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C’est une histoire tragique. Houcine Hakkar, ce jeune mécanicien de 23 ans, était abattu au volant de sa voiture d’une balle dans la tête le 8 mars 2020 à Besançon, après avoir été pris en chasse par des criminels déterminés. Houcine, cet homme sans histoire, très apprécié au sein de son quartier, s’est retrouvé, sans le comprendre, au cœur d’une guerre de dealers. Le jeune homme a seulement eu le malheur de circuler à bord du même modèle de voiture que celui recherché par les criminels. L’instruction de cet assassinat touche enfin à sa fin. L’un des huit mis en cause a admis sa présence dans la voiture des tireurs en reconnaissant sa participation. Trois de ces individus sont mis en examen pour assassinat, tentative d’assassinat et complicité de tentative d’assassinat. Pour cinq d’entre eux, une requalification en association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes. Un procès hors norme pourrait se tenir en 2024.

Quatre mois de fusillades répétées entre deux clans de trafiquants entre 2019 et 2020. Plus d’une douzaine de blessés par balles envoyés aux urgences. Et puis un homme, un innocent, qui perd la vie. Voici le tragique destin d’Houcine Hakkar. Le jeune homme de 23 ans, victime collatérale des règlements de compte entre trafiquants de drogue dans le quartier de Planoise. Une marche blanche avait été organisée en septembre 2020 par la famille. Plus de 250 personnes s’étaient réunies.

 

Une effroyable course-poursuite

Les faits remontent au 8 mars 2020, avenue Siffert à Besançon. Houcine Hakkar sort à peine de la douche lorsqu’un ami à lui vient le récupérer pour lui faire essayer la voiture qu’il vient d’acheter : une Mégane « sombre ». Un véhicule qui sera confondu par les assaillants lors de la soirée funeste. Selon les images des caméras de vidéosurveillance, à 21h16, on aperçoit Houcine et son ami, rouler tranquillement à bord du véhicule. 21h17, seulement une minute plus tard, une voiture s’approche d’eux, et se met à les suivre. 21h18, la course-poursuite se déclenche, les malfaiteurs commencent à percuter la Mégane, et font preuve d’un comportement très menaçant. Les deux amis sont terrifiés. Ils appellent immédiatement la police, qui envoie plusieurs patrouilles, et indique à Houcine de se rendre en direction du commissariat. Ce qu’il fait. Mais la course-poursuite est intense. Des coups de feu partent en leur direction. Les malfaiteurs les tamponnent jusqu’à ce que la voiture de leurs victimes s’encastre dans un poteau. Houcine Hakkar n’aura pas le temps de s’enfuir contrairement à son ami, et sera abattu d’une balle dans la tête. Au total, 28 traces d'impact ont été relevées sur la voiture.

 

Une messagerie cryptée

Le 21 mai 2021, au terme d’une longue et fastidieuse enquête effectuée par la police de Besançon aux côtés de plusieurs autres services, 8 individus sont identifiés grâce à un décryptage massif de données et un travail d’ampleur du JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) de Lille. 6 d’entre eux sont interpellés et présentés à la justice. Le septième avait été interpellé au début du mois de mars 2021 en Espagne. Le dernier quant à lui, leader de la bande, est toujours en fuite.

Le JIRS de Lille, dans le cadre d’une affaire de trafic de stupéfiants, a identifié des téléphones sécurisés par une technologie très poussée. Les enquêteurs ont tout de même réussi à décrypter un logiciel nommé « Sky ECC », leur permettant d’obtenir d’innombrables données sur des affaires criminelles en Europe. Par ce biais, le parquet de Besançon a pu obtenir les fichiers concernant l’assassinat de Houcine Hakkar et la période concernée. Par la retranscription de ces données, et la mise en parallèle de ces dossiers, une compréhension extrêmement fine de ce qu’il s’est véritablement passé a pu être établie. « Une fois ces données obtenues, elles ont pu être exploitées par les enquêteurs pour comprendre ce qu’il s’est passé, minute par minute » souligne Etienne Manteaux, le procureur de Besançon. Les auteurs de l'opération utilisaient des téléphones "PGP" (Pretty Good Privacy), qui permettent d'avoir un haut niveau de protection et de confidentialité, sur lequel le logiciel est installé et transfère les messages de manière cryptée.

