Eugénie Burnier
Malgré une édition 2025 saluée par le public et marquée par une affluence de 20.000 festivaliers, le Festival de la Paille se prépare à un virage stratégique. Eugénie Burnier, directrice de l’événement, explique pourquoi la réinvention est désormais au cœur de son projet.
« Bouger les lignes » pour survivre
« Oui, c’est ça : il faut réinventer ce qu’est un festival de musique aujourd’hui », résume la responsable. Le constat est clair : si l’édition 2025 fut un succès populaire et artistique, l’équilibre financier reste fragile. Quatre mille billets payants manquaient cette année pour assurer la pérennité économique. Or, les coûts de production explosent : cachets artistiques en forte hausse, contraintes techniques et de sécurité incompressibles, et dépenses globales dopées par l’effet post-COVID. « Notre économie repose presque exclusivement sur la billetterie, les bars, la restauration et le merchandising », détaille la directrice. « Face à des recettes incertaines et à des charges exponentielles, l’équation devient impossible. »
L'interview de la rédaction : Eugénie Burnier
Entre têtes d’affiche et culture émergente
Pour un festival indépendant et généraliste, la programmation est un exercice d’équilibriste. D’un côté, il faut proposer des têtes d’affiche capables d’attirer un large public. De l’autre, il faut honorer l’engagement de soutenir les artistes émergents. « C’est notre responsabilité, et c’est au cœur de notre ADN », insiste Eugénie Burnier. Certains artistes sont conscients de cette tension économique et agissent : Les Ogres de Barback ou encore La Rue Kétanou ont porté des messages de soutien à la scène indépendante. Mais la concurrence entre festivals reste rude, notamment face aux événements portés par de grands groupes privés, mieux armés financièrement.
Garder l’indépendance comme ligne rouge
Le Festival de la Paille, né il y a 25 ans d’une bande de copains, montant une scène dans un champ, revendique toujours son esprit bénévole et territorial. « C’est une aventure humaine avant tout. Cette indépendance fait partie de notre ADN », affirme la directrice. Elle observe, sans jugement, la concentration croissante du secteur : « Une cartographie récente du Syndicat des musiques actuelles montre bien le ruissellement vers des entreprises privées. » Mais pas question de « vendre son âme ».
L'interview de la rédaction : Eugénie Burnier
2026 : une page blanche à écrire
La décision est prise : l’édition 2026 sera différente. « Ce ne sera pas ce que les festivaliers connaissent, mais ce sera toujours ensemble », annonce Eugénie Burnier. Les équipes réfléchissent à un nouveau format, dans un mélange d’excitation et de vertige. « Dire que le modèle actuel ne fonctionne plus est effrayant, mais la peur fige. Nous, nous voulons avancer », conclut-elle.
L'interview de la rédaction : Eugénie Burnier