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Rashid Askari comparaît à partir de ce mercredi devant la cour d'assises du Doubs pour répondre de l'assassinat en pleine rue de son épouse Razia Askari. Cette femme de 34 ans d'origine afghane avait été découverte morte, égorgée et frappée de 19 coups de couteau, le 30 octobre 2018 à Besançon. L'accusé reconnaît les faits mais nie toute préméditation. 

Ce matin les bancs de la salle d'assises étaient remplis, d’ailleurs plusieurs personnes n'ont d’ailleurs pas pu entrer. Après le tirage au sort des jurés, et le rappel des faits effectué par le président de la Cour d’assises Matthieu Husson, c’est Diana Molin, cheffe d’unité de la police qui a dressé la totalité de l’enquête ayant conduit à l’interpellation de Rashid Askari. Ce fut ensuite au tour du premier témoin de se présenter à la barre. Un étudiant de 17 ans à l’époque des faits, ayant assisté à toute la scène. “Il savait où il allait” dit le jeune homme. "J’ai vu l’homme frapper cette femme. Elle courait pour s'échapper et a crié. J’ai distingué quelque chose de brillant et il l’a frappé trois fois sur le côté puis au niveau du cou."

Peu avant 13h, les enfants sortent de la salle avant que les photos de la rue où a été tuée Razia Askari soient projetées dans la salle, ainsi que des photos du corps et des blessures de la victime. La sœur de cette dernière s'effondre en pleurs dans les bras de l'ancienne présidente de Solidarité Femmes, Christine Perrod. Une atmosphère pesante prend place dans la salle. L’audience est ensuite suspendue, avant de reprendre à 14h.

Le médecin légiste du CHU de Besançon est appelé à la barre en début d'après-midi. Il est intervenu pour la réalisation de l'autopsie du corps de la victime et fait état en détail de ses constatations et des examens effectués, de manière très technique. Ce dernier confirme des plaies franches sur le corps de la victime, douze exactement, sur un total de 19 plaies retrouvées.

A 15h, le directeur de l'école des deux enfants de la victime et de l'accusé, scolarisés à Besançon en CE2 et CM2 à l'arrivée de Razia Askari en Franche-Comté est appelé à la barre. "Le 24 avril 2018, Razia Askari a refusé de quitter l'école et m'a demandé de prendre contact avec l'association Solidarité Femmes, qui s'est déplacée, de mémoire. Madame Askari avait peur et semblait avoir vu son mari. Elle pensait qu'il l'avait retrouvée" explique l'enseignant. Le mari de la victime a demandé un rendez-vous avec le directeur de l'école le 25 avril, qui a reçu monsieur Askari le 26 avril. Ce dernier, accompagné d'une traductrice, s'est renseigné sur les résultats de ses enfants à l'école et a cherché à connaître l'adresse de sa femme, en vain.

« Razia Askari bénéficiait du dispositif de "mise en sécurité pour les femmes en grand danger", proposé par l'association Solidarité Femmes au niveau national. L'antenne de Besançon avait répondu favorablement à cette mise en sécurité. C'est à cette occasion que la victime était arrivée en Franche-Comté »

 A 16h, l'assistante sociale de Solidarité Femmes est appelée à la barre. Elle partage le parcours chaotique et douloureux de Razia Askari et l'accompagnement qui lui avait été prodigué par l'association bisontine spécialisée dans la protection des femmes victimes de violences conjugales. Avec beaucoup d'émotion, elle dresse la liste des sévices subis et dénoncés par la jeune femme mais aussi ceux constatés par les enfants.

A 18h, l’interprète apparaît très émue devant la cour, tout en rapportant comment l'accusé a tout tenté pour entrer en contact avec elle et l'intimider, dans le but de retrouver sa femme. Elle était son interprète mais avait noué des liens avec la victime : "Nos enfants avaient le même âge". Visiblement intimidée par la cour, elle précise : "J'ai été traumatisée par cette histoire et je le suis toujours, donc c'est assez difficile".