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Mohamed M'Changama : les Comores dans la peau

Mohamed M’Changama (Racing Besançon / Comores), revient sur son arrivée à Besançon, mais aussi et surtout sur la qualification historique des Comores pour la prochaine CAN

Le 25 mars dernier, la sélection des Comores tient le point du match nul face au Togo. Un point suffisant pour accrocher une qualification historique pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations, la première de ce petit pays d’1 million d’habitants. Un aboutissement pour cette sélection qui n’existe que depuis une petite dizaine d’années. Mohamed M’Changama, désormais joueur au Racing Besançon, a connu les débuts de cette sélection jusqu’à la qualification historique le mois dernier. Entretien.

Mohamed bonjour. Tout d’abord, tu es au Racing depuis cet été. Comment s’est passée ton arrivée dans ce contexte particulier ?

Bonjour. Ça s’est très bien passé ! Je suis arrivé deux semaines avant le début du championnat. On a gagné 5 de nos 6 matchs, et je me suis bien intégré.

Comment tu as vécu ce nouvel arrêt du championnat ?

C’est sûr que c’est compliqué, on était tous dégoutés de cette nouvelle. Malgré ça, on a continué à s’entrainer. Il y a eu la Coupe de France aussi qui nous a permis de retrouver un peu de compétition.

Est-ce que le fait que tu aies 33 ans, que tu sois plus proche de ta fin de carrière que du début, rend la chose plus difficile à accepter.

C’est vrai que ça rend un peu fou ! Cette année encore ça va, on s’entretient. Mais l’année dernière, quand j’étais à Istres, tout s’est stoppé, à cause des mesures gouvernementales.

Comment tu fais pour relativiser sur cette situation ?

C’est quelque chose que je connaissais déjà malheureusement car j’ai eu pas mal de pépins physiques pendant ma carrière. Je me suis fait les croisés deux fois, donc j’ai dû apprendre à être patient. Malgré cela, aujourd’hui j’ai le sentiment d’avoir encore beaucoup d’énergie, beaucoup de choses à apporter au football.

Comment es-tu arrivé dans le football justement ?

Alors, au début je ne voulais pas faire de foot, je voulais faire du karaté, j’étais fan de Bruce Lee, Jean-Claude Vandamme, etc.. Malheureusement je pouvais pas m’inscrire car le club était trop loin de chez moi. Ma mère a voulu m’inscrire au foot, au FC Burelles, mais ils ne m’ont pas accepté parce que je ne savais pas faire de jongles. Je me suis donc retrouvé à la JSA Saint-Antoine, puis je suis retourné au FC Burelles deux ans plus tard.

À quel moment les choses sont devenues sérieuses ?

En sénior j’ai vagabondé dans plusieurs clubs jusqu’à jouer en CFA 2 (ndlr : N3 aujourd’hui). Puis Nimes m’a repéré. C’est la que les choses sont devenues vraiment sérieuses. Après je suis parti à Amiens, avant de voyager un peu partout en France.

Le mois dernier tu as fait ton retour avec la sélection nationale après plusieurs années d’absence. Comment as-tu vécu ce retour ?

C’est vrai, ça faisait depuis 2017 que je n’avais pas joué avec les Comores. J’ai prié pour y aller, je n’avais pas fait un match de qualifications avant le mois dernier. Il se trouve qu’avec la COVID, le sélectionneur m’a rappelé pour pallier à certaines absences.

As-tu ressenti de la pression ?

Franchement, pas du tout. Que ça soit à l’annonce de ma sélection, ou avant les matchs, j’étais juste heureux. C’était tellement inespéré pour moi que je n’avais que des pensées positives. J’ai même pu jouer contre l’Égypte, je voulais juste profiter.

Cette sélection arrive dans un contexte formidable, puisque vous vous êtes qualifiés pour la première CAN de votre histoire. Qu’as-tu ressenti ?

C’est un vrai aboutissement. On a eu beaucoup de galères depuis 2010. Aujourd’hui on est fiers, on est une vraie sélection. Tout le pays est derrière nous, c’est magnifique. En plus de ça, j’ai la chance de vivre toutes ces émotions avec mon frère (ndlr : Youssouf M’Changama / Milieu à Guingamp).

D’autant que vous avez tout vécu depuis vos débuts ensemble en 2010 ?

Oui, on a commencé tous les deux au début de la sélection. À l’époque j’étais le seul à jouer en Ligue 2, ils étaient tous dans des divisions inférieures. Aujourd’hui c’est l’inverse, ils sont tous en Ligue 1, Ligue 2, ou Nationale, c’est moi qui suit au plus bas échelon. Ça fait bizarre, c’est devenu un vrai cadre, il parle beaucoup dans le vestiaire.

Après la rencontre de la qualification face au Togo, tu étais titulaire face à l’Égypte. Des joueurs t’ont-ils particulièrement marqués ?

Oui, deux en particulier. Il y a évidemment Mohamed Salah, qui joue à Liverpool. Quand il prend le ballon et qu’il rentre sur son pied gauche, tu sens qu’il se passe quelque chose. Il voit tout avant les autres. Il y a aussi Magdi Kafsha, qui est moins connu du grand public. Toute notre séance vidéo d’avant-match lui était dédié, alors qu’il y a quand même Salah (Liverpool) ou Elneny (Arsenal) chez eux. Il a quand même terminé la rencontre avec 3 passes décisives.

Un dernier mot sur l’actualité. En tant qu’acteur du monde du foot, qu’as-tu pensé de la Super League ?

J’en avais entendu parler il y a plusieurs mois mais je n’ai pas suivi plus que ça. Je suis content que ça ne se fasse pas, pour moi ce n’était pas fair-play. Ça aurait tué beaucoup de choses dans le foot.