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Après le deuxième tour de l’élection présidentielle, qui a vu Emmanuel Macron être reconduit une nouvelle fois à la tête de la nation française, Anne Vignot, maire de Besançon, indique que le président de la République devra rendre des comptes à la gauche, ayant grandement participé à sa réélection.

 

Un cri d’alerte face à l’extrême droite

Emmanuel Macron a été réélu pour un second mandat avec 58,54% des suffrages exprimés. Marine Le Pen obtient 41,46% des voix. L'abstention reste très élevée avec 28,01%. Et selon les premières estimations d'Ipsos-Sopra Steria, 42% des électeurs d'Emmanuel Macron ce dimanche ont voté pour lui, « afin de faire barrage à Marine Le Pen ». Les 58% restants ont choisi le président sortant car ils considèrent « qu’avant tout il ferait un bon président de la République ». Dans son discours de victoire ce dimanche, au Champ de Mars, Emmanuel Macron a d'ailleurs reconnu ce vote barrage : « Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Ce vote m’oblige pour les années à venir ». Un avis partagé par Anne Vignot, maire de Besançon. « Cette élection démontre qu’on n’a pas entendu ni écouté tout ce qui se passe en ce moment. La fracture sociale dans laquelle on est, l’écologie qui n’a pas eu de place dans le discours. On voit qu’il y a eu un vote par défaut, on le lit très bien dans de nombreux bureaux de vote » précisait l’édile bisontine dimanche soir. Avant de poursuivre : « Nous sommes passés à côté de l’extrême droite de façon importante, et j’espère que la leçon sera retenue, car on ne peut pas se réjouir des chiffres que nous avons eu. On peut dire que la gauche s’est mobilisée pour sauver Macron ».

« Nous sommes confrontés à une fracture sociale qui est absolument insupportable. On attend des gestes forts dans les ministères qui vont être créés, avec beaucoup de modestie, beaucoup d’écoute. Il faut aussi que les élus se rapprochent du terrain. Il y a une rupture avec les collectivités. On a besoin d’un autre gouvernement, qui sache travailler avec les élus sur le terrain, en face des difficultés des citoyens, c’est urgent » Anne Vignot, maire de Besançon.

 

Une union totale de la gauche pour les législatives ?

« La situation est grave, avec la crise sociale, la crise climatique, la crise de manque de confiance. On ne peut pas continuer comme ça. La colère est déjà présente aujourd’hui, elle s’exprimera. Nous devons franchir un cap avec les législatives » poursuit la maire de Besançon. Et lorsqu’on évoque avec elle, une possible union de toute la gauche, cette dernière ne referme pas complétement la porte. Bien au contraire. « La rupture est tellement forte aujourd’hui, il faut que les discussions aient lieu. Chacun doit prendre ses responsabilités. Nous avons besoin de montrer une union de la gauche, écologiste qui va montrer une nouvelle façon de penser le gouvernement et le Parlement. Je suis pour l’union, le dialogue est ouvert. Les partis sont d’ailleurs en train de discuter, et je suivrai la ligne du parti ». Et quand on questionne Anne Vignot sur une possible alliance avec La France Insoumise, laquelle n’avait jamais été possible jusqu’à présent, l’élu bisontine évoque des discussions en cours. « Une chose est certaine, aujourd’hui je gouverne une équipe qui est multiple, et on a besoin de cette diversité de pensées, même si ce n’est pas simple. Je pense qu’il risque d’avoir un gouvernement avec un dialogue extrêmement difficile, puisque si les votes pour le Parlement s’expriment de la même façon, voire avec plus de diversité qu’au premier tour, la gouvernance va être compliquée. Il va falloir apprendre à vivre ensemble et à s’écouter. Moi je remets toujours tout à plat à chaque élection ». 

 

Après leur débâcle commune lors des dernières élections présidentielles, les partis traditionnels de la gauche et de la droite effectuent un retour remarqué avec ces élections régionales. 

À un an de la plus grande échéance électorale du pays, le Parti Socialiste et Les Républicains font un retour remarqué. Absents du second tour des présidentielles en 2017, les deux partis historiques de France ont profité de ces 4 années pour se reconstruire et pour reforger pierre par pierre leur crédibilité. S’ils sont revenus sur le devant de la scène, la gauche et la droite ont pris des chemins bien différents pour arriver à leur fin. Jugés de plus en plus « mous » et centristes à l’aube de l’ascension d’En Marche, les partis de gauche comme de droite ont profité de l’exode macroniste de certains socilaistes/républicains pour renforcer leur identité respective. En d’autres termes, la gauche s’est « gauchisée », et la droite s’est « droitisée ».

