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Le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon rouvrira ses portes ce vendredi 8 septembre 2023 après 16 mois de travaux. Fermé depuis le 6 janvier 2020, le musée a fait l’objet d’une rénovation complète. Ses espaces ont été entièrement repensés afin de renouveler son discours et ainsi poursuivre sa mission essentielle de transmission de l’Histoire. L’occasion de découvrir trois parcours avec une exposition permanente, une exposition temporaire, ainsi qu’un espace consacré aux trésors des collections, avec le fonds d’art en déportation. Il s’agit de l’une des collections les plus importantes d’Europe.

 

Des espaces entièrement repensés

« Nous sommes fiers du travail accompli qui a été long. Ça fait plusieurs années, presque 10 ans pour certains sur ce projet ! On a hâte de le confier au public et d’avoir les réactions des visiteurs pour savoir ce qu’il en est » indique Vincent Briand, le directeur du musée de la Résistance et de la Déportation. Ce musée, élément indissociable de la Citadelle de Besançon, a subi une véritable métamorphose depuis sa première exposition des années 1980, qui restait inchangée et n’était plus adaptée au public. Le musée proposera désormais aux visiteurs un nouvel accueil, des espaces extérieurs réaménagés, une nouvelle muséographie, mais aussi un centre de ressources accessible sur demande et des espaces de médiation. Le nouvel aménagement intérieur du musée présentera une exposition permanente sur 11 salles (330m²), une exposition temporaire sur 6 salles (200m²) et un espace composé de deux salles dédiées au fonds d’art en déportation (70m²). « Le but et toujours de transmettre la connaissance de l’histoire. C’est une page de notre histoire qui est sombre et dramatique, tout le monde doit la connaître. Parce que c’est une connaissance importante, mais elle doit aussi nous interroger au présent, pour le monde qu’on doit construire tous ensemble » rappelle Vincent Briand.

 

 

Un fonds d’art en déportation

« Le musée contient à la fois une partie des collections qui étaient déjà présentées auparavant, mais aussi beaucoup de renouvellement, puisqu’on a 60% des collections qui n’étaient pas présentées jusqu’à présent. Elles étaient soit en réserve, soit données entre temps. Donc à la fois des choses que le public peut connaître, mais aussi beaucoup de nouveautés » explique Vincent Briand. Et en plus de ces expositions, le musée donnera à voir au public le trésor de ses collections, son fonds d’art en déportation, l’un des plus riches en Europe. Dans un nouvel espace de 70m², une sélection d’œuvres réalisées clandestinement par les déportés dans les prisons et les camps nazis sera présentée, et plusieurs rotations annuelles seront effectuées afin de leur assurer les meilleures conditions de conservation. « On a un tout nouvel espace consacré aux trésors des collections, le fonds d’art en déportation. C’est un fonds qui est exceptionnel en Europe. L’une des plus belles collections. Et on a la chance d’avoir à Besançon environ 600 œuvres, des petits dessins, statuettes, peintures, réalisés clandestinement par les déportés. Une sélection de ces collections sera présentée et accessible pour tous les publics » souligne le directeur.

 

Quelles nouveautés ?

Si l’ancienne exposition a vraiment été reconnue par sa qualité scientifique et pédagogique, elle a été conçue dans les années 1980 et n’était plus adaptée au public d’aujourd’hui. « C’est la raison pour laquelle on a essayé de réfléchir aux moyens qu’on pouvait développer pour la rendre plus accessible. Des textes plus visibles dans les salles avec une organisation plus claire. Quelques outils audiovisuels, des manipulations, des enregistrements audios, le fond reste le même, la forme change un peu ! » détaille Vincent Briand. « Dans chacune des salles, un ou plusieurs objets phares incarnent le discours de la salle. C’était aussi la volonté de mettre en avant certaines de nos collections. Et puis, quand on visite un musée, on cherche à comprendre mais on est aussi pris par des émotions, et la place de l’objet elle est là. Je pense que c’est ça qui reste assez unique dans l’expérience du musée. On est confronté directement aux traces de l’histoire […] Par ailleurs, nous exposons beaucoup de parcours personnels. On a cette chance au musée d’avoir des collections qui proviennent intégralement de dons d’anciens résistants, de déportés, de leurs familles. Et toutes ces collections sont très incarnées dans l’histoire. On a des photographies, des objets qu’ils ont pu utiliser dans un contexte, on a beaucoup d’histoires à raconter et à découvrir »

