Choix du secteur :
Se connecter :
 

Une quarantaine d’étudiants en pharmacie se sont mobilisés ce mardi après-midi à l’UFR Santé de Besançon. Ils ont été rejoints par une petite délégation en provenance de Dijon. Leurs revendications ? Faire avancer une réforme qui stagne depuis 7 ans sur les bancs de l’Assemblée nationale.

 

C’est une manifestation nationale. Les 24 facultés de de pharmacie de France se mobilisaient ce mardi 21 novembre pour répondre à l’appel l’ANEPF, l’association nationale des étudiants en pharmacie de France. En 2 semaines, les membres de l’association sont allés dans les villes comportant une faculté de pharmacie pour sensibiliser les étudiants à la cause de la réforme du troisième cycle des études pharmaceutiques et les appeler à se mobiliser. « Il fallait s’y attendre, au bout de 7 ans, les étudiants en pharmacie allaient forcément devoir aller plus loin pour se faire entendre, car non, ça n’est pas comme ça que l’on traite les soignants de demain Â» explique l’ANEPF.

 

Parmi leurs revendications :

 

  • Le doublement de l’indemnité de stage des étudiants de 550€/mois à 1250€/mois net sur les 12 mois de DES au lieu des 6 mois de stage actuels (avec modèle « d’alternance Â» stages/enseignements).

 

  • La création d’indemnités forfaitaires de transport pour les étudiants exerçant loin de leur UFR/domicile (130€ bruts/mois si exercice à +15km de l’UFR/domicile).

 

  • La création d’indemnités d’hébergement en zone sous-dense (300€ bruts/mois si exercice en zone sous-dense et logement onéreux pour l’étudiant). Ainsi, les étudiants pourront être aidés pour exercer en zone sous-dense et l’alternance enseignements/stages sera plus facile.

 

  • La revalorisation du statut étudiant en statut public qui va de pair avec la revalorisation des indemnités de stage.

 

  • La création du statut de maître de stage universitaire (MSU) pour les maîtres de stage.

 

Témoignage de Lucie, en 5ème année de pharmacie filière industrie, et Rémi, en quatrième année filière officine : 

 

 

Si vous êtes allés récemment en pharmacie, vous avez dû vous rendre compte de cette affiche, proposée par plusieurs organisations et syndicats pour alerter sur les pénuries de médicaments. Doliprane, Dafalgan, Efferalgan, ou encore Amoxicilline, ces derniers mois, des tensions d'approvisionnement pèsent sur de nombreux médicaments. Et la situation pourrait encore durer quelques temps.

Depuis des mois maintenant, les autorités sanitaires comme les pharmacies alertent sur les tensions qui pèsent sur l’approvisionnement des médicaments. En ce début d’année 2023, la situation s’est tout sauf améliorée. Des pharmacies ont même dû mettre la main à la pâte pour produire elles-mêmes des molécules en rupture de stock. Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine chiffre à 3.000 le nombre de molécules en rupture de stock, soit deux fois plus par rapport à l’année dernière. Pour l’heure, les professionnels se mobilisent pour trouver des solutions afin que chaque patient puisse être approvisionné correctement. « Des solutions ponctuelles et très chronophages Â» indique Nadine Bodin-Brotelande, co-présidente du syndicat des pharmaciens du Territoire de Belfort. Des produits sont très touchés, comme le paracétamol, des anti-inflammatoires, ou même certains antibiotiques. Tout cela dans un contexte hivernal qui n’arrange pas les choses. « Malheureusement, avec cette conjoncture d’hiver où on a besoin des antibiotiques, les pathologies vont s’atténuer. Cette pénurie touche plus particulièrement les molécules dont on a besoin en ce moment, en hiver. Mais ça ira de mieux en mieux avec l’arrivée du printemps […] On reste très pénalisé, notamment pendant les gardes, on est toujours en relation avec le médecin pour trouver les solutions les plus adaptées aux patients. Et qu’ils ne manquent jamais leurs traitements Â» indique Nadine Bodin-Brotelande.

Comment expliquer ces tensions ?

Plusieurs raisons sont évoquées. L’Académie nationale de pharmacie pointe un « Ã©norme problème de base Â» qui n’a fait que s’aggraver depuis des années. En cause, selon elle : la chaîne actuelle de fabrication et de distribution. « La France est dépendante concernant les médicaments. On a désindustrialisé la production à l’étranger, et on dépend de la Chine et de l’Inde Â», déplore l’académie scientifique. Par ailleurs, selon Nadine Bodin-Brotelande, le coût du médicament serait aussi problématique. « Il est très peu cher en France, et les laboratoires vont approvisionner ceux qui payent le mieux. Nous ne sommes pas prioritaires par rapport aux autres. Donc nous sommes toujours les derniers servis par rapport à certains pays d’Europe. C’est un souci qui n’existe pas que d’aujourd’hui Â». La demande exacerbée de certaines molécules pourrait aussi être l’une des conséquences directes de l’après-Covid et de la perte d’une certaine immunité. « Le fait de porter le masque pendant deux ans n’a pas stimulé l’immunité, et aujourd’hui quand vous avez juste un petit rhume, il devient souvent très compliqué au niveau des voies respiratoires. Il y a besoin quelques fois d’une prescription de paracétamol ou d’antibiotiques plus importante pour éviter les infections Â» explique Nadine Bodin-Brotelande. Selon la co-présidente du syndicat des pharmaciens du Territoire de Belfort, ces pénuries devraient s’atténuer courant du premier semestre 2023. Les professionnels Å“uvrent du mieux qu’ils le peuvent afin de trouver des solutions au niveau national, et que l’ensemble de la profession puisse être approvisionnée dans les meilleurs conditions.

 

Nadine Bodin-Brotelande, co-présidente du syndicat des pharmaciens du Territoire de Belfort :