La Confédération Paysanne entend poursuivre son combat tout au long du mois de juin pour empêcher l’adoption de la proposition de loi Duplomb, qu’elle juge comme un recul majeur en matière de politique agricole et environnementale.
Elle dénonce notamment la réintroduction de certains produits phytosanitaires, dont l’acétamipride, un néonicotinoïde toxique pour les insectes pollinisateurs. L’organisation rappelle que la biodiversité est déjà gravement menacée, et que l’agriculture elle-même souffre de ces choix, avec des pressions sanitaires accrues et des résistances aux traitements chimiques.
Par ailleurs, la proposition de loi traite aussi de la gestion de l’eau, en suggérant de privilégier le stockage et le prélèvement pour l’agriculture. La Confédération Paysanne s’oppose fermement à cette mesure, arguant qu’elle favorise un modèle agro-industriel au détriment d’une gestion démocratique et équitable des ressources.
L’organisation défend des alternatives basées sur la diversification des cultures et la régulation des prix pour assurer des revenus agricoles durables tout en préservant l’environnement. Elle appelle à une mobilisation forte contre cette loi, qu’elle considère comme une menace pour l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire.
Environ 300 citoyens, militants écologistes, apiculteurs et représentants d'associations environnementales se sont rassemblés ce lundi devant l'Agence régionale de santé (ARS) à Besançon. Objectif : protester contre la récente adoption parlementaire de la controversée "loi Duplomb", perçue comme un recul environnemental majeur.
L'interview de la rédaction : Anthony Poulin, adjoint à la Maire de Besançon, suppléant de la Députée écologiste Dominique Voynet
Une loi jugée « pro-pesticides » et « anti-vivant »
Adoptée sans débat suite à un rejet préalable à l’Assemblée nationale, la loi Duplomb prévoit la réintroduction de certains pesticides jugés nocifs, dont les néonicotinoïdes. Pour les opposants, cette décision « marque une dérégulation brutale au détriment de la santé publique, des écosystèmes et des agriculteurs eux-mêmes ». « L’Assemblée nationale est privée de débat sur ce sujet fondamental », s’indigne Anthony Poulin, adjoint à la Maire de Besançon et suppléant de la député écologiste Dominique Voynet, à l’initiative de ce rassemblement bisontin. « On nous vend cette loi comme un soutien aux agriculteurs, mais elle ne répond en rien à leurs revendications : ni revalorisation de leurs revenus, ni fin des traités de libre-échange. » ajoute M. Poulin.
L'interview de la rédaction : Anthony Poulin, adjoint à la Maire de Besançon, suppléant de la Députée écologiste Dominique Voynet
Un mouvement porté par la société civile
À l’initiative de ce rassemblement : la députée Dominique Voynet, qui, après le vote parlementaire, a lancé un appel à la mobilisation citoyenne. Une quinzaine d’associations naturalistes, apicoles et agricoles, ainsi que des représentants de la Confédération paysanne, ont donc répondu présent. « Nous voulons créer un véritable lobby citoyen pour dire stop aux pesticides. Il est possible de nourrir sans empoisonner », complète l’élu bisontin. Une délégation de cinq personnes a été reçue par la direction de l’ARS pour ouvrir un dialogue sur les risques sanitaires liés à cette législation.
L'interview de la rédaction : Marie Colette, apicultrice et militant écologiste
Des témoignages alarmants
Parmi les participants, des apiculteurs, reconnaissables à leurs tenues symboliques, alertent sur la disparition progressive des pollinisateurs. « Les néonicotinoïdes, ce sont des poisons. Quand les insectes disparaissent, c’est toute la chaîne du vivant qui s’effondre », témoigne Marie Colette, une apicultrice. « Cette année, je n’ai pas entendu un seul merle dans mon quartier ». Elle déplore aussi les conséquences sanitaires humaines : « Peut-on vraiment accepter une hausse des cancers, des maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, au nom du profit ? »
Un climat politique tendu pour l’écologie
Cette loi s’inscrit dans une série de mesures récentes perçues comme anti-écologiques, notamment le projet de l’autoroute A69 ou l’affaiblissement des zones à faibles émissions (ZFE). « L’écolo-bashing, ça suffit ! » lance Anthnoy Poulin. « Réveillez-vous ! Le dérèglement climatique est là , il faut agir maintenant » lance-t-il en direction des parlementaires.
Un appel à la mobilisation générale
« C’est le début de quelque chose », espère-t-il. Le mouvement souhaite s’inscrire dans la durée, à la fois par la pression citoyenne et par des actions de terrain. « Tous ceux qui tiennent à la vie, à la nature, à leur santé doivent nous rejoindre. »
Alors que les débats politiques semblent évités, la rue entend bien faire entendre sa voix. Car, pour beaucoup, l’avenir — celui de la planète comme celui des générations futures — est tout simplement en jeu.
Un large collectif, mené par Dominique Voynet, députée du Doubs et membre du groupe écologiste et social, appelle à la mobilisation devant les locaux de l’ARS Bourgogne Franche-Comté à Besançon ce lundi 2 juin à 17h30. Il rassemblera réunit plusieurs organisations associatives naturalistes et agricoles opposées à la loi Duplomb.
Cette loi, qui prévoit « la réintroduction de pesticides, l’accélération de la destruction des zones humides et le développement de méga-bassines », suscite de vives inquiétudes. Jugée contraire aux connaissances scientifiques et aux attentes des citoyens, elle est dénoncée « comme une menace pour la santé, l’environnement et l’agriculture paysanne ».