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Agriculture : Oui, il y a toujours des OGM en France

Le 21 février prochain, une conférence autour des Organismes Génétiquement Modifiés agricoles se tiendra dès 20h30, à la salle des fêtes d’Epenoy. Pour animer le débat, le "collectif pour une Franche-Comté sans OGM" et les Confédérations paysannes du Doubs et du Jura ont invité Christian Vélot, docteur en biologie. Il tentera de définir les différents OGM ainsi que leur place actuelle dans l’agriculture. Car ils ne se limitent pas qu’à ce domaine. Si les préjugés sur les OGM sont nombreux, Christian Vélot tient à le rappeler : plusieurs d’entre eux sont avant tout des outils au service de la recherche, la « clé à molette des biologistes moléculaires Â». Ils s’appliquent également dans le domaine médical.

 

Une présence parfois cachée

Il faut savoir que les OGM se distinguent en trois grandes familles. Nous avons d’abord les transgéniques, plantes dans lesquelles a été insérée une gêne étrangère. Ils sont reconnus juridiquement. Un seul d’entre eux est autorisé en Europe. Il s’agit d’un maïs. Il est cependant interdit à la culture en France depuis 2008. Un fait qui laisse à penser que le problème des OGM ne concerne plus l’Hexagone. Mais d'après le biologiste, il n’en est rien. En effet, il existe également les OGM cachés, qui englobent d’autres techniques de modifications des gènes, ne sont pas reconnus aux yeux de la loi et peuvent se trouver principalement dans les tournesols et le colza. On parle également des « nouveaux OGM Â», qui utilisent de nouvelles techniques et restent encore assez flous quant à leur identité. En effet, malgré l’appellation, on ne sait pas encore s’ils peuvent être considérés comme de véritables OGM.

En plus de ces différentes catégories qui peuvent se retrouver dans nos assiettes, il faut savoir que si la culture d’OGM transgéniques est prohibée, leur importation ne l’est pas. Pour exemple : les tourteaux de soja. Cultivés massivement aux Brésil et en Argentine, ils servent à nourrir les animaux d’élevage français. Un point important est également soulevé par le biologiste : la quasi-totalité des OGM agricoles sont des plantes à pesticides. Comprenez des végétaux produisant leur propre insecticide, comme le maïs Mosanto 810. S’ajoutent à eux les plantes tolérantes aux herbicides. Des problèmes qui n’ont pour l’instant pas de solution, puisque la France, et plus globalement l’Europe, est dépendante de cette importation. En cause : l’élevage intensif mais également les accords de Blair House, signés dans les années 90. Il permet l’échange de produits agricoles entre la communauté européenne et les Amériques.

 

Un impact sur la santé encore flou

Christian Vélot déplore également un manque de connaissance au niveau sanitaire. Il dénonce « une opacité la plus totale Â», notamment au niveau des OGM cachés qui ne sont l’objet d’aucune étude, puisque non reconnus. Pour ce qui est des transgéniques, ils sont soumis à des tests avant d’être autorisés à la culture. Mais ces derniers s’avèrent peu satisfaisants pour la communauté scientifique. En effet, ces études sont généralement menées pendant trois mois sur des rats. Un temps insuffisant pour avoir assez de recul sur les conséquences sur la santé à long terme, selon le biologiste. « S’il devait y en avoir, on sait qu’ils ne vont pas faire mourir dans un cri de douleur. Ce seront des effets sur la durée, des symptômes chroniques Â». Ainsi, toujours d’après le scientifique, il faudrait mener ces essais sur la durée totale de la vie des rongeurs, soit à peu près deux ans.

Et quand le problème n’est pas dans la durée, il se trouve au niveau de l’objectivité. Certains tests sont conduits par les laboratoires des firmes (comme ceux de Mosanto par exemple). Sauf que ces derniers ne rendent public que leurs conclusions et non les données brutes. Un fait qui renforce cette « opacité Â» affirmée à plusieurs reprises par Christian Vélot au téléphone.

Malgré ces points, le scientifique a un avis mitigé sur la question. « Quand on me demande si je suis pour ou contre les OGM, je demande toujours desquels on me parle ! Â». En effet, il trouve important de faire la distinction entre les OGM terminant dans les assiettes des consommateurs en tant que produits finis et ceux « intermédiaires Â». Pour ces derniers, le scientifique vise plus particulièrement les médicaments. L’insuline, par exemple, est produite à partir de bactéries OGM, dans lesquelles on a inséré les gènes humains à l’origine de la fabrication de l’insuline. Ces bactéries décodent alors le gène et produise elles-mêmes l’hormone. Le patient ne va donc pas chercher l’OGM à la pharmacie, mais bien l’insuline en découlant. "Il ne faut pas faire d'amalgame !" conclut le scientifique. 

 

 

Conférence-débat "OGM nouveaux, cachés, interdits... Où en est-on ?" le vendredi 21 février dès 20h30, à la salle des fêtes d'Epenoy. Entrée à 5€.