Qu’est-ce qui vous a conduit ici à Besançon. Vous y plaisez-vous ?
Je suis content d’y être. Vous savez la mobilité est liée à notre fonction. Les choses se font dans le cadre d’un déroulement de carrière, qui est choisi le plus souvent par notre direction. Malgré tout, il y avait un certain nombre d’éléments qui me confortait dans le choix de cette région, essentiellement le fait qu'il s'agisse une région de montagne. Il ne faut pas gommer non plus l’aspect personnel. Et puis d’un point de vue professionnel, je savais que les francs-comtois sont attachés à un travail bien fait, à un engagement pour le service public qui demeure extrêmement vivace; Je suis extrêmement sensible à ses valeurs.
Vous connaissiez Besançon, vous y étiez déjà venu ?
Non je ne connaissais pas du tout Besançon. Mais lorsque les discussions se sont ouvertes pour savoir si ce département était susceptible de m’intéresser, je me suis penché davantage sur la carte. J'ai pu constater ce que je savais malgré tout. C'est un département proche du Jura et des Alpes, c'est un aspect plus personnel qui m’a séduit. Par ailleurs, d’un point de vue policier, je savais aussi que c’était un département très dimensionné, avec des enjeux tant à Besançon qu’à Montbéliard. A Pontarlier, le contexte est différent. Il y a une certaine tranquillité que la police nationale doit veiller à conserver.
Quel est votre rôle en tant que directeur départemental de la sécurité publique ?
C’est un rôle stratégique. Il a attrait à la conduite de la mission de police dans les territoires. Je rappelle que la police nationale a des grandes missions : l’intervention sur la voie publique, l’investigation, la lutte contre l’immigration irrégulière et le renseignement. Chaque mission a son bassin et son territoire. Pour l’intervention, l’investigation, et la lutte contre l’immigration, la police nationale œuvre essentiellement dans les zones urbaines. Pour le renseignement, notre mission se déroule sur tout le territoire départemental. La police nationale est la seule à faire du renseignement en France au profit du gouvernement, de nos camarades de la gendarmerie nationale, et d’autres services de police.
On peut remarquer les gros dossiers qui sont sur votre bureau, quelles sont vos priorités ?
Alors je ne rentrerai pas dans les détails précis, parce que je pense que ce serait assez peu intéressant pour nos auditeurs. Essentiellement, et ça n’étonnera personne, la lutte contre les stupéfiants, et particulièrement à Besançon, fait partie de mes priorités. Et ce, pour plusieurs raisons : pour faire cesser les trafics, mettre hors d'état de nuir les trafiquants et pour l’économie souterraine que cela génère. C'est aussi une question de santé publique. Je rappelle que le quartier de Planoise souffre de ce trafic-là . Un point de deal se trouve tous les 180m². Les violences urbaines, comme celles que nous avons connues dernièrement à Montbéliard, ne nous laissent pas indifférents. Nous devons lutter contre les guerres de territoire. Enfin, le troisième dossier sur lequel nous sommes pleinement engagés est la lutte contre la radicalisation. Une mission confiée au renseignement territorial.
Des nouveaux renforts de policiers vont arriver prochainement à Besançon. Des moyens humains supplémentaires qui sont les bienvenus ?
Ça va participer à l’investigation, aux interventions sur la voie publique et au maintien de l’ordre. C’est effectivement vécu comme des renforts, mais je dirais que c’est plutôt un réajustement du nombre de policiers face à l’activité dans l’agglomération bisontine et à l'échelle du département.
Quelques mots sur les violences que subissent les policiers. Est-ce le cas à Besançon ?
Oui c’est le cas à Besançon. Malheureusement il n’y a pas d’exception. Au-delà même de la violence envers les policiers, les violences intra-familiales, et particulièrement les violences faites aux femmes, sont au coeur de nos priorités. Oui les policiers sont touchés par la violence, mais je dirais que c’est malheurseusement consubstantiel à notre métier. Néanmoins, nous avons les moyens, même s’ils sont imparfaits, de nous protéger.
Un sondage indique que près de 60% des policiers voteraient Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, est-ce que vous comprenez ce sondage ? Y’a-t-il beaucoup de gens qui sont prêts à voter pour le Rassemblement National au sein de la police nationale ?
C’est difficile à dire. Je pourrais répondre à votre question, mais j’y répondrais probablement imparfaitement. Tout d’abord parce que je n’ai pas connaissance de ce sondage. Je me méfie d'ailleurs de ces sondages. Et puis évidemment tout cela renvoie au for interne. Je pourrais réagir de la même manière aux intentions du reste de la population sur leurs intentions de vote, mais vous comprenez bien que dans ce cas précis, je trahirais mon devoir de neutralité.
Pour revenir à ces violences envers les policiers , est-ce que vous trouvez les mesures gouvernementales adaptées ?
Tout ce qui participera à mieux nous protéger, et faciliter nos interventions, est le bienvenu. Toutes les mesures, qu’elles soient juridiques ou matérielles, sont accueillies favorablement. Et a fortiori, en tant que chef de police, tout ce qui participe à assurer la sécurité des personnels, qui sont placés sous ma responsabilité, j’y suis très attentif. C’est normal, c’est mon métier. Je suis très satisfait oui.
Justement, la relation police-justice est au coeur des débats en ce moment, est-ce qu’il y a des choses à changer selon vous ?
Je ne suis pas certain que mon avis personnel intéresse le grand public. Mais aujourd’hui, la police nationale est liée à la justice. Et je dirais plus particulièrement au premier chef au parquet et au procureur de la république. La police judiciaire travaille sous l’autorité du procureur de la république. Je n’ai pas de problème avec la justice. Elle n’est pas le problème de la police. C’est son prolongement naturel. Sans la justice notre action n’est rien, et sans la police la justice serait amputée d’une partie de ses possibilités. Donc non, ce n’est pas un débat qui est au cœur de mes préoccupations au quotidien.































