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Cyberharcèlement : le ras-le-bol du monde du sport

Ces dernières années, les insultes sur les réseaux sociaux ne cessent de se décupler. Le monde du sport n’est pas épargné par le phénomène. Anonymat, paris sportifs, et absence de public dans les tribunes sportives participent à ce triste essor.

Le 18 septembre dernier, Gaël Monfils, joueur professionnel de tennis, décide de briser le silence. Le français, 9ème mondial à l’époque, sort d’une défaite au Masters 1000 de Rome, et reçoit une flopée d’insultes toutes plus immondes les unes que les autres. Racisme, menaces, tout y passe. S’en est trop pour le français, qui publie sur ses réseaux certains des messages reçus, afin d’alerter sur cette pratique de plus en plus courante, et de moins en moins soutenable. À la manière des mouvements #MeToo ou #BalanceTonPorc pour les femmes victimes de harcèlement sexuel, de nombreux sportifs soutiennent Gaël Monfils et publient à leur tour certaines des insultes reçues quotidiennement. Le cycliste Nacer Bouhanni, ou plus récemment les footballeurs Imran Louza et Thilo Kherer ont été particulièrement touchés par des attaques verbales d’une violence extrême. Comment en est-on arrivé là ?

Le fléau des paris sportifs

De plus en plus pointés du doigt par les sportifs de haut-niveau, les paris sportifs émergent aujourd’hui comme une des principales raisons de ce déferlement de haine en forte augmentation. Depuis quelques années, les Betclic, Winamax ou encore Unibet sont en plein essor, et les parieurs, souvent protégés par leur anonymat, n’hésitent pas à déferler leur haine sur ceux qu’ils jugent responsables de leurs pertes financières. À Besançon, le jeune ailier du GBDH Thibaud Arteaga a dû y faire face il y a quelques jours, après avoir manqué le tir de la gagne face à Strasbourg : « Je pense que les paris sont dangereux à ce niveau-là. Lors du match nul contre Strasbourg, j’ai reçu pas mal d’insultes venant de personnes qui avaient parié sur nous Â». Aujourd’hui, l’ailier droit de 22 ans n’y prête plus attention. Pour autant, tout n’a pas toujours été si simple. Thibaud Arteaga recevait déjà des insultes lors de sa première saison professionnelle en N1, alors qu’il n’était âgé que de 19 ans : « Au début ça te touche. Tu cherches à savoir qui c’est. Pour ma part, j’ai de la chance que ça ne soit que des messages privés, donc ma famille n’est pas touchée. Mais quand certains se font insulter sur des publications ouvertes ou dans la rue, bien sûr que ça peut avoir un impact sur les proches Â».

Comment lutter ?

Comme beaucoup de sportifs, Thibaud Arteaga a choisi de répondre par l’indifférence : « Il faut relativiser, se dire que ces personnes sont sûrement des gens qui n’ont jamais eu et n’auront jamais le niveau pour jouer à ce niveau. Certains n’ont même probablement jamais eu un ballon de handball entre les mains. Aujourd’hui ça ne m’atteint même plus ». Cependant, faire la part des choses devient de plus en plus compliqué pour de nombreux sportifs. Certains comme Thierry Henry ou le footballeur auxerrois Quentin Bernard ont par exemple décidé de quitter les réseaux sociaux tant que ces derniers ne prendraient pas des mesures de modération plus strictes. D’autres veulent même aller plus loin, comme Nacer Bouhanni ou Théo Griezmann, frère d’Antoine, qui ont décidé de porter ces insultes devant la justice. Depuis plusieurs semaines, pouvoirs publics et ligues sportives professionnelles s’activent en coulisse pour trouver des réponses au cyber-harcèlement. Les réseaux sociaux commencent également à durcir leur méthodes de modération. Des mesures nécessaires pour calmer les pulsions des trop nombreux harceleurs, qui oublient trop souvent que derrière le sportif se cache en premier lieu un humain.