 

Parmi les messages décryptés :

  • "On tue deux, trois personnes, les gens vont voir qu'on ne parle pas chinois. Tout Besac va être à nous".
  • "On va leur faire une vraie descente MP5" (en référence au fusil mitrailleur qui a d’ailleurs été utilisé pour l'assassinat de Houcine Hakkar). On tue, ça va les calmer »
  • "Je viens de me faire allumer. On m’a tiré 10 fois dessus, j’étais obligé de plonger. Il faut leur faire une dinguerie, ils visaient les têtes ces fils de pute. On va aller cramer la tour »
  • "On les a tamponné plein de fois jusqu' à ce qu'il fasse un accident, puis la balle dans la tête".

 

Hier, mercredi, s’ouvrait le procès de José Fernandes Dos Santos devant la cour d’assises du Doubs. Cet ancien veilleur de nuit à l’ADAPEI de Morteau est accusé de viol commis sur personne vulnérable et agression sexuelle au sein de l’établissement de santé, sur la période allant de 2013 à 2017. L’accusé, au casier judiciaire vierge, encourt 20 ans de réclusion criminelle. Il est placé sous contrôle judiciaire depuis 2017.

Pour cette deuxième journée de procès, l’accusé était soumis à un interrogatoire sur les faits et sur sa personnalité. Des membres de sa famille ont aussi témoigné.

“Une vie difficile”

Lors de son interrogatoire, l’accusé parle de ses antécédents de vie. Il a été battu par son père et sa sœur décrit sa scolarité comme très difficile. “Il était constamment puni dans une cave noire avec des rats”. José Fernandes Dos Santos a commis plusieurs tentatives de suicide, une en 2015 et une autre récemment le 24 mars 2023. Il suit également un traitement thérapeutique lourd depuis son burn out en 2015.

Des incohérences dans le dossier et un profil “macho”

L'accusé déclare ne plus avoir d'érections depuis un accident de travail en maçonnerie, en 1999. Dans le dossier, il avait affirmé deux autres dates de début de ce dysfonctionnement érectile : 2013 et 2015. Aussi, sa femme confesse qu'elle a menti dans ses premières dépositions à la gendarmerie quand elle affirmait qu'ils avaient "des relations sexuelles 3 à 4 fois par semaine". Aujourd'hui, elle affirme qu'ils n'en ont eu aucune depuis 2015.

L'avocate générale a questionné Monsieur Fernandes sur son rapport aux femmes. Celui-ci déclare en réponse : "je ne suis pas contre les femmes, je suis contre les femmes qui veulent savoir plus que les hommes".

Ces déclarations soulèvent des soupirs d’agacement dans l’audience. Autre moment de tension quand l’accusé continue ses complaintes sur sa vie personnelle sur des questions en relation avec les victimes. L'avocate de l’une d’entre elles, Mme Faustine Cheval, assène : "on va arrêter de parler un peu de vous, on va parler des victimes". Mr Dos Santos déclare à propos de ces dernières : "je ne leur en veux pas".

Une famille qui le soutient

A la fin de journée ont défilé les membres de la famille de l’accusé à la barre. La femme de Monsieur Fernandes décrit “un homme gentil et travailleur”. Son fils, lui, parle d' " un père exemplaire au grand cœur". Sur la relation entre ses parents, en procédure de divorce actuellement, il confie qu'ils formaient "un couple un peu détaché l'un de l'autre". Enfin, sa soeur se dit "très étonnée des faits". Elle ajoute que l'accusé a vécu chez elle. Il dormait dans la chambre de sa fille. "Il n'a jamais eu de comportements inappropriés".

“J’ai le cerveau tout mélangé”

A mi-journée, on assiste à un moment qui aurait pu être le basculement. Monsieur Fernandes se tient à la barre et manque de s'effondrer. Le juge lui permet de s'asseoir. Suite à une question d'une avocate de la partie civile sur un possible déni de ce dernier, l'audience retient son souffle et croit à des aveux. "J'ai le cerveau tout mélangé" affirme t-il.

Les deux avocates de la défense se lèvent, on perçoit la peur de l'aveu. Finalement, l'accusé confirme sa version : "ils mentent tous les trois, comme au théâtre". Il fond en larmes et termine par : "je veux en finir". L'audience est suspendue.

Le procès se poursuit dans la soirée. Verdict attendu demain soir. 

