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C’est un métier qui fait partie du pastoralisme du massif du Jura. Les bergers sont des acteurs indispensables au bon fonctionnement de l’agriculture française et à la protection de l’environnement. Dans le massif du Jura franco-suisse, ils sont environ 150 à œuvrer sur un large territoire allant des Hôpitaux, au Mont de l’Herba, en passant par la Dôle et la Suisse. En fonction des exploitations agricoles qui les emploient, leurs missions peuvent évoluer, mais tous ont une même passion pour leur métier, les animaux et le milieu naturel dans lequel ils évoluent. Rencontre avec Babeth Roy, membre de la Confédération Paysanne et de l’association des bergers Franco-Suisse.

La bergère (62 ans), qui travaille dans la partie suisse du Mont d’Or, s’est découvert cette passion il y a plus d’une vingtaine d’années. Après une pause de vingt ans pour notamment élever son enfant, elle a décidé de reprendre du service. « Habiter sur son lieu de vie, être dans la nature, être libre et autonome, … » sont autant de privilèges qui l’ont convaincue de repartir en alpage. « Le contact avec les vaches et la nature est beaucoup plus ressourçant que dans un bureau avec des collègues » explique-t-elle. Et de poursuivre : « on est maître de son travail. On est seul. On organise nos journées comme on veut ». Depuis la fin mai, et jusqu’à la fin septembre, Babeth Roy travaille pour un éleveur suisse. Chaque jour, elle surveille et s’occupe de 46 vaches et veaux et un taureau, sur un espace de 99 hectares, réparti sur cinq pâtures. « J’interviens comme si c’était mes animaux » ajoute-t-elle.

« Des coordinateurs de la montagne »

C’est ainsi que se définit Babeth Roy. Elle apporte une protection à son troupeau et permet aux différents acteurs de la montagne de cohabiter le mieux possible. Chaque jour, elle parcourt entre 5 et 10 kilomètres. Ses missions : le contrôle des vaches, le soin des animaux, la gestion du sel et de l’eau, … .  Babeth le reconnaît, les bergers sont de moins en moins nombreux. Aujourd’hui la moyenne d’âge est d’environ une cinquantaine d’années. Pour sensibiliser aux enjeux du métier et assurer sa pérennité, elle s’emploie, avec l’association des bergers franco-suisse »,  à former la nouvelle génération. « En 1986, il y avait presque un berger dans chaque chalet » explique l’agricultrice. « Aujourd’hui, les chalets, logements de fonction du berger, ne sont presque plus occupés. Ce qui n’est pas sans poser problème pour l’entretien et le devenir de ce beau patrimoine d’alpage ». Et de préciser : « de toute façon, s’il n’y a plus de vache, le paysan monte en voiture et les bois ne sont plus pâturés. Ce qui représente un danger pour l’environnement et l’aménagement du territoire ».

« Vivre avec moins »

Être berger est une véritable philosophie de vie. A travers son activité professionnelle, Babeth s’engage également dans la protection de l’environnement. Elle veut donner du sens à son activité professionnel. Elle veut sensibiliser le grand public qu’elle croise sur son chemin. « Je suis contente de démontrer, que l’on pourrait vivre avec moins. Je prends un litre d’eau pour me laver tous les jours. J’ai un petit panneau solaire pour recharger mon portable. On peut vivre sans électricité. On chauffe l’eau avec du bois. On s’éclaire avec des lampes solaires. On peut vivre comme cela ». « Pendant cinq mois de l’année, mon empreinte écologique est faible. Si tout le monde avait un peu conscience de cela, peut être que nous n’en serions pas là au niveau de la planète » poursuit notre hôte. Et de terminer : « à l’alpage, on prend le temps de vivre, de regarder les choses, d’observer. On voit la vie différemment. On essaie de consommer mieux. On fait du jardin. Il y aussi le marché et les producteurs bio qui exercent dans le secteur. On peut consommer local facilement ».

L'interview de la rédaction