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Entretien avec Alexandre Arnodo, nouveau directeur de la Citadelle de Besançon

Trois mois après sa prise de fonction à la tête de la Citadelle de Besançon, Alexandre Arnodo est revenu au micro de la rédaction sur la situation actuelle, sur l’avenir des fauves à Besançon, ainsi que sur sa volonté d’ouvrir culturellement l’édifice.

Désigné par la Ville en novembre pour succéder à Valérie Guy, Alexandre Arnodo a donc pris ses fonctions de directeur de la Citadelle le 18 janvier dernier. Bien que juriste de formation, le Lorrain d’origine n’arrive pas en terre inconnue. Ex-adjoint à la culture à la Ville de Besançon, et à l’intercommunalité du GBM, Alexandre Arnodo a eu le temps de s’intéresser au monument Vauban. Aujourd’hui, le néo-directeur souhaite porter un vrai projet d’ouverture sur le long terme, en touchant tous les âges, et tous les domaines de la culture.

Mr. Arnodo bonjour. Voilà trois mois maintenant que vous êtes à la tête de la Citadelle. Qu’est-ce qui n’allait pas à votre arrivée ?

Bonjour. C’est toujours difficile de juger nos prédécesseurs. Je ne pense pas que leurs actions soient critiquables, ils se sont seulement succédés trop vite. Avec un site comme celui-là de 12 hectares, qui rassemble plus de 270 000 visiteurs chaque année, si vous voulez en faire quelque chose, il faut du temps.

Que souhaitez-vous apporter dans ce cas à la Citadelle. Quels sont vos projets ?

Ce que je souhaite, c’est que le site s’ouvre beaucoup plus qu’auparavant, qu’il devienne véritablement un écrin de ce qui se passe sur le territoire. Qu’on soit une famille, un individuel, un chercheur, un touriste, un musicien, chacun doit pouvoir trouver un moment à passer à la Citadelle.

Concrètement, par quoi cela pourrait-il se matérialiser ?

Je ne peux pas tout vous dévoiler maintenant mais on discute de pas mal de projets. Nous travaillons sur des concerts avec la Rodia, sur un festival. Un grand projet qui verra le jour cet été, c’est l’apparition d’un bar éphémère sur la grande terrasse de la Citadelle.

Pouvez-vous nous parler davantage de la création de ce bar éphémère ?

Il ouvrira de Juin à Septembre, de 15h à minuit, tous les jours. Une restauration autour de circuits courts sera mise en place. Les aménagements seront faits avec des architectes locaux. Il y aura de la musique également, 3 ou 4 lives par semaine afin d’aider le milieu culturel qui a énormément souffert ces derniers mois. C’est aussi ça le sens de l’UNESCO : construire son environnement, le favoriser, et le développer.

Vous arrivez dans un contexte particulier où il n’y a pas de public. Est-ce un avantage ou un inconvénient ?

On pense souvent qu’un établissement fermé est un établissement mort, mais c’est tout le contraire. On fait beaucoup de choses pour préparer la réouverture. On fait beaucoup de choses qu’on a pas forcément le temps de faire habituellement. Ça m’a aussi permis de prendre plus de temps avec les équipes, ce qui est un vrai avantage en termes d’organisation.

Vous parlez de réouverture. Quid de celle du musée de la résistance ? Où en êtes-vous ?

Les travaux vont démarrer en septembre 2021 et l’inauguration est prévue début 2023. Sur ce chantier là, on a pas de difficultés particulières. On a surtout hâte d’offrir une nouvelle scénographie, une nouvelle proposition autour de collections de très grande valeur. Nous avions à coeur de mieux exposer cela, de mieux l’expliquer également. Au sein d’un site UNESCO, c’est un message très important que d’expliquer la fragilité de la citoyenneté et d’expliquer en quoi on ne doit plus jamais en arriver là.

Vous insistez beaucoup sur l’importance et l’influence d’être un site UNESCO. C’est quelque chose que vous souhaitez approfondir ?

L’UNESCO, c’est la paix à travers l’histoire, la connaissance, la citoyenneté, la biodiversité. Nous avons la chance ici à la Citadelle, et au-delà du Musée de la Résistance, de réunir tous ces éléments. Je souhaite donner corps à l’UNESCO, pas juste me contenter d’avoir le « label Â». Il faut mettre en place des choses qui font vivre ces notions là, c’est une des pierres angulaires de mon projet.

Un autre dossier déchaîne les passions depuis plusieurs mois, à savoir celui du destin des fauves. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Déjà, il faut dissocier notre position sur les fauves de notre position sur le parc animalier dans sa globalité. Sur les fauves, la municipalité l’a annoncé, nous cherchons une solution pour qu’ils quittent la Citadelle. Malheureusement, c’est compliqué car ce sont des animaux protégés. Actuellement, nous cherchons la meilleure solution possible au sein de notre réseau de coopération pour que notre lion et nos tigres puissent trouver un autre lieu de vie, où leurs conditions seront meilleures qu’ici.

Et donc, quid du parc zoologique dans sa globalité ? Des changements sont-ils à prévoir ?

Les élus viennent de valider notre démarche. Nous allons nous engager à réfléchir collectivement et sur des bases scientifiques à réorienter le parc. On cherche à développer ce qu’on fait déjà, mais qui reste méconnu, à savoir être un conservatoire d’espèces. Aujourd’hui nous intégrons des  programmes de reproduction et de ré-introduction d’espèces. Il y a des Ibis qui volent en Andalousie qui sont nés ici par exemple.

Vous le disiez, c’est un aspect de la Citadelle qui reste pour le moment méconnu. Y a-t-il une crainte de voir une baisse de visiteurs en cas de départ des fauves ?

Je pense que les gens sont capables de venir pour autre chose. Il faut juste imaginer d’autres méthodes. Nous travaillons beaucoup autour du bien-être. Enlever ces espèces, c’est aussi donner davantage de place aux autres. Nous jouerons encore plus notre rôle en faisant ça. C’est aussi dans ce sens que nous développons beaucoup de projets différents autour du bar, des musées, de la musique, d’expériences théâtrales. C’est pour que plein de gens différents viennent pour voir plein de choses différentes.

Pour terminer, que pouvons-nous vous souhaiter ? Une réouverture rapide ?

Oui, on a hâte, on table sur la mi-mai désormais. Mais vous savez avec l’État, nous sommes au courant le vendredi pour le lundi, donc c’est compliqué.