Ce jeudi matin, Français Braun, le ministre de la santé, était à Besançon où il s’est rendu dans deux laboratoires privés, implantés dans le pôle Témis santé. Peu avant, il a échangé, en compagnie de Marie Guite Dufay, avec la commission santé de régions de France. Réunis en intersyndicale ce matin, une centaine de soignants de l’hôpital Minjoz de Besançon ont tenté d’interpeller François Braun pour échanger avec lui sur les moyens et la situation des hôpitaux publics en France et le prolongement de l’âge de départ à la retraite. Empêchés par les forces de l’ordre et gazés à deux reprises, les manifestants n’ont pu que rester à distance.
A l’image de Marc Paulin du syndicat Sud Santé, les syndicats et le personnel soignant de l’hôpital Minjoz dénoncent « la méprise de ce gouvernement ». Ils regrettent que François Braun n’ait pas dénié rencontrer les 7200 personnes qui travaillent au centre hospitalier dans des conditions difficiles. « Ces femmes et ces hommes qui se sont dévoués corps et âmes durant trois ans » explique M. Paulin. Et de conclure : « sans doute que le ministre avait d’autres préoccupations. Notamment la défense des laboratoires privés, qu’il a visité ce matin ».
L'interview de la rédaction : Marc Paulin ( syndicat Sud Santé)
Une prise de conscience nécessaire
Depuis deux ans, la situation de l’hôpital bisontin ne s’améliore pas. Les arrêts de travail sont une réalité. Ils atteignent plus de 10% des effectifs aujourd’hui. 149 lits sont actuellement fermés faute de personnel. Les recrutements sont difficiles et ne permettent pas de combler les départs. « Nous n’arrivons pas à reprendre une activité normale. Le pôle chirurgie fonctionne à 80% de ses capacités. Sans parler de la situation des urgences ». La réforme des retraites cristallise également la colère. Marc Paulin rappelle que « ¼ des infirmières et 1/3 des aides-soignantes, qui partent en retraite, ont développé des pathologies liées directement à leur travail ». Le responsable syndical ajoute que « l’espérance de vie d’une infirmière est de 6 à 10 ans inférieure à la moyenne nationale ». Des arguments que le gouvernement peine à entendre.
L'interview de la rédaction : Marc Paulin (syndicat Sud Santé)
François Braun, le ministre de la Santé et de la Prévention est en déplacement à Besançon ce jeudi. Il est tout d’abord prévu un temps d’échanges avec la commission santé de régions de France. A 10h45, il visitera le bâtiment Bio-innovation du technopôle Témis Santé de Besançon. Il se rendra ensuite, vers 12h, à l’entreprise RD-Biotech.
Le ministre de la santé, François Braun, se rendra ce lundi 3 avril dans le Jura. Il ira au centre hospitalier Jura Sud, à Lons-le-Saunier, pour échanger avec les équipes médicales, puis il rencontrera des agents de l’ARS de Bourgogne-Franche-Comté, toujours dans la capitale jurassienne. François Braun échangera sur l’application de la loi Rist, concernant le plafonnement des rémunérations des médecins intérimaires et rappellera « la mobilisation des services de l’état pour assurer la continuité des soins sur l’ensemble du territoire ». Son arrivée est prévue vers 17h.
Jean-Yves Ravier, le Maire de Lons-le-Saunier, vient de s’adresser par courrier au Ministre de la santé, François Braun. Il l’informe sur les difficultés que connaît le système de santé dans le Jura. L’édile évoque la situation de l’hôpital de Champagnole, et de ses consultations non programmées et de la ligne de SMUR, et de l’hôpital de jour de Saint-Claude. Des suspensions et fermeture qui s’ajoutent à la fermeture de la maternité de Saint-Claude et au phénomène de désertification médicale qui touche de nombreux territoires jurassiens, dont le secteur de Lons-le-Saunier.
Né à Belfort en 1962, François Braun est le descendant de quatre générations de médecins belfortains. Son père a été pendant près de vingt ans le chef du service des urgences de la cité du Lion. Son arrière-grand-père, le Dr Henri Braun, a fondé l’ancienne clinique médicale Braun de Belfort. En 1979, il entre en première année de médecine à Nancy, soutient sa thèse en 1989 et reste au service des urgences de Verdun qu’il a intégrées lors de sa sixième année.
Avant d'être nommé au gouvernement, François Braun dirigeait le service des urgences du CHR de Metz-Thionville. Il y officiait depuis juin 2009. D'abord en tant que praticien hospitalier, puis comme médecin-chef des urgences depuis quatre ans. Depuis 2014, Braun est président de Samu Urgences de France (SUdF). En janvier, le président Macron l’a nommé référent santé pour sa campagne, puis fin mai, il l’a missionné pour un rapport flash sur la situation des urgentistes.
« Urgentiste je suis, urgentiste je reste, avec dans mon ADN la volonté de qualifier les problèmes et agir rapidement pour les résoudre. » clame François Braun lors de sa première allocution en tant que ministre de la Santé. « J’ai accepté le poste pour essayer de relever les enjeux pour la santé, pour nos concitoyens, pour les soignants. »
Selon des informations recueillies sur Franceinfo, Patricia Schneider, responsable locale du syndicat SUD-Santé, affirme « qu’il n'était pas très présent sur le terrain ». Elle se souvient l'avoir « surtout vu en période Covid, quand il a fallu organiser les transferts de malades et qu'il y avait les caméras ».
François Braun « connaît très bien ce sujet [les urgences], il a un caractère posé et réfléchi, il n'est pas à la recherche du buzz », juge Christian Rabaud, infectiologue au CHU de Nancy, interrogé par France 3 Grand Est.
« Il sait écouter tout en restant ferme sur ses positions. Il a la méthode pour convaincre sur des propositions phares qui peuvent heurter certaines catégories professionnelles » salue Agnès Ricard-Hibon, la cheffe du Samu dans le Val-d'Oise, membre de Samu-Urgences de France, dans Marianne.
« François Braun a toujours voulu faire marcher son service coûte que coûte » regrette Pascal Pannetier, ancien psychiatre aux urgences de Metz-Thionville, dans le même hebdomadaire. « Il a répété partout dans les médias qu'il y avait un problème budgétaire à l'hôpital. Et en même temps, il a été le premier à faire fonctionner un service qui se désorganise, sans prendre en compte la souffrance de ses collègues, dont beaucoup ont été en arrêt maladie pour cause de surmenage, ou sont tout simplement partis. »
« Pour nous, cette nomination est une véritable provocation » a réagi Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France sur Franceinfo. « Comment pouvons-nous avoir confiance dans ce monsieur ? Les propositions qui sont faites par François Braun sont catastrophiques. Il explique qu'on peut fermer les urgences la nuit. Il ne représente pas les urgentistes », poursuit-il.
Le président de l'Association des médecins urgentistes de France, Patrick Pelloux, est très opposé à la régulation d'accès aux urgences, une des conclusions de la "mission flash" de François Braun. Selon lui, « en refusant l'accès aux urgences, on s'éloigne de notre mission de service public ».