Le Secours Catholique vient de publier son rapport annuel sur la pauvreté en France. Plus d’un million de personnes ont été accompagnées par l’association en 2023. Elles sont environ 15.000 en Franche-Comté. Par la voix d’Antoine Aumonier, son délégué régional, l’antenne franc-comtoise a notamment pointé les difficultés que rencontrent ces personnes pour accéder aux prestations sociales. Et ce, en raison de démarches devenues dématérialisées, nécessitant la possession de moyens informatiques, qu’elles ne disposent pas. Elles doivent également faire face à une logique administrative de plus en plus restrictive, posant un regard suspicieux sur les besoins et les attentes de ce public.
L'interview de la rédaction : Antoine Aumonier
Des personnes sans ressource
Le Secours Catholique constate « une pauvreté qui se féminise ». « 57% des personnes qui sont rencontrées par l’association sont des femmes » explique Antoine Aumonier. Autre point inquiétant, et pas des moindres, « 25% des bénéficiaires n’ont aucune ressource ». Par ailleurs, la famille, avec toutes ses composantes, n’est pas épargnée. En 2023, 200.000 familles sont suivies par l’association. Preuve que la pauvreté s’aggrave en France, les ¾ des personnes aidées par le Secours Catholique se trouvent en situation d’extrême pauvreté. « C’est-à-dire qu’elles vivent avec moins de 555 euros par mois, en recul de 19 euros par rapport à 2022 ».
L'interview de la rédaction : Antoine Aumonier
Depuis près de 30 ans, le Secours Catholique publie chaque année son rapport sur l’état de la pauvreté en France. Cette analyse de la pauvreté s’appuie sur les données collectées par les acteurs de terrain et permet de donner un éclairage sur la situation des personnes les plus précaires en France. Cette année, la forte inflation induit une nette aggravation de la pauvreté pour tous, et particulièrement pour les femmes, qui sont les premières touchées.
Dans un contexte de forte inflation, notamment sur l’alimentation et l’énergie, les statistiques apportées par le Secours Catholique dévoilent une nette aggravation de la pauvreté en 2022. « Et tout porte à croire que cette dégradation se poursuit en 2023, comme en atteste la forte hausse du nombre de personnes faisant appel à l’aide alimentaire des associations » indique le Secours Catholique. Parmi les personnes accueillies par l’association, le niveau de vie médian a baissé de 7,6% en un an, et s’établit à 538€ par mois en 2022 contre 579€ en 2021. Soit 18€ par jour pour subvenir à tous ses besoins, dont le logement. « C’est moins de la moitié du seuil de pauvreté, que nous estimons à 1211€ en 2022 » détaille le rapport du Secours Catholique. Des chiffres 2022 qui corroborent les données de l’INSEE : 95% des personnes rencontrées par le Secours Catholique vivent sous le seuil de pauvreté, et les trois quarts vivent même en situation d’extrême pauvreté.
Antoine Aumonier, délégué du Secours catholique en Franche-Comté :
Une féminisation de la pauvreté
En 1989, les femmes représentaient 51% des adultes rencontrés par le Secours Catholique. En 2022, cette part est de 57,5%, et même de 60% des adultes de nationalité française. Les premières victimes de la pauvreté sont donc les femmes, et surtout celles avec des enfants. Quatre types de profils ressortent particulièrement, recouvrant la situation de 85% des femmes rencontrées :
Une situation tendue sur la bande frontalière du Haut-Doubs
Si cette région bénéficie de l’image d’un territoire riche et clinquant, encore beaucoup de personnes travaillent en France, perçoivent des revenus français, et sont obligés de se loger dans une bande frontalière, où les prix sont très onéreux. « Il y a des gens qui travaillent et vivent dans leur voiture. Ils n’ont plus les moyens de se loger sur le territoire » explique Nathalie, animatrice du réseau de solidarité sur la bande frontalière du Haut-Doubs. « Il faudrait des loyers acceptables, et plus de logements sociaux. Il y a des logements inoccupés qui devraient se transformer en logement sociaux ».
Témoignage de Nathalie, animatrice du réseau de solidarité sur la bande frontalière du Haut-Doubs :
La préfecture du Doubs rappelle que jusqu’au 31 mars, un renforcement des dispositifs de veille sociale est assuré. Douze places supplémentaires peuvent être mobilisées. Il est rappelé que le dans le département du Doubs le 115 est accessible 24h/24, des veilles mobiles sont renforcées sur Besançon, Pontarlier et Montbéliard et quatre accueils de jour sont ouverts : 2 à Besançon, 1 à Montbéliard et 1 à Pontarlier. Il existe également des sites de restauration sociale. Enfin, précisons que le paramètre « grand froid » apparaît en fonction des conditions météo émises par Météo France. Deux déclinaisons sont possibles : les niveaux orange et rouge.