Choix du secteur :
Se connecter :

COVID-19 : Les centres équestres veulent redémarrer au galop

Contraints de mettre un coup d’arrêt à toutes leurs activités durant le confinement, les centres équestres mettent du temps à repartir au galop. Entre manque de nouveaux clients, et souffrance mentale des équidés, la reprise est compliquée. Delphine Leroy, gérante du centre équestre de l’Alliance à Étalans, et Daniel Prieur, président de la chambre interdépartementale d’agriculture 25-90, se sont confiés au micro de la rédaction.

En 2015, Delphine Leroy reprend l’exploitation laitière d’Étalans, et décide d’en faire un centre équestre. 5 ans plus tard, la structure s’est imposée dans la région, forte de ses 170 licenciés. Le centre est également un lieu de concours, et un centre de formation professionnelle. Malgré cela, « l’Alliance » a énormément souffert du confinement, et l’aide de 20 millions d’euros promise par l’État ne suffit pas : « Nous avons été fermés pendant plus de deux mois avec une perte totale du chiffre d’affaire sur cette période », nous confie Delphine. Une perte d’autant plus conséquente que le mois d’avril est pour les centres équestres, une des périodes les plus fructueuses, représentant 20% du chiffre d’affaire total annuel. Ayant pour projet d’agrandir la longueur du manège de 35 à 60 mètres, Delphine Leroy a du se résoudre à abandonner le projet : « On est passé d’une gestion de croissance à une gestion de sauvegarde ».

« Il faut que les nouveaux clients osent venir, n’aient pas peur du coronavirus »

Si le centre équestre a perdu une part de ses licenciés (environ 10%), le chiffre le plus inquiétant pour Delphine Leroy réside dans le pourcentage de nouveaux licenciés en moins. Comparé aux années passées, l’Alliance compte 60 % de nouveaux licenciés en moins. Un constat alarmant pour la gérante qui espère une recrudescence de la demande chez de potentiels nouveaux passionnés d’ici septembre : « Les aides, ponctuellement c’est bien. Mais nous ce qu’on voit c’est l’avenir. Il faut que les nouveaux clients osent venir, n’aient pas peur du coronavirus ». Et pour cause, toutes les précautions sanitaires ont été mises en place par le centre, soucieux de ne prendre aucun risque avec sa clientèle : « Nous avons mis en place un certain nombre de mesures en place pour affronter ce virus. Les chevaux et poneys ne sont pas montés deux heures de suite pour permettre de désinfecter tout le matériel, le port du masque est obligatoire, et la grande majorité des activités se font en plein air ». Outre ces mesures sanitaires, la gérante du centre compte également sur les activités périscolaires de la rentrée pour trouver de nouveaux adhérents : « Le périscolaire nous permet de faire découvrir l’équitation à de jeunes enfants, susciter chez eux de nouvelles vocations. C’est une activité qui peut être très importante pour nous ».

Des dispositifs complexes

Face à cette situation complexe, plusieurs élus et responsables agricoles locaux étaient présents ce jeudi afin de discuter de la situation, certes du centre équestre, mais pas que : « Tous les gens qui font de l’accueil ont été pénalisés par la période de COVID-19. Il y a, bien sur, les centres équestres, mais aussi les fermes-auberges qui rentrent dans ce cadre. Notre rôle à la chambre d’agriculture, c’est d’en faire part aux autorités, et de faire bénéficier si possible aux enseignes des différents dispositifs d’accompagnement ». Des dispositifs compliqués à mettre en place, de part la complexité et la diversité des champs d’actions des centres équestres  : « Le problème vient des différences entre l’aspect commercial et l’aspect élevage. Pour ce dernier, on est dans le giron de l’agriculture classique. Pour l’aspect commercial, on relève davantage du BIC (Bénéfices industriels et commerciaux). Il faut donc qu’on travaille avec les sphères de l’état pour adapter les dispositifs et prendre en compte les gens qui ont de réelles difficultés ».