Hollande-Valls : duo perdant

En 2012, c’est la consécration pour la gauche. Après 17 années de présidents affiliés à droite (12 pour Jacques Chirac, 5 pour Nicolas Sarkozy), la gauche revient au pouvoir, François Hollande en tête de gondole. Ce n’était plus arrivé depuis le double septennat de François Mitterrand entre 1981 et 1995. Pourtant, les électeurs vont vite déchanter, reprochant au président socialiste une gouvernance jugée trop à droite pour les électeurs de gauche, et trop à gauche pour les électeurs de droite. Un point de non retour est même atteint lorsque la fonction de Premier Ministre est donnée à Manuel Valls, dont les idéaux aujourd’hui sont plus proches des lepénistes que des mélenchonistes. En 2017, les électeurs ne manquent pas de faire payer le PS pourtant représenté par un candidat aux valeurs bien plus gauchistes. Benoît Hamon, vainqueur de la primaire socialiste, ne recueille que 6% des suffrages et quitte même le parti après les élections pour créer Génération.s.

À gauche, l’union fait la force

Pour se relever, la gauche a misé sur deux stratégies : retrouver son identité et ses valeurs sociales, et s’allier avec ses partenaires naturels. Des stratégies déjà bien visibles lors des dernières élections municipales où les alliances ont permis de remporter ou de conserver de nombreuses villes. Si l’on a beaucoup parlé de « vague verte » à l’été 2020, il s’agit en réalité d’une vague « rouge-rose-verte ». Car si les maires de ces villes sont pour la plupart des écologistes, nul doute que ces derniers ont largement profité de l’électorat socialiste, dont les représentants ont parfois choisi la mise en retrait au profit de la victoire. Un constat de nouveau visible ce soir lors des élections régionales où sur les 13 régions métropolitaines, 8 ont vu une alliance de de la gauche et des écologistes se former.

Les républicains à la pêche au RN

La crise a sans doute été moins intense à droite qu’à gauche. Pour cause, avant les affaires de justice l’ayant touché de plein fouet, c’est bien François Fillon qui apparaissait comme le favori aux dernières élections présidentielles. Toujours est-il que 4 ans plus tard, la droite ressort très forte de ces élections régionales. Leader national des suffrages, la droite a misé sur la récupération des électeurs lepénistes pour reprendre son statut de premier parti de France. En Franche-Comté par exemple, le programme du candidat républicain Gilles Platret présentait de nombreuses similitudes avec le programme de Julien Odoul (RN).  Dans un contexte national où le sentiment d’insécurité enfle, les électeurs ont été séduits par le discours justement très sécuritaire favorisant le renforcement des forces de l’ordre et la mise en place de vidéosurveillance. La liste de Gilles Platret s'est même élargie jusqu'à une alliance au parti de Nicolas Dupont-Aignan Debout la France, qui s'était lui-même allié à Marine Le Pen en 2017.

Les macronistes en marche vers la débâcle

La victoire de la gauche et de la droite traditionnelles est aussi et surtout l’immense défaite de la majorité présidentielle. La crise des gilets jaunes et le coronavirus auront laissé de lourdes traces chez le parti centriste, de plus en plus contesté au sein de l’opinion public. À un an des élections présidentielles, le parti d’Emmanuel Macron est au plus bas avec seulement 7% des suffrages nationaux et aucune région gagnée, LREM paye en grande partie 4 années de présidence où l’image de ses représentants n’a cessé de se dégrader. Annoncée comme une alternative aux partis traditionnels en 2017, LREM aura feint faire du neuf avec du vieux. De nombreux politiques de droite comme de gauche ont rejoint le parti, passant davantage pour des opportunistes avides de pouvoir qu’autre chose. Si en Bourgogne Franche-Comté, Denis Thuriot a péniblement pu se maintenir au second tour (11,7%), de nombreux candidats macronistes ont subi de véritables humiliations. Bruno Bonnell en Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Pietraszewski dans les Hauts-de-France, ou encore Vincent Terrail-Novès en Occitanie, n’ont pas atteint les 10% qualificatifs pour le second tour.

Via un communiqué, la liste de gauche « Le Temps des Cerises » a dévoilé une lettre signée par plusieurs personnalités politiques expliquant les raisons de leur candidature aux prochaines élections régionales. Après un rappel historique de la proximité entre la Gauche et la Bourgogne Franche-Comté, le collectif explique l’importance de mettre en place une liste dont la priorité est la lutte contre l’injustice, ainsi que le besoin de se ressourcer et de se renouveler chez la Gauche. Sans nommer Marie-Guite Dufay, la liste menée par Bastien Faudot semble tacler cette dernière sur une potentielle alliance avec Denis Thuriot (LREM) : « Le Temps des Cerises est la seule liste qui offre toutes les garanties d’une union large au second tour avec toute la gauche et les écologistes, mais seulement avec la gauche et les écologistes dans la clarté d’un projet audacieux pour les bourguignons et les franc-comtois ». Cette lettre compte neuf signataires parmi lesquels Marie-Noëlle Lienemann (ancienne ministre et sénatrice GRS), ou encore Barbara Romagnan (ancienne députée PS du Doubs).