Le drame s’est déroulé le 17 septembre 2015 à Seloncourt, aux alentours de 15h. Les sapeurs-pompiers sont avertis pour une blessure par balle, au domicile d’Hervé Vurpillot. Lorsqu’ils arrivent sur place, la victime, Abelsem Babaaroudj, est au sol, gisant dans une flaque de sang. Le tireur ne prévient pas les secours, et s’en remet à son ex-compagne, qui les appellera seulement 20 minutes plus tard. Les policiers trouveront de très nombreuses armes chargées et des munitions dans l’appartement de l’accusé. Selon le rapport des enquêteurs, Hervé Vurpillot s’est rassis pour consommer une bière, après avoir ouvert le feu. Immédiatement transféré en garde à vue, il présentait 1g28 d’alcool par litre de sang lors de son interpellation.
Une altercation qui tourne au drame
Les versions concernant l’altercation entre les deux hommes diffèrent. L’accusé se dit accro aux jeux, particulièrement le poker en ligne. Et il est en pleine partie, lorsqu’Abdelsem Babaaroudj débarque chez lui, pour réclamer des loyers impayés qu’Hervé Vurpillot lui doit depuis un certain temps. Seulement, le ton monte très vite entre les deux hommes, et l’accusé déclare s’être levé, calibre 38 en main, pour lui asséner un violent au visage avec son arme. Mais le coup de feu part, et Abdelsem s’effondre. La victime, elle, raconte qu’Hervé Vurpillot l’aurait menacé en soulevant son t-shirt pour exhiber l’arme qu’il portait à la ceinture, en guise de menace. Il lui aurait alors tourné autour, et aurait profité d’être derrière lui pour ouvrir le feu en direction de son visage. Si les deux versions diffèrent, une chose est avérée : le coup de feu serait parti alors que l’arme était à bout portant, la balle pénétrant la joue, et continuant sa trajectoire jusqu’à la nuque. En provoquant des lésions irréversibles au niveau de la moelle épinière, dans laquelle sont projetés de nombreux fragments osseux.
Une audience pesante
Le procès d’Hervé Vurpillot s’est ouvert devant la cour d’assises de Besançon jeudi à 9h. Face à lui, la famille de la victime, et ses enfants. Abdelsem Babaaroudj ne s’est présenté qu’à 14h, son état ne lui permettant plus d’affronter ces interminables journées, douloureuses aussi bien physiquement que moralement. Surtout lorsqu’il s’agit de réentendre chaque élément du dossier. C’est son ex-femme, présente à ses côtés, qui doit désormais essuyer les larmes qui s’échappent de ses yeux remplis de chagrin. Surtout lorsque ses enfants, à leur tour, s’effondrent lors de la lecture du rapport du président d’audience, rappelant le diagnostic médical de leur père : une incapacité permanente à 96%. Tétraplégique. « Un déficit total et permanent, qui nécessite l’aide d’une personne pour toutes les tâches de la vie courante » indique le président d’audience, Matthieu Husson.
Le tir a-t-il été intentionnel ?
C’est la question sur laquelle devra sans doute statuer la cour au terme de cette audience. Et la question à propos de laquelle les avocats présents de chaque côté de la barre ont pu s’affronter. Mais selon les experts, la réponse est très claire : « le tir accidentel est impossible avec un Colt 38 ». Et de très nombreuses expertises ont été réalisées durant l’instruction pour confirmer cette thèse. Yannick Barré, avocat de la défense, entrevoit tout de même une petite fenêtre en faveur de l’accident. « Il est probable qu’il y ait eu une action non intentionnelle sur la gâchette à ce moment-là ». Parce qu’il faut nécessairement, selon les experts en balistique, qu’il y ait une pression forte sur la queue de détente pour enclencher un tir. Une théorie qui n’a pas manqué de faire réagir la salle. La peine encourue pour meurtre est de 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict était prévu pour ce vendredi soir, si le programme de cette deuxième journée de procès particulièrement chargée n’évolue pas.