Après plusieurs jours de confusion à la cour d’assises de Haute-Saône autour du procès en appel de Nicolas Zepeda, la décision est tombée peu après midi : le procès est reporté de plusieurs mois. Les nouveaux avocats du Chilien, Me Portejoie et Me Dreyfus ont obtenu gain de cause en expliquant qu'il était impossible de prendre connaissance de ce lourd dossier et préparer leur défense à temps. Nicolas Zepeda avait été condamné à 28 ans de prison pour assassinat en première instance. Se présentant sans avocat ce mardi, Nicolas Zepeda s'était attaché, dans la foulée, les services de Me Renaud Portejoie, l’avocat clermontois. Le destin du chilien, qui continue de clamer son innocence, sera connu dans plusieurs mois, « peut-être en septembre » selon Me Portejoie, au grand dam de la famille Kurosaki, venue du Japon. Le président de la cour, François Arnaud, n'a encore pas donné de date précise.

Ce mardi devait s’ouvrir le procès en appel de Nicolas Zepeda à Vesoul. En avril 2022, le Chilien avait été condamné à 28 ans de prison pour avoir assassiné son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki sur le campus de la Bouloie à Besançon. Un crime qu'il continue de nier, alors que le corps de la victime reste introuvable. Premier retournement de situation ce matin, à peine commencée et avant même le tirage au sort des jurés, l’audience est suspendue. Pour cause, Nicolas Zepeda n’a plus d’avocat.

Les rumeurs s’intensifiaient ces dernières heures, elles sont désormais réalité. Me Antoine Vey, du barreau de Paris, ne défendra finalement pas Nicolas Zepeda. François Arnaud, président de la cour, a indiqué que Me Vey lui a adressé un courrier ce 18 février. « J’ai été informé que mon client n’entendait plus maintenir mon mandat de représentation. Je vous informe que je ne serai pas présent mardi matin. La situation m’empêchera en conscience d’assurer sa défense », a écrit Me Vey dans ce document. C’est alors Me Catherine Bresson, du barreau de Besançon, qui a été commise d'office pour la défense de Nicolas Zepeda, avant que l'audience ne soit suspendue pendant une heure. Une fois de retour dans la salle, nouveau rebondissement, et prise de parole de Me Bresson. « Nicolas Zepeda nous a indiqué qu'il avait un avocat choisi, Me Portejoie Renaud, du barreau de Clermont-Ferrand, lequel a accepté le mandat. Il sollicite un délai d'une journée complète pour préparer la défense de monsieur Zepeda". L'avocat général Etienne Manteaux s’est dit favorable à cette demande. Le procès en appel de Nicolas Zepeda est reporté à jeudi 23 février à 9h. 

C’est un procès hors-norme qui s’est ouvert ce matin au tribunal judiciaire de Besançon. Durant onze jours de procès, la cour va devoir s’adapter au décalage horaire entre la France, le Chili et le Japon, d’autant plus que 45 témoins venus de trois continents différents sont à entendre. Il faudra aussi traduire tous les échanges afin que les différentes parties puissent suivre les débats.

C’est habillé d’une chemise bleu ciel et d’une cravate un peu plus foncée que Nicolas Zepeda s'est installé dans le box derrière ses avocates, Me Jacqueline Laffont et Me Julie Benedetti. Ses parents sont arrivés ce matin au palais de justice de Besançon sans dire un mot, le visage fermé, tout comme la sœur et la mère de Narumi. Ces dernières n’ont d’ailleurs cessé de fixer l’accusé tout au long de l’audience, sans détourner une seule fois le regard.

Plus de cinq ans après la disparition de la jeune étudiante japonaise, Nicolas Zepeda, le principal suspect s'est exprimé pour la première fois devant la cour d'assises du Doubs. Ce dernier a commencé par remercier la cour de lui laisser cette occasion de s’exprimer et de répondre à cette accusation. Il a ensuite poursuivi en sanglot, clamant son innocence, et en soutenant ne pas avoir tué Narumi.

« Un grand merci de me permettre de vous adresser la parole. Et merci de me donner l’opportunité de répondre. Merci de me laisser répondre à cette horrible accusation. C’est une accusation monstrueuse. Ça fait 5 ans que Narumi a disparu. Et depuis, ça a toujours été un cauchemar. J’ai Narumi dans mes pensées depuis 5 ans. Et je ressens de la peine, le chagrin immense de sa famille, de sa maman. Nul jour ne passe sans que je les aie dans mes pensées. Mais je tiens à dire clairement que je n’ai pas tué Narumi. Je refuse toutes ces accusations qu’on porte devant moi. Et j’espère que ce procès apportera la vérité. La vérité et la lumière dont nous avons besoin pour la retrouver » Nicolas Zepeda