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La Confédération paysanne demande un « plan de vigilance et d’amélioration des conditions de travail et de rémunération Â» pour les saisonniers après quatre décès et la fermeture, mardi, d’hébergements collectifs de vendangeurs, jugés « indignes Â» et « insalubres Â» par la préfecture de la Marne. Le syndicat milite notamment pour l’inscription dans le Code du travail d’une définition spécifique du travail saisonnier en agriculture, des conditions de logement dignes et  une augmentation des rémunérations.

C’est parti pour l’édition 2023 des vendanges. En fonction des secteurs, le ramassage du raisin diffère. Dans le Jura, à Montigny-les-Arsures, au domaine Tissot, les sécateurs se mettront véritablement en action ce mercredi avec le début des vendanges pour le crémant. Après plusieurs années difficiles, les viticulteurs jurassiens s’attendent à une bonne cuvée.  

Valérie Tissot, l’hôte des lieux, prévoit « une très belle récolte Â». La qualité et la quantité devraient être au rendez-vous. Une aubaine, après les saisons 2017, 2019 et 2021 qui ont laissé des traces. Les caprices du temps n’avaient pas épargné les viticulteurs qui n’arrivent toujours pas à s’en remettre pour certains. La période estivale  n’a néanmoins pas été de tout repos. Si le soleil et la chaleur ont facilité le développement des grappes de raisin, les fortes pluies et l’humidité auraient pu anéantir une  fois de plus le travail des viticulteurs. « Il a fallu lutter contre le mildiou. Nous ne serons donc pas impactés par la maladie cette année. Les pieds sont bien garnis. Les raisins sont sains Â» précise Mme Tissot.

Crémant et poulsard

Dans un premier temps, l’équipe de vendangeurs concentrera son énergie sur les vignes destinées à la fabrication du crémant. Puis, il faudra s’occuper de la matière première servant à l’élaboration du poulsard. « On devra s’en inquiéter rapidement pour que les degrés ne s’envolent pas. Il faut à tout prix éviter la surmaturité Â» conclut la vigneronne.

L'interview de la rédaction / Valérie Tissot

 

Comme chaque année, les Jurassiens ont célébré le biou, cette énorme grappe de raisin pesant jusqu’à 100 kilos. Cette tradition ancestrale veut que les vignerons offrent à Dieu les prémices des vendanges. Le biou traverse la commune d’Arbois pour rejoindre l’église Saint-Just, où elle est bénie. Puis, une commémoration se déroule devant le monument aux morts de la commune. Cette année encore, cette fête populaire, d’origine religieuse, a fait le plein, en rassemblant un public nombreux.

Cette année, la saison des vendanges arrive beaucoup plus tôt que prévu. Si cette précocité due au changement climatique inquiète les vignerons, l'inquiétude est aussi de savoir s'ils arriveront à vendanger tous leurs raisins à temps. Tous les postes de vendangeurs sont loin d’avoir trouvé preneur. Une situation qui ne rassure pas les viticulteurs, d’autant plus que l’année fut difficile avec les très fortes chaleurs et une sécheresse des plus intenses. Nous avons rencontré Patrick Clavelin, un des gérants du domaine Hubert Clavelin à Le Vernois dans le Jura.

 

Une rude saison

Un été caniculaire et une sécheresse qui s’installe et s’éternise ; tels sont les éléments qui poussent les viticulteurs à entrevoir des premières vendanges dès la mi-août. « On a tous le même problème en agricole comment viticole, c'est la sécheresse. Normalement la vigne adulte ne craint pas trop la sécheresse parce qu'elle est enracinée très profondément. Elle peut aller à des endroits jusqu'à 5-6 mètres. Par contre elle craint la canicule, parce que ça l'empêche de respirer et de transpirer le matin. Il n’y a pas de pas de rosé le matin alors qu’elle s’en nourrit beaucoup. Les jeunes vignes qui ne sont pas enracinées très profondément ont souffert, et souffrent encore. Donc on va être obligé de précipiter un peu les vendanges parce que les pieds sont très à mal, et puis les raisins deviennent flapis, ça va être compliqué Â» explique Patrick Clavelin.

