir de documents existants. C’est-à-dire, à partir des travaux d’autres scientifiques, au niveau international, et sur les productions des forces de sécurité. Ce qui représente une consultation de 18.000 documents. Ce qui m’a permis d’avoir une base de travail solide. Dans un deuxième temps, j’ai mené des entretiens semi-directifs. Lors desquels, j’ai rencontré des entraîneurs, des présidents de club  et des autorités publiques et politiques, notamment le Premier Ministre et des chefs de services de renseignements, … . Enfin, lors d’une troisième phase, je suis allé sur le terrain. Mon terrain d’enquête était les sports de combat. J’ai principalement travaillé en Ile de France.

Y-a-t-il des activités sportives qui sont plus concernées que d’autres ?

Depuis 2010/2011, Ã  la suite d’une enquête, le Conseil de l’Europe avait repéré l’entrisme islamiste au sein de trois familles d’activité : les sports de combat, le futsal et la musculation. Le triptyque est toujours présent. Même si on a une prédominance des passages à l’acte terroriste sur les sports de combat.  

Quelle est la situation aujourd’hui ?

Deux chiffres prennent aujourd’hui tout leur sens : une centaine de clubs étaient reconnus par les ministères des sports et  de l’intérieur, comme étant séparatistes. Ce qui représente environ un peu plus de 10.000 pratiquants sur le territoire national. C’est plutôt inquiétant. Le comité olympique a déclaré qu’environ 550 clubs, au niveau national, posaient des difficultés de communautarisme. Il faut stopper la dérive de ces clubs.

Avez-vous des chiffres à nous communiquer pour la région Bourgogne Franche-Comté ?

Je n’ai pas accès à ces données-là. Il faudrait que les autorités aient envie de les communiquer. Néanmoins, je ne vois pas pourquoi la Franche-Comté serait protégée de ce phénomène. Les quantités sont certainement très faibles. J’ai  démontré un cas dans mon livre concernant notre région.

Pour faire simple. Il semblerait que l’on se sert du sport pour véhiculer des valeurs religieuses ?

Il y a une doctrine islamiste à travers le monde qui invite ceux qui veulent les rejoindre à pratiquer un sport de combat. Les gens rentrent dans les clubs n’ont pas pour faire du sport, mais se préparer au combat. C’est pour cela qu’ils choisissent des sports de combat.  On se retrouve avec ces potentiels menaces, que l’on a connues en Franche-Comté, avec des adeptes qui s’entraînaient à Besançon.

Y-a-t-il des ramifications avec l’étranger ?

Sans doute. Cela ne fait pas partie de mes travaux de thèse. Je ne pourrai pas affirmer ce genre de choses sans le travailler. Néanmoins, techniquement parlant, on peut le prévoir. Entre 2014 et 2018, on a connu des départs de Francs-comtois, partis rejoindre le territoire irako-syrien.

Comment lutter face à cette situation ?

L’éducation joue un rôle très important. L’éducation par le sport est précieuse.  Sans éducation, on ne fait rien. Il faut encourager cet élan d’éducation aux valeurs de la République. Il ne faut pas avoir peur de sanctionner quand il y a des comportements déviants. Quand nous sommes face à des problèmes d’islamisme dans le sport, il faut mobiliser les lois qui existent, et notamment celle sur le séparatisme, et sanctionner tous les écarts, afin de protéger les enfants, que les parents nous confient au quotidien.

Il faudra sans doute réagir mieux et plus vite, que la prise de conscience, apparue tardivement, pour lutter contre la pédophilie dans le sport ?

Avant de contrôler ce type d’activité, il faut déjà se former pour savoir de quoi on parle. Vous avez raison. Aujourd’hui, on sanctionne sur le dopage et les violences sexuelles, même si cela a pris du temps, il faut espérer que l’on ne prenne pas autant de temps pour réagir sur cette problématique, qui est toute aussi importante d’un point de vue sociétal.   

L'interview de la rédaction : Médéric Chapitaux

 

Dernière modification le vendredi, 10 novembre 2023 11:42