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La Franche-Comté, terre de Hip-hop (Partie 3) : Stream For Funds, le label collaboratif qui met en avant des musiciens de Franche-Comté et de toute la France

Publié le 09 Juil. 2022 à 15:07
Tags: culture |
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La Franche-Comté, terre de Hip-hop (Partie 3) :  Stream For Funds, le label collaboratif qui met en avant des musiciens de Franche-Comté et de toute la France

Toute l'équipe de Stream For Funds travaillant sur le projet Voyager à Paris (Photos Maxime Lemeunier)

La culture Hip-hop n’a pas de frontières. Depuis son émergence dans les années 1970 à New York, précisément dans le Sud du Bronx, cette culture n’a cessé de s’étendre et de s’exporter à l’étranger. Issue de la jeunesse afro-américaine, elle a été caractérisée tout d’abord par cinq pratiques fondatrices : le rap, le beatbox, le “DJing”, la danse et enfin le graffiti. Par la suite, le Hip-hop ne s’est plus limité seulement à ces formes d’art et ces éléments se sont eux mêmes émancipés de cette culture. Ces dérivés peuvent être observés aujourd'hui à travers toute la planète et même localement chez nous, en Franche-Comté, terre de Hip-hop qui reproduit certaines pratiques mais est aussi innovatrice et influence de nombreux territoires et artistes.

Cette dernière partie concerne la pratique la plus célèbre du Hip-hop, dans sa sphère musicale : le rap. Musique la plus écoutée chez les jeunes et pas seulement, le rap est polarisé dans les grandes villes mais en Franche-Comté aussi des artistes se rassemblent et créent ensemble. C’est ce qui se passe notamment dans le label Stream For Funds, fondé par le bisontin Félix Langlais, qui rassemble des rappeurs, chanteurs et producteurs de toute la France. 

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Le beatmaker bisontin Axel Elphege dans le studio d'enregistrement de l'album Voyager

Une communauté créative

Plus qu’un label classique, Félix Langlais décrit son projet, débuté il y a un peu plus de deux ans, comme une volonté de rassembler des artistes “et pas seulement musicaux, pour créer ensemble”. Dans la tête du jeune homme de 21 ans depuis longtemps, le projet a vu le jour pendant le confinement comme nombre d’initiatives créatives. Il s’est renforcé petit à petit par la collaboration avec de multiples artistes, sélectionnés “d’abord par un concours avec des prods envoyées à Félix” nous apprend le beatmaker jurassien Lancelot, membre de Stream For Funds. Après cette période de sélection, la tâche était de faire se rencontrer les artistes pour le créateur du label. Celui-ci nous confie que cette phase s’est déroulée “assez naturellement” en laissant parler les affinités et c’est ainsi que deux projets musicaux ont pu naître : l’EP Troisième Vague et l’album Voyager. 22 titres disponibles aujourd'hui sur toutes les plateformes de streaming et qui ont pu mettre en lumière la large palette musicale du label. Plutôt orienté exclusivement vers le rap à l’origine, celui-ci s’est aussi dirigé vers des couleurs davantage pop, rnb, voire jazz sur certaines instrumentales de Lancelot. L’artiste salinois âgé de 21 ans, venu de la musique traditionnelle par la flûte traversière et le piano, s’est peu à peu initié à partir du lycée aux logiciels de musique et à la composition par ordinateur. 

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Le beatmaker jurassien Lancelot

Une initiative bisontine rassemblant toute la France voire plus

Pour répondre à la parfois trop grande polarisation dans les grandes villes des grands artistes, Félix Langlais présente l’argument de la “proportionnalité”. “Il y a forcément plus d’artistes connus dans des villes comme Paris mais on voit que y’a beaucoup d’exemples de grands artistes venus de petites villes”. C’est pourquoi le créateur de Stream For Funds n’a pas voulu mettre de barrières sur la portée de son projet. Même s’il y a de nombreux beatmakers francs-comtois “par la force des choses, par les contacts”, les rappeurs, chanteurs, producteurs viennent des quatre coins de la France. Tous ces artistes de différents horizons ont d’abord travaillé à distance pour le premier EP avant de se rencontrer physiquement à Paris, dans un studio, pour l’album Voyager. Pour Lancelot, le travail à distance était “intéressant” et le premier EP a permis au groupe d’artistes de “s’introduire”. Quant à l’album, grâce à la professionnalisation du studio et à “une grande cohésion”, celui-ci a pu être plus abouti avec une meilleure homogénéité dans la qualité des sons. Pour Félix, c'est au moment de cet album qu’il s’est dit qu’il "pouvait vraiment développer le projet” et ce, au-delà des frontières avec des artistes aussi hors de l’hexagone.

 

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Le beatmaker Lancelot travaille autant à distance qu'en groupe directement

Un label “pour la culture”

Plus qu’un label musical, Félix Langlais nous parle d’une véritable initiative "pour la culture" en reprenant une expression courante dans le milieu du rap. Cette culture, c’est le Hip-hop mais c’est aussi une culture plus globale. Félix, qui s’est initié à cette culture “via principalement le basket” nous la décrit comme “un esprit de débrouille, de solidarité : tout le monde  se rencontre, tout le monde est ouvert”. Cette mentalité et ces valeurs, c’est ce qu’a voulu mettre en avant l’étudiant bisontin dans son projet. Pour lui, la transmission est importante en rassemblant des artistes de tout âge et en les mettant sur le devant de la scène. Aussi, la générosité était une pierre angulaire du projet à l’origine même si Félix concède que, pour l'instant, les partenariats avec des associations sont complexes : “on pèse pas grande chose donc on a pas grande chose à apporter”. Dans l'avenir, il espère en tout cas étendre plus amplement ces deux valeurs. Pour ce qui est de la définition musicale du Hip-hop, Lancelot ne s’accorde pas sur le constat que “le terme ne veut plus rien dire”. Il estime simplement qu’on observe une évolution impressionnante du mouvement qui inclut des sonorités “jazz, rock, soul mais aussi rnb”. Selon lui, “on a tendance à valoriser ce qui sort du lot, ce qui sort des cases et c’est ça qui créé des nouvelles modes et qui modifie le style”. Un style que Stream For Funds, par sa communauté créative, participe à modifier. 

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Félix Langlais, créateur de Stream For Funds

Au-delà d’être un projet musical, Félix Langlais nous rappelle que ce label est avant tout “un projet humain”. "Ça a été une rencontre avec des artistes sur la même longueur d'ondes, c'est devenu des amis pour la plupart”. Des amis qui vont continuer de collaborer mais dans un nouveau projet puisque Stream For Funds va prochainement redéfinir son identité visuelle. Au delà de changer le nom et le logo, Félix ne module pas seulement la forme, il a plusieurs volontés dans cette nouvelle étape du label. Il souhaite d’abord “tirer les conclusions de ces deux ans d'expérience" mais également “plus impliquer les artistes" afin de “passer à une étape supérieure" et "inscrire le projet dans la durée”. Une évolution donc entre continuité et nouveauté que le beatmaker Lancelot va suivre en espérant y participer. Le label collaboratif a donc de belles années devant lui et les deux premiers projets Troisième Vague et Voyager ne sont peut être que les prémisses d’une marque appelée à s'installer durablement dans le paysage musical français.

 

Le podcast de la rédaction / Matéo Bonin et Félix Langlais     

Le podcast de la rédaction / Matéo Bonin et Lancelot Vega