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Doubs / Confinement : Comment assurer la continuité des suivis psychologiques ?

Si la crise sanitaire actuelle a tendance à générer angoisses et déprimes, certaines personnes ont débuté le confinement avec une santé mentale déjà fragile. Un suivi médical est parfois indispensable garder le cap. Alors que les cabinets des médecins et thérapeutes spécialisés se sont vus dans l’obligation de fermer, où en sont les suivis médicaux ? Rencontre (téléphonique) avec Marie Pélisson, psychopraticienne à Doubs et Jean-Michel Abt, psychiatre à Pontarlier.

 

Une psychopraticienne toujours connectée

Marie a fait le choix de la téléconsultation. Si le suivi téléphonique est possible, elle préconise les échanges via Skype ou Watsapp. Spécialisée dans la gestion de deuil et de traumatismes, l’abandon de ces patients était hors de question pour elle. « Je ne peux pas laisser des suivis en cours du jour au lendemain, affirme-t-elle. C’était important pour moi de proposer ça ». Cette option, tout le monde ne l’accepte pas et pour cause. « C’est compliqué au niveau de l’aisance pour parler de tout sujet quand on est confiné avec d’autres personnes ». Une formule qui n’a en effet pas convaincu tout le monde au premier abord. Marie témoigne d’un grand nombre de désistements au départ, notamment à cause des nouvelles organisations à établir. Malgré tout, la tendance commence à s’inverser avec le rallongement du confinement. « J’ai des personnes qui reviennent et quelques nouveaux clients ».

Et même avec les aléas du réseau internet et la difficulté pour certains patients de s’isoler complètement, il s’agit d’un système « satisfaisant » pour la psychopraticienne. « C’est une belle alternative. Le rapport et le lien restent intacts ». Elle peut en effet proposer toutes les options de suivi normalement réalisés… Même l’hypnose ! « Ce n’est pas un pouvoir qu’on exerce sur les personnes, ironise-t-elle. Ce sont des techniques de langages et de communication, qu’il suffit de réactiver si les personnes déjà réceptives ».

Et l’impact psychologique de la crise dans tout ça ? « Je vois surtout des couples pour qui lesquels les problèmes reviennent en avant et c’est très compliqué ». Paradoxalement, Marie voit le confinement d’un bon œil. « Il nous pousse à nous retrouver avec nous-même et donc, nos vieux démons. C’est un bon moment pour pouvoir les travailler car on a tendance à les mettre de côté en temps normal ».

 

Un psychiatre au service des personnels soignants

Jean-Michel Abt, a quant à lui laissé de côté la vidéo. Les suivis en cours ne se font plus que par téléphone. Une nouvelle organisation qui se traduit également par de nouveaux patients : les personnels soignants. « Ce n’était pas prévu, explique-t-il. Je réserve une disponibilité pour eux ». Et de prévenir : « L’urgence, c’est le confinement et la lutte contre le virus. Mais les problèmes psychologiques vont suivre ». La durée de ses consultations reste très variable d’un suivi à l’autre.

Pour ce qui est de l’impact ressenti auprès de ses patients, Jean-Michel Abt est plus nuancé que Marie. « Je vois autant d’aspects négatifs que positifs. Il y a de la souffrance mais également une sorte de recentrement sur l’essentiel ». Pour lui, ce confinement amène à se poser « les bonnes questions ».

 

 Leurs conseils pour mieux vivre le confinement : 

Marie Pélisson : « La clé, c’est l’équilibre. On a tendance à le perdre pendant le confinement. On compte cinq principales facettes chez l’être humain : le professionnel, le familial, le couple, l’individuel et le social. Pendant la semaine, il faut trouver des moyens pour satisfaire chacune d’entre elles. Trouver des moments seuls, en couple. Passer du temps qualitatif avec ses enfants, pas pour faire les devoirs par exemple. À la fin de la semaine, il faut avoir l’impression d’avoir été acteur de sa vie.

Jean-Michel Abt : « Il faut transformer le confinement en intériorité, c’est-à-dire prendre conscience de l’importance des relations grâce aux différents moyens de communication. Une chose qu’on ne fait pas d’habitude ».