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Après leur débâcle commune lors des dernières élections présidentielles, les partis traditionnels de la gauche et de la droite effectuent un retour remarqué avec ces élections régionales. 

À un an de la plus grande échéance électorale du pays, le Parti Socialiste et Les Républicains font un retour remarqué. Absents du second tour des présidentielles en 2017, les deux partis historiques de France ont profité de ces 4 années pour se reconstruire et pour reforger pierre par pierre leur crédibilité. S’ils sont revenus sur le devant de la scène, la gauche et la droite ont pris des chemins bien différents pour arriver à leur fin. Jugés de plus en plus « mous » et centristes à l’aube de l’ascension d’En Marche, les partis de gauche comme de droite ont profité de l’exode macroniste de certains socilaistes/républicains pour renforcer leur identité respective. En d’autres termes, la gauche s’est « gauchisée », et la droite s’est « droitisée ».

Hollande-Valls : duo perdant

En 2012, c’est la consécration pour la gauche. Après 17 années de présidents affiliés à droite (12 pour Jacques Chirac, 5 pour Nicolas Sarkozy), la gauche revient au pouvoir, François Hollande en tête de gondole. Ce n’était plus arrivé depuis le double septennat de François Mitterrand entre 1981 et 1995. Pourtant, les électeurs vont vite déchanter, reprochant au président socialiste une gouvernance jugée trop à droite pour les électeurs de gauche, et trop à gauche pour les électeurs de droite. Un point de non retour est même atteint lorsque la fonction de Premier Ministre est donnée à Manuel Valls, dont les idéaux aujourd’hui sont plus proches des lepénistes que des mélenchonistes. En 2017, les électeurs ne manquent pas de faire payer le PS pourtant représenté par un candidat aux valeurs bien plus gauchistes. Benoît Hamon, vainqueur de la primaire socialiste, ne recueille que 6% des suffrages et quitte même le parti après les élections pour créer Génération.s.

À gauche, l’union fait la force

Pour se relever, la gauche a misé sur deux stratégies : retrouver son identité et ses valeurs sociales, et s’allier avec ses partenaires naturels. Des stratégies déjà bien visibles lors des dernières élections municipales où les alliances ont permis de remporter ou de conserver de nombreuses villes. Si l’on a beaucoup parlé de « vague verte » à l’été 2020, il s’agit en réalité d’une vague « rouge-rose-verte ». Car si les maires de ces villes sont pour la plupart des écologistes, nul doute que ces derniers ont largement profité de l’électorat socialiste, dont les représentants ont parfois choisi la mise en retrait au profit de la victoire. Un constat de nouveau visible ce soir lors des élections régionales où sur les 13 régions métropolitaines, 8 ont vu une alliance de de la gauche et des écologistes se former.

Les républicains à la pêche au RN

La crise a sans doute été moins intense à droite qu’à gauche. Pour cause, avant les affaires de justice l’ayant touché de plein fouet, c’est bien François Fillon qui apparaissait comme le favori aux dernières élections présidentielles. Toujours est-il que 4 ans plus tard, la droite ressort très forte de ces élections régionales. Leader national des suffrages, la droite a misé sur la récupération des électeurs lepénistes pour reprendre son statut de premier parti de France. En Franche-Comté par exemple, le programme du candidat républicain Gilles Platret présentait de nombreuses similitudes avec le programme de Julien Odoul (RN).  Dans un contexte national où le sentiment d’insécurité enfle, les électeurs ont été séduits par le discours justement très sécuritaire favorisant le renforcement des forces de l’ordre et la mise en place de vidéosurveillance. La liste de Gilles Platret s'est même élargie jusqu'à une alliance au parti de Nicolas Dupont-Aignan Debout la France, qui s'était lui-même allié à Marine Le Pen en 2017.

Les macronistes en marche vers la débâcle

La victoire de la gauche et de la droite traditionnelles est aussi et surtout l’immense défaite de la majorité présidentielle. La crise des gilets jaunes et le coronavirus auront laissé de lourdes traces chez le parti centriste, de plus en plus contesté au sein de l’opinion public. À un an des élections présidentielles, le parti d’Emmanuel Macron est au plus bas avec seulement 7% des suffrages nationaux et aucune région gagnée, LREM paye en grande partie 4 années de présidence où l’image de ses représentants n’a cessé de se dégrader. Annoncée comme une alternative aux partis traditionnels en 2017, LREM aura feint faire du neuf avec du vieux. De nombreux politiques de droite comme de gauche ont rejoint le parti, passant davantage pour des opportunistes avides de pouvoir qu’autre chose. Si en Bourgogne Franche-Comté, Denis Thuriot a péniblement pu se maintenir au second tour (11,7%), de nombreux candidats macronistes ont subi de véritables humiliations. Bruno Bonnell en Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Pietraszewski dans les Hauts-de-France, ou encore Vincent Terrail-Novès en Occitanie, n’ont pas atteint les 10% qualificatifs pour le second tour.

Alors qu’un accord semblait être trouvé entre  la socialiste Marie-Guite Dufay, arrivée en tête des suffrages à l’issue du premier tour, et Stéphanie Modde, cheffe de file des écologistes ayant rassemblé un peu plus de 10% des voix, on apprend cette après-midi que des divergences concernant le nombre de sièges alloués aux Verts pourrait remettre en cause une alliance qui semblait pourtant acquise. La réponse finale devrait intervenir dans la soirée après le dépôt officiel des listes.