 

 

Une meilleure accessibilité

L’accessibilité pour tous a guidé la rénovation. Elle a été pensée aussi bien au niveau technique pour l’accès du musée, que pédagogique pour que les visiteurs de divers horizons et nationalités puissent avoir accès aux collections et aux différents parcours proposés. Ainsi, ils auront la possibilité de suivre l’exposition permanente dans sa globalité, ou en se focalisant sur des objets phares ou des parcours filés selon le temps dont ils disposent.

 

Ce vendredi, sera inauguré à Morteau, le chemin Michel Hollard. Ce résistant, fondateur du réseau Agir, assurera, aux côtés de frontaliers francs-comtois, le passage de clandestins vers la Suisse, entre 1941 et 1944. Ce chemin de randonnée, de Louadey à la Brévine, sur un parcours de près de 7 kilomètres, avec un dénivelé de 400 mètres, permettra aux promeneurs de revivre cette histoire, en emboîtant les pas de Michel Hollard et ses amis, au plus près de l’itinéraire clandestin.

Au point culminant du parcours, à 1200 mètres, les visiteurs pourront se recueillir devant la stèle en hommage aux passeurs du Val de Morteau, édifiée en partenariat avec le Souvenir Français. C’est un véritable parcours de mémoire, à travers les hauts pâturages et les massifs forestiers de ce territoire franco-suisse, qui s’ouvre à tous. Des visites guidées pédagogiques seront également proposées.

Un projet sur le devoir de Mémoire qui a pu voir le jour grâce à de nombreux partenaires et la volonté d’Agnès Hollard, la petite fille de Michel Hollard, et Jean-Marie Binetruy, alors Président de la Communauté de Communes du Val de Morteau. Les premières discussions sont apparues en 2016.

Ce samedi 21 août et le 25 septembre, le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon et Alexandre Cailler, guide conférencier,  proposeront une balade à vélo sur les traces d’Henri Fertet et du groupe Guy Moquet. Au départ de Besançon et de l’église de Velotte, quartier dans lequel le jeune résistant vivait et était scolarisé,  le parcours rejoindra Avanne-Aveney, après un trajet d’une douzaine de kilomètres.

A travers cette initiative, Vincent Briand, attaché de conservation au Musée de la Résistance et de la Déportation, et Alexandre Cailler ont envie de « faire découvrir autrement l’une des pages de notre histoire et de faire cette sensibilisation ailleurs que dans les murs de la citadelle ». Il faut bien avouer que la fermeture du musée bisontin, en raison des travaux de réhabilitation en cours, ont précipité les choses. De plus, Alexandre Cailler montre, chaque année dans le Haut-Doubs, tout son savoir en la matière. Effectivement, le jeune homme propose une initiative identique dans le secteur du Mont Châteleu, en évoquant un autre résistant, Michel Hollard.

S’adresser aussi à un autre public

Cette balade thématique se déroulera à vélo. Un choix qui permet d’une part de s’adresser à un autre public, mais également de plonger pleinement les participants dans cette période de notre histoire contemporaine, ou le vélo était le moyen de déplacement les plus utilisé. « On pourra ainsi mieux s’immerger dans le contexte de l’époque et apprécier les distances, les obstacles et l’ambiance » ajoute le guide conférencier. Une première initiative pour le Musée bisontin, qui entend bien poursuivre dans cette même dynamique à l’occasion d’autres évènements.

L'interview de la rédaction / Vincent Briand et Alexandre Cailler

Infos pratiques : Tarif : 7 euros par personne. Durée : 2 heures environ. Réservation en ligne : https://bit.ly/parcoursHenriFertet