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"La réouverture des lieux de culture n'est qu'un écran de fumée"

À la veille de la réouverture des terrasses, commerces non essentiels, et lieux de culture, les intermittents poursuivent leur mobilisation aux côtés du CIP de Franche-Comté. Cela fait désormais 68 jours qu’ils occupent le Centre Dramatique National 24h/24. Pour eux, cette réouverture « infime et partielle Â» n’est qu’un écran de fumée. Ils déplorent que le gouvernement maintienne l’assurance chômage et n’étende pas le prolongement de l’année blanche.

« Une réouverture à 35%, c’est à perte Â»

Sur un ton désenchanté, Elliot Maillot, régisseur lumière, assure que cette réouverture n’est qu’un leurre. Que seuls les lieux subventionnés pourront réellement rouvrir. Ce qui risque de servir de « prétexte Â» au gouvernement pour affirmer que les intermittents auraient pu travailler durant cette période, ce qui n’est pas réellement le cas selon eux. « Une réouverture à 35%, c’est rouvrir à perte Â» assure le CIP. D’une part parce que les protocoles imposés sont difficilement réalisables, et ébrèchent considérablement l’accueil et le bon déroulement de ces lieux de culture. Mais aussi parce que la plupart des intermittents ne retravailleront pas dès le 19 mai, et que la plupart des évènements, festivals, concerts, ont déjà été annulés.

Un prolongement insuffisant

« Un prolongement de l’année blanche de 4 mois ? Ce n’est juste que quelques miettes. C’est insuffisant Â» déplore Elliot. « Et l’assurance chômage, c’est absurde Â» poursuit-il. Pour parler de son cas personnel, le régisseur lumière a depuis le 20 mars, pu effectuer seulement une centaine d’heures de travail. Alors que pour bénéficier de cette assurance chômage, il faut cumuler au moins 507 heures en une année. Pour démontrer que ce n’est pas un cas isolé, et que la plupart des intermittents sont soumis à ce même péril, Christophe nous évoque son année 2020. « Mes indemnités ont baissé de 40%. Je n’ai pu faire que 100 heures de travail l’année passée à cause du Covid. Et vous savez à combien je tournais auparavant, avant tout cela ? 700, voire 800 heures Â».

Un désarroi profond

La détresse psychologique est tristement présente, et accompagne les occupants du Centre National Dramatique au quotidien. Une conférence de presse aux allures d’une représentation soumise au protocole attendu dès demain. Une salle à moitié vide, des regards désemparés, un accueil au goût d’ironie et de sarcasme dépeignant la triste réalité à laquelle vont être confrontés les intermittents ce 19 mai. Mais des femmes et des hommes qui se battent, qui ne lâchent pas, et qui poursuivent vaillamment leur lutte. Pour eux, mais aussi pour un public impatient de les retrouver, envieux de recréer ce tissu local culturel. Et tant que les choses n’évolueront pas, ces résistants continueront de batailler pour leurs droits et leur dignité. « Occuper pour rester visibles, à défaut d’être essentiels pour certains Â» regrettent-ils.