 

Des vendanges dès la fin de semaine ?

Si quelques domaines jurassiens ont déjà débuté leurs récoltes, celui d’Hubert Clavelin projette des premières vendanges dès la fin de semaine. « On a eu les résultats des premiers prélèvements pour savoir à peu près où on en était au niveau des sucres qui sont l'alcool probable. Les raisins ont varié et c'est un peu hétérogène dans les mêmes vignes et puis dans les mêmes pieds. Donc ça va se niveler, je pense, avec le petit coup d'eau qu'on aura et le pronostic en accord avec les services de la préfecture. Je pense qu’on devrait commencer soit en fin de semaine, mais surtout le gros du lot à partir de lundi prochain Â» souligne le viticulteur.

 

Un cruel manque de main d’œuvre

Cette année, en plus de la problématique de l’eau, de la sécheresse et de la canicule, l'inquiétude est aussi de savoir si les viticulteurs trouveront assez de personnel afin de récolter tous leurs raisins à temps. Depuis plusieurs années, une pénurie de saisonniers se fait ressentir. Tous les postes de vendangeurs sont loin d’avoir trouvé preneur. « C'est vrai que c'est un petit peu de notre faute, on vendange maintenant en même temps que le sud de la France et que la vallée du Rhône. Certains saisonniers faisaient la saison complète en commençant dans le midi, puis dans la vallée du Rhône, dans le Beaujolais, et puis ils finissaient chez nous et enfin en Alsace. Mais maintenant les vignobles septentrionaux dont on fait partie, sont vendangés pratiquement en même temps que les autres à cause du dérèglement climatique, et c'est vrai que ça pose problème. En plus de ça, pour les quelques vendangeurs qui doivent se loger sur la région, ils sont en concurrence avec les estivants qui sont encore là dans les campings, maisons d'hôtes et gîtes Â».  

 

Patrick Clavelin : 

 

Plus de 4000 postes de vendangeurs sont proposés actuellement dans la région. Cette année, la récolte du raisin s’annonce plus précoce que l’année dernière. La date prévisionnelle de son lancement est prévue autour du 20 août.

Les postes recherchés (principalement coupeur et porteur) sont ouverts à toutes et tous, sans diplôme ou expérience requis. Les viticulteurs recherchent principalement des personnes motivées pour travailler dans une ambiance conviviale. Pour connaître et déposer les offres ou  postuler : www.pole-emploi.fr ou www.lagriculture-recrute.org   

Les fortes températures du moment ont un impact sur le développement du raisin. Si les vignes aiment le soleil, elles n’apprécient pas la canicule. Les terres manquent cruellement d’eau et les rayons du soleil grillent les grappes de raisin qui apparaissent. Au Vernois, dans le Jura, au domaine Hubert Clavelin, les yeux sont rivés vers le ciel. Si les orages sont craints, on espère que la pluie sera au rendez-vous et les que les rayons du soleil seront moins puissants. La chaleur actuelle empêche la vigne de « souffler et de se refroidir Â». Ce qui inquiète grandement. Par exemple, cette nuit, à minuit, le thermomètre affichait encore un historique 30°.

L’arrosage est interdit

Le cahier des charges de l’appellation d’origine contrôlé est têtu. L’arrosage sur les terres où sera pratiqué la récolte est interdit. Seuls les plants qui ne portent aucune récolte peuvent en bénéficier. Dans ces conditions, les viticulteurs sont très indépendants des aléas climatiques. Etant donné qu’il leur est impossible d’intervenir efficacement sur leurs cultures en danger.

Rendez-vous à la fin août

La date des vendanges se précise dans le Jura. Rien n’est encore définitif, tant les incertitudes demeurent, mais les vendanges 2022 pourraient débuter autour du 22 août prochain. Les professionnels espèrent que Dame météo sera modérée. Un savoureux mélange de soleil,  pour assurer le bon développement de la matière première et son apport en sucre, de températures agréables et de quantité de pluie raisonnable est souhaité. Il faudra aussi trouver les bras pour participer à la récolte. Ce qui devient de plus en plus compliqué. Mais à chaque étape suffit sa peine.

L'interview de la rédaction / Huber Clavelin