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Ouverte à l’échelle nationale, Musiciennes à Besançon (MAB) est une opération d’accompagnement qui propose à trois équipes artistiques (femmes ou minorités de genre, en solo ou groupe) de bénéficier d’une semaine d’immersion au Bastion et à la Rodia encadrée par des professionnels pour travailler leur projet musical et s’interroger sur le statut de femme artiste.

L’initiative est née d’un constat et de chiffres alarmants, notamment publiés dans le rapport du Centre National de la Musique. Si les écarts salariaux entre les hommes et les femmes sont encore très majoritairement inégalitaires dans ce milieu, ce rapport annuel relevait que seulement 17% des artistes qui se produisent sur scène sont des femmes en France. Et elles représentent 10% des artistes dans le rap, 11% dans l’électro et 14% dans le rock. « C’est une triste réalité. Aujourd’hui, les femmes ont beaucoup moins d’accès à la création […] Elles sont très peu représentées et en large minorité dans toute la chaîne de production Â» souligne David Demange, directeur de la Rodia. Initiée par le Bastion en 2022, cette opération encourage toutes les femmes musiciennes à s’exprimer, et souhaite permettre à plus de musiciennes d’être accompagnées et soutenues. Au Bastion, par exemple, seulement 15% des adhérents sont des femmes, des chiffres pourtant supérieurs à la moyenne nationale, explique Guillaume Dampenon, administrateur du Bastion. MAB, c’est donc un temps fort autour de la création féminine, à Besançon et en région Bourgogne-Franche-Comté. A travers ce projet, le Bastion, la Rodia et Mazette! entendent participer à l’accès en égalité à la pratique musical, tout en mettant en valeur la création féminine et en dynamisant le territoire autour de ces préoccupations.

Trois lauréates sélectionnées

L’année dernière, lors de la première édition, 116 candidatures avaient été envoyées. Cette année, 225 artistes ont répondu à l’appel. Et trois lauréates ont été sélectionnées par le jury. Championne, une musicienne de Rennes, Minimal, une artiste de Dijon et Oxytocine, une compositrice et interprète de Paris. Ces trois femmes vont pouvoir bénéficier d’un accompagnement du 24 au 28 avril. Cela passera notamment par une demi-journée de coaching scénique avec la coach Ghislaine Lenoir, des ateliers « ÃŠtre soi Â» afin de travailler sa posture artistique et sa féminité créative menés par la chorégraphe Bénédicte Le Lay, mais aussi un accompagnement stratégique de chaque projet par l’agence Mazette! et les équipes du Bastion et de la Rodia. Si les trois artistes ne présenteront pas directement le fruit de leur travail, elles proposeront un DJ set le mercredi 26 avril au bar L’Ephéméride à partir de 20h30. De nombreux rendez-vous ouverts au public seront aussi programmés dans plusieurs lieux. A commencer par le duo Ottis CÅ“ur qui jouera aux PDZ mardi 25 avril. Ou encore « La Cantatrice chôme (épisode 2) Â» qui sera diffusé aux Oiseaux Habitat Jeunes le jeudi 27 avril. Et bien sûr, Mélissa Laveaux, marraine de cette deuxième édition de Musiciennes, qui sera aux côtés des lauréates tout au long de la semaine, et qui clôturera cette édition en montant sur la scène de La Rodia vendredi 28 avril.

 

Guillaume Dampenon, administrateur du Bastion : 

 

Ce mercredi, c’est la journée internationale des droits des femmes. Cette année, elle se déroule sur le thème de l’innovation et des technologies pour l’égalité des sexes. Un sujet qui fait débat en pleine polémique sur la réforme des retraites, et de ses mesures, jugées sexistes et inégalitaires.

A Besançon, face à « l’inaction gouvernementale Â», qu’il dénonce, le milieu associatif se prend en main. A travers des collectifs comme « Nous Toutes Â», la nouvelle génération se mobilise pour faire changer les mentalités et démontrer que  les femmes veulent prendre toute la place qui est la leur dans la société. A l’image de Marine, étudiante bisontine, certaines d’entre elles montent au créneau pour imposer une juste équité entre les sexes, se battre contre toutes les violences et les préjugés et en finir avec l’insécurité.

« Lorsque nous faisons des collages sauvages la nuit, nous ne sommes pas en confiance. Nous nous méfions. À tout moment, on peut se faire casser la gueule par des personnes opposées à nos actions Â» explique l’étudiante. « Nous luttons tous les jours pour faire bouger les choses. Nous utilisons tous les moyens qui sont à notre disposition pour le faire Â». Et de conclure : « l’insécurité dans la rue, c’est de pire en pire. J’ai vraiment envie de me révolter par rapport à cela. Je n’ai pas du tout envie d’avoir un homme à mes côtés pour m’accompagner ». Marine pense à toutes ses amies qui ont déjà fait de mauvaises rencontres dans la rue.

L'interview de la rédaction : Marine, jeune étudiante bisontine