Ce mercredi et ce jeudi, Pontarlier accueille le Congrès National des Producteurs de Lait (FNPL). 500 congressistes, venus de toutes les régions de France et de quelques pays européens, ont fait le déplacement dans le Haut Doubs. Rencontre avec Martial Marguet, Vice-Président de la Fédération Nationale des Producteurs de Lait et Président de la section laitière du département du Doubs.
Qu’est ce que la Fédération Nationale des Producteurs de Lait ?
La FNPL est la filière de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire. La Fédération Nationale des Producteurs de Lait est l’union des représentants laitiers de l’ensemble des départements français. Ce groupe a élu un conseil d’administration qui s’est structuré pour avoir une aura et une écoute auprès des pouvoirs publics
Quelles sont les problématiques que vous entendez aborder durant ce congrès ?
Nous nous trouvons sur deux années charnières avec la réforme de la Politique Agricole Commune et la disparition des quotas laitiers au 1er janvier 2015. Avant 1984, nous avions connu une période sans quotas mais durant laquelle l’Union Européenne avait mis en place des systèmes de soutien. A compter du 1er janvier 2015, ces systèmes n’existeront plus. Cette filière sera livrée à elle-même. En France, nous avons des avantages que nous devons faire valoir et conserver : l’excellence de nos productions, la reconnaissance qualitative et sanitaire de nos produits et l’organisation de nos filières. Depuis 2010, nous avons mené des réflexions collectives pour se préparer à cette sortie du quota administratif. Un producteur seul n’est rien. Une entreprise seule n’est rien. On doit vraiment la jouer collectif.
Quels sont les risques ?
Avec la fin des quotas laitiers, nous avons craint de voir apparaître un tsunami laitier. Autrement dit, des débordements de volumes à mettre sur le marché. Cependant, il faut être réaliste, un producteur de lait n’a que deux bras et il est capable d’apprécier le moment où son revenu de production est le plus intéressant pour lui. Par ailleurs, au niveau européen, nous avons réussi à faire prendre conscience à nos collègues allemands, hollandais et italiens, les plus influents sur les volumes de produits laitiers, que la construction doit se faire de manière collective. Et si régulation il y a, nous devrons l’envisager ensemble.
Sentez-vous de l’inquiétude chez vos collègues français et européens ?
Par rapport au prix du lait payé aux producteurs, ces derniers ont confiance car les indicateurs sont bons : nous n’avons pas de stock, les marchés sont porteurs et nous avons des possibilités intéressantes de développement. Néanmoins, cette confiance reste mesurée. Je tiens à préciser que la filière laitière en France concentre un nombre important d’emplois et qu’elle joue un rôle important dans le PIB du pays. Des arguments qu’il faut absolument que l’on fasse valoir auprès de nos politiques.
On entend souvent dire que dans le Haut-Doubs, les producteurs laitiers sont privilégiés grâce à l’AOC comté. Qu’en pensez-vous ?
Nous ne sommes pas sur une tour d’ivoire avec nos AOC. Nous vivons dans un monde qui nous appartient parce que nous l’avons construit et nous continuons à le construire au quotidien. Effectivement, ce sera encore le cas demain parce que les nouvelles générations ont, elles aussi, cette formation du respect de la tradition, de la valeur de nos territoires, de nos produits et des hommes et des femmes qui, au quotidien, façonnent ce paysage.































