Le prochain conseil municipal bisontin se déroulera jeudi soir. On y parlera argent et finance, avec la décision modificative N°1 du budget 2024, qui portera notamment sur le plan amiante. Comme la ville s’y était engagée, elle vient de finaliser son rapport sur l’état des lieux des 63 écoles publiques de la cité concernant la présence d’amiante et les travaux à mener. Cet écrit décline les actions à concevoir sur les court, moyen et long termes. A l’initiative de ce travail, une commission spécifique, composée d’élus et d’agents de la ville, qui a mené les expertises nécessaires.
L'interview de la rédaction : Anne Vignot
Les conclusions ont permis d’établir que sur les 63 écoles visées, 28, soit 44%, ne révèlent pas d’amiante. 27 autres sont concernées par des travaux de désamantiage. Ces opérations sont financées de différentes manières et tiennent compte de la situation de chaque école. Certains travaux s’inscrivent dans le cadre des plans écoles ou restauration scolaire, l’Agenda d’Accessibilité Programmée ou les Tranches Annuelles réalisées ou en cous de programmation sur la période 2024-2026. Pour ce dernier mode de financement 250.000 euros annuels sont prévus pour les trois prochaines années. Enfin, 16 écoles feront l’objet d’évaluations périodiques à réaliser tous les 3 ans.
Dans un simple communiqué de presse sur son site internet, la commune de Valdahon indique que l’école Saint-Exupéry peut rouvrir ses portes. Les investigations menés par un cabinet d’experts « n’a identifié aucun risque à l’amiante ». Il est précisé que « les taux mesurés sont conformes aux exigences du code de santé publique ». Une nouvelle expertise sera menée en juillet, comme l’exige la loi. D’ici là, la commune promet de continuer à surveiller le bâtiment et trouver des solutions au décollement des dalles au sol.
Ce mardi matin, Ludovic Fagaut, chef de file de l’opposition municipale, alertait sur la présence d’amiante dans les écoles bisontines, tout en soulignant l’absence de diagnostics réalisés ces dernières années. Il pointe du doigt la responsabilité d’Anne Vignot, la maire de Besançon, qu’il accuse d’avoir menti sur ces diagnostics et leurs constats.
« Aujourd'hui on est sur une situation très inquiétante en ce qui concerne nos écoles sur le territoire bisontin » introduit Ludovic Fagaut. « Nous avions questionné sur la présence d'amiante dans 59 écoles sur le territoire bisontin, mais surtout de l'effectivité des diagnostics amiantes qui doivent être réalisés tous les 3 ans pour suivre l'évolution et l'état de dégradation de cette amiante » poursuit le chef de file de l’opposition municipale.
Tout commence un soir de conseil municipal, le 22 juin dernier. Ludovic Fagaut assure qu’Anne Vignot lui a certifié, « la main sur le cœur », être en possession de l'ensemble de ces diagnostics. Une version qui changera, puisque le 22 septembre dernier, toujours selon Ludovic Fagaut, la maire de Besançon aurait finalement indiqué ne plus posséder ces diagnostics. Le lendemain, le 23 septembre, un article paraît dans la presse locale, et dévoile que des diagnostics ont bien été réalisés, au mois d’août, sur plusieurs écoles. Sept au total. C’est alors à l’issue du conseil municipal du 25 septembre que Ludovic Fagaut interpelle à nouveau Anne Vignot. Selon lui, la maire de Besançon lui aurait indiqué que sept diagnostics avaient été effectivement réalisés durant l'été, mais qu’ils relevaient la présence d'amiante uniquement dans « des espaces de stockage ». Après avoir enfin obtenu ces diagnostics le 6 octobre dernier, Ludovic Fagaut a réuni la presse ce mardi matin pour tirer la sonnette d’alarme. « Contrairement à ce qu’à pu nous dire Anne Vignot, il s'avère que ça ne concerne plus uniquement des lieux de stockage. Mais des salles de classe, des couloirs de circulation pour les élèves, des bureaux pour les enseignants, des espaces de repos, et on parle aussi de salle de réfectoire ».
Un niveau de dangerosité élevé ?
Parmi les écoles concernées, certaines seraient sujet à un taux haut d'évaluation « d'action corrective 2 (AC2) » à mettre en place immédiatement. Il s’agit de l’école Bruyères, l’école Les sapins à Saint-Ferjeux ainsi que l'école Bourgogne à Planoise. Dans ce cas de figure, la loi est très claire et impose plusieurs solutions : désamianter immédiatement, calfeutrer les zones en mettant en place des mesures d’empoussièrement pour voir le taux de volatilité de l'amiante dans l'espace, ou interdire les espaces. « Mais aujourd'hui rien n'est fait. Et Madame le maire nous a menti une deuxième fois, le 25 septembre dernier, en nous disant que c’étaient uniquement des lieux de stockage qui étaient concernés » ajoute Ludovic Fagaut.
Une situation inquiétante, alors qu’on se souvient encore de la condamnation du CHRU Minjoz de Besançon en 2020, pour avoir caché les risques de contamination à l'amiante à son personnel pendant des années. « C'est très alarmant. Nous n’avons des diagnostics qui ont été réalisés seulement dans sept écoles. Il y en manque quand même 51 dans lesquelles il y a encore de l'amiante, et on ne sait pas quel est le degré de volatilité de cette amiante. A partir du moment où vous avez, selon la grille d'évaluation, un niveau AC 2 qui a été positionné, la loi elle est très claire : vous n'avez pas le choix que de désamianter, confiner l'espace avec des mesures d’empoussièrement, ou éventuellement interdire l'espace. Ça n'a pas été fait, et on nous annonce un plan de désamiantage aux vacances de la Toussaint. C'est déjà trop tard. Et j'espère qu'il n'est pas trop tard en tout cas notamment pour les familles et les enfants qui sont passés dans ces écoles depuis 2016, date à laquelle nous n'avons plus de trace, donc de diagnostic, qui auraient dû être réalisés en 2019 et en 2022 » indique Ludovic Fagaut.
Anne Vignot s’exprimait ce mardi à 15h depuis la mairie. Sa prise de parole sera également prochainement publiée sur notre site.