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Agriculture : « Deux agriculteurs se suicident chaque jour en France »

Début de semaine mouvementé pour le domaine de l’agriculture. Mardi 8 octobre a été choisi comme jour de mobilisation nationale des paysans. Dans le Jura, la Saône-et-Loire ainsi que la Haute-Saône, des opérations escargots sont prévues. Par ces actions, la Fédération Régionale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de Bourgogne-Franche-Comté explique dans un communiqué vouloir dire « non à la stigmatisation permanente (des) pratiques agricoles, aux normes draconiennes françaises qui vont au-delà de celles proposées par l’Europe et aux accords commerciaux destructeurs ».

Du côté du Doubs, La Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA 25) et les Jeunes Agriculteurs (JA 25) ont choisi de se faire entendre ce lundi 7 octobre au soir. Et si le département se démarque, c’est parce que beaucoup d’agriculteurs n’ont pas peu semer toutes leurs céréales. Puisque ce lundi est un jour de pluie, l’action a été avancée de sorte à laisser producteurs travailler dans leurs champs.

« Cette mobilisation est nationale. Elle a pour but d’alerter le consommateur sur les incohérences qu’on a aujourd’hui dans notre pays concernant l’agriculture et dénoncer l’agri-bashing Â» explique Vincent Tirole, agriculteur et secrétaire général des JA du Doubs. Cette action syndicale consistera à distribuer autocollants et tracts pour sensibiliser les concitoyens de différentes communes. Une conférence de presse aura lieu à Pouilley-Français, dès 16h30, en présence des présidents des JA 25 et de la FDSEA 25. Pour faire parler de leur mécontentement, une « communication positive Â» a été privilégiée. « On n’est pas là pour embêter nos concitoyens qui travaillent comme nous, on ne veut pas bloquer les gens Â» affirme Vincent Tirole.

 

"Une charge supplémentaire"

La principale mesure dénoncée concerne les zones de non-traitement. Selon l’agriculteur, elles impacteront plus lourdement le bas du département, une zone plutôt céréalière. « Pourquoi 150 mètres ? s’interroge-t-il. Le fait de traiter des plantes, ce n’est pas un plaisir car ça nous coûte. Et puis, il y a une cinquantaine d’années, les plantes étaient mauvaises et les gens tombaient malades en les mangeant. Aujourd’hui, on fait quelque chose de sain, de sécurisé. Ces zones de non-traitement viennent nous rajouter une charge supplémentaire ». Des traitements à base de produits homologués, vérifiés par l’État, que les agriculteurs s’efforcent d’utiliser de la meilleure façon comme l’explique Vincent. Ainsi, les produits seraient pulvérisés idéalement le soir, quand il y a le moins de vent possible, afin d'être sûr que ces derniers restent sur les plantes et ne s’envolent pas.

D’après lui, il s’agit d’une réforme injuste mais aussi contradictoire : CETA et MERCOSUR sont des accords de libre échange passés entre l’Europe et l’Amérique du Nord et du Sud.  « Ils n’ont pas du tout les mêmes modes de production et vendent à bas coût. On tape sur les produits français mais on ne fait pas les mêmes remarques sur ce qu’on importe Â» et d’ajouter « si tout le monde achetait Français et les agriculteurs vivaient de leurs exploitations, on accepterait les mesures. Aujourd’hui, en France, deux agriculteurs se suicident chaque jour Â».

 

Redonner confiance aux Français

Dans un contexte où les enjeux écologiques sont une priorité pour beaucoup de consommateurs, le but est de rassurer et d'apporter une certaine connaissance sur l'agriculture française. Vincent Tirole invite à venir écouter les agriculteurs mobilisés ce soir. « On veut expliquer comment est produit ce qu’on retrouve dans nos assiettes trois fois par jour. Quand on parle de « ferme-usine Â» ou de ferme intensive, sachez que nous n’en sommes pas là en France. On veut une agriculture viable, vivable et transmissible ».