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Don du sang : vers la fin des discriminations envers les HSH ?

Le délai d’abstinence obligatoire à toute personne homosexuelle souhaitant donner son sang passait en avril de 12 à 4 mois. Une avancée nécessaire mais pas suffisante pour la communauté LGBT qui souhaite un traitement égal à celui réservé aux hétérosexuels. Stéphanie Barbot, de l’association Esprit Libre à Besançon, s’exprime.

Le 25 juin dernier, le député du Parti Socialiste Hervé Saulignac déposait un amendement supprimant le délai d’abstinence imposé aux homosexuels. Une avancée attendue et revendiquée par beaucoup au sein de la communauté LGBT, qui considèrent discriminant ce délais de 4 mois imposé aux homosexuels. Stéphanie Barbot, présidente de l’association Esprit Libre, doute cependant des enjeux réels d’une telle décision : « On peut se poser la question, pourquoi on passe en avril à 4 mois, là tout d’un coup on passe à 0 mois… On sait qu’il y a un manque de sang dans le pays, j’espère que ce n’est pas ce qui a motivé cette décision Â».

Une loi discriminante ?

Pour autant, la présidente de l’association LGBT se dit heureuse de voir disparaître une loi jugée discriminante : « il n’y a aucune raison que des personnes soient discriminées en fonction de leur orientation sexuelle. Les personnes hétérosexuelles, on ne leur pose pas plus de questions alors que beaucoup de gens prennent des risques Â». Des préjugées issus des vestiges de la crise du VIH dans les années 1980 qui n’ont plus leur place dans la législation une quarantaine d’années plus tard. Stéphanie Barbot rappelle que la prévention est omniprésente notamment au sein de la communauté gay : « Il y a énormément de prévention, ils sont beaucoup plus au fait que certains hétéros qui croient que ça se soigne comme une grippe Â».

La science au dessus de la demande sociale

Une avancée sociétale pourtant pas au goût de tous. L’Association française des hémophiles s’était déjà en juillet 2019 fendu d’un communiqué suite à l’allègement du délai d’abstinence à 4 mois. L’AFH et AIDES regrettaient notamment « une loi répondant à une demande sociale plutôt qu’au besoin des receveurs Â». Les associations se défendaient également d’opérer un mode de fonctionnement discriminatoire puisque celui-ci était basé sur des données purement scientifiques. Nicolas Giraud, président de l’AFH, rappelait alors les différents enjeux : « Le sur-risque, même minime, n’est pas acceptable. Le prix à payer des errances en matière de sécurité transfusionnelle nous le connaissons : des centaines de personnes contaminées dans les années quatre-vingt et une communauté décimée Â».