Le 16 juin dernier, le préfet du Jura a signé l'arrêté d'autorisation du projet éolien de la Basse Joux. Un projet qui prévoit six éoliennes de 200 mètres sur la bordure sud du massif forestier de la Basse Joux sur les forêts communales de Plénise, Esserval-Tartre, Mièges et Censeau. Une décision qui a suscité de nombreuses réactions et une opposition très forte de la part des habitants, communes et associations. Un recours va prochainement être déposé devant le tribunal.
« Ces machines sont placées au milieu des bassins versants de captage, alimentant quatre communes en eau, dont la vulnérabilité avait été qualifiée de maximale dans l'étude d'impact. Le projet est situé au milieu de l'habitat de diverses espèces protégées bien identifiées : le milan royal, différentes chauves-souris, mais aussi un territoire qui est fréquenté par le lynx et l'aigle pomarin. C’est un endroit qui est face à des sites patrimoniaux classés, dont la cité comtoise de Nozeroy, l'église et l’Ermitage de Mièges » indique Christoph Steffen, de l'association La Joux - Vie et Patrimoine, une association qui lutte depuis 2017 contre ce projet éolien.
Par ailleurs, selon Christoph, l’implantation de ce projet qui serait le premier site éolien sur le 2ème plateau du Jura, un environnement encore sauvage et préservé, serait la porte ouverte à d’autres implantations, et le début de « l’essaimage incontrôlé des installations éoliennes sur ce plateau ». Christophe explique qu’une fois qu’un parc éolien est installé, que les câbles sont tirés, il devient alors beaucoup plus simple de s’étendre. « Nous luttons non seulement contre ce projet, mais aussi contre tous les autres qui vont passer par la brèche qui sera ouverte par ce projet, s'il voyait le jour ».
Un recours bientôt déposé
Un délai de quatre mois à partir du 16 juin. C’est le temps octroyé aux habitants, communes et associations pour déposer un recours devant le tribunal. A ce jour, les opposants ont donc jusqu’à la mi-octobre pour entreprendre cette ultime démarche. « L'objectif du recours est très clair pour nous. C'est l'annulation de l'arrêté d'autorisation, compte tenu des risques sanitaires et environnementaux qui sont inacceptables. A ce jour, nous sommes environ une trentaine de requérants individuels. Il y a au moins quatre communes qui participent à ce recours. Nous avons tenu une réunion d'information publique le 9 septembre à Cuvier, et nous avons fait salle comble avec plus de 70 participants. Nous voyons tous les jours de nouveaux adhérents à l'association, un certain nombre de personnes qui se disent intéressées par le recours, ainsi que des communes. On pense qu'il y aura encore d'autres requérants qui vont se joindre à ce recours. Il y aura un dépôt d'un premier dossier, et puis éventuellement d'autres qui pourront se joindre à nous au cours de l'instruction » explique Christoph Steffen.
Des arguments de poids
S’il ne souhaite pas rentrer dans les détails, pour des raisons évidentes de confidentialité et pour garder toutes les armes le jour du procès, Christoph de l’association La Joux - Vie et Patrimoine indique que cet arrêté a des chances d'être annulé et reste très optimiste. « Le projet est hautement attaquable au niveau du dossier hydrogéologique, avec un gros problème identifié sur la pérennité et la qualité des sources pour diverses communes. Dans un contexte de sécheresses répétées, c'est déjà un dossier qui jamais n'aurait dû aller jusqu'à l'enquête publique. Il aurait dû être arrêté bien avant. Concernant la faune sauvage, on est clairement dans un lieu qui comporte de nombreuses espèces protégées, et les garanties qui sont données ne sont absolument pas suffisantes. Proposer un projet, soi-disant environnemental, qui menace l'eau et la faune sauvage… Nous sommes extrêmement confiants » souligne Christoph. Désormais, l’objectif et d’attirer et de regrouper un maximum de requérants contre cet arrêté. L'association La Joux - Vie et Patrimoine invite à rentrer en relation avec elle par le biais de son adresse mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..
« Je souhaiterais passer un message, notamment aux élus des quatre communes qui portent le projet éolien. Je leur dis qu’il est encore temps de renoncer à ce projet destructeur, qui sème la discorde dans notre territoire, qui délite le tissu social, et s’il voyait le jour, dénaturerait à jamais notre paysage rural en paysage industriel. En tant qu’association, nous préférerions mille fois travailler main dans la main avec eux. Repartir sur une page blanche, et réellement travailler sur des projets qui ont du sens sur notre territoire. Il y a d'autres projets, que ce soit sur l'isolation, la sobriété énergétique, en resserrant les mailles du tissu social, en réimplantant des services publics, des services de santé et des services à la population. Mais aussi travailler sur des énergies renouvelables réellement vertueuses. Il y a plein d'autres projets qu'on pourrait travailler au sein des territoires, qui ne sont pas imposés de l'extérieur. Notre main elle est tendue. Si ces communes veulent aller de l'avant avec ce projet, nous les combattrons d'une façon déterminée devant la justice, et nous n'avons aucun doute sur l'issue de ce procès. En revanche, je pense que c'est une perte de temps et d'énergie dans notre territoire, qui pourrait être utilisé autrement. Donc je le regrette très amèrement » Christoph Steffen, de l'association La Joux - Vie et Patrimoine