Le Parquet de Besançon est revenu cet après-midi sur l’affaire impliquant un médecin anesthésiste soupçonné d’avoir empoisonné sept patients de la polyclinique de Franche-Comté et de la clinique Saint-Vincent à Besançon.
Le parquet relate qu’en janvier, il a été informé par l’Agence Régionale de la Santé « de deux évènements indésirables graves (EIG) » survenus les 11 et 20 janvier derniers sur deux patients de la clinique Saint Vincent, « patients qui avaient pu être réanimés après avoir présenté des arrêts cardiaques en cours d'opération ». « Les analyses toxicologiques réalisées sur les poches de soluté de réhydratation pour le premier cas et de paracétamol pour le second cas permettaient de retrouver de fortes quantités de potassium ou d'anesthésiques, à dose létale » explique le communiqué de presse. Pour le Parquet bisontin, « au regard de la nature et des doses des substances introduites dans ces poches de perfusion, il ne pouvait s'agir que d'actes volontaires, de nature à entrainer la mort des patients à qui ces substances étaient destinées » .
Dans ces conditions, une enquête préliminaire a été diligentée et confiée à la police judiciaire de Besançon conjointement à la Sureté départementale de la police de Besancon. Ce qui a permis d’effectuer un rapprochement avec deux autres évènements indésirables graves survenus en 2008 et 2016, à l'issue desquels les patients étaient décédés. Ces faits ayant déjà fait l'objet de l’ouverture d'informations judiciaires. Ces cas également survenus à la clinique Saint Vincent avaient permis à chaque fois d'établir un surdosage d'anesthésiques locaux. De même que trois autres évènements survenus en 2009, cette fois ci à la polyclinique de Franche Comté. L'enquête avait permis de déterminer que, dans un cas au moins, des doses inhabituelles de potassium avaient été retrouvées, là encore, dans une poche de ré hydratation.
Au regard de tous ces faits, les instructions ont été requalifiées en faits d'empoisonnements commis avec préméditation. Les investigations, menées sous le contrôle de deux magistrats instructeurs, ont conduit à l'interpellation samedi 4 mars d'un médecin anesthésiste ayant exercé au sein des deux cliniques pendant les périodes de temps où les sept évènements indésirables graves sont survenus. Ce médecin a été mis en examen hier du chef de sept empoisonnements avec préméditation. Il a été ensuite présenté au juge de la liberté et de la détention aux fins de placement en détention provisoire, sur saisine des magistrats instructeurs, conformément aux réquisitions du parquet.
A l'issue du débat contradictoire, un placement sous contrôle judiciaire a été décidé avec notamment l'interdiction de paraitre à la clinique Saint Vincent et à la Polyclinique de Franche comté ainsi qu'une interdiction d'exercer la profession de médecin anesthésiste. Le parquet a fait appel de ce contrôle judiciaire. Les investigations vont à présent se poursuivre sur commission rogatoire. Des expertises médicales ordonnées par les juges d'instruction sont également en cours.