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Droit à mourir dans la dignité : Le sénateur Jean-François Longeot regrette l'absence de débat

Depuis le 4 mars 2021, date de disparition de l’ex-secrétaire d’Etat Paulette Guinchard, ayant eu recours au suicide assisté en Suisse, le débat parlementaire s’est agité à nouveau à ce propos. Cinq propositions de loi avaient été déposées à l’Assemblée nationale et au Sénat avant son décès. Le 11 mars dernier, la proposition de loi visant à établir le droit à mourir dans la dignité de la sénatrice Marie-Pierre de La Gontrie a été examinée, puis retirée le l’ordre du jour par cette dernière après la suppression de l’article 1er qu’elle considérait comme le cœur du texte. Jean-François Longeot, sénateur du Doubs, s’est exprimé à ce propos. Il regrette une telle suppression d’article estimant que cela empêche la tenue d’un débat sur la fin de vie, qui est crucial pour la société.

 

Une pratique interdite en France

« Il est indispensable et urgent qu’un débat serein et approfondi sur ce thème sociétal crucial ait lieu, tout comme une réflexion sur l’accompagnement des personnes en situation palliative respectant leur dignité puisse être menée et qu’ils soient accompagnés de mesures concrètes Â» notifie Jean-François Longeot. Selon lui, il est primordial que soit tenu un débat sur la fin de vie, qui intéresse et qui affecte bon nombre de citoyens français. Parce qu’actuellement en France, les personnes confrontées à des pathologies particulièrement lourdes au pronostic irrémédiable, se voient dans l’impossibilité de décider librement des modalités de leur fin de vie. Et cela les conduit à se rendre à l’étranger afin de bénéficier de l’euthanasie ou de l’assistance au suicide, comme ce fut le cas pour Paulette Guinchard. Une pratique que l’on nomme parfois de manière lugubre le « tourisme du suicide Â» ou encore le « tourisme de la mort Â».

La nécessité d’un débat

Ce qui est important pour Jean-François Longeot, ce n’est pas le fait que l’on se positionne, en se prononçant pour ou contre le droit à mourir dans la dignité. Il faut se projeter outre les avis et les différends personnels. « Je n’incite personne à avoir la même pensée que moi Â» souligne-t-il, en arguant que chacun est libre de penser ce qu’il veut. « Mais j’incite tout le monde, notamment les parlementaires, à permettre un débat sur ce sujet, qui est un débat essentiel de notre société, et qui concerne les hommes et les femmes de notre pays Â» poursuit le sénateur du Doubs. Un débat, c’est tout ce que souhaite Jean-François Longeot. Un dialogue, qui paraît indispensable selon lui, portant sur ce thème de société, et qui s’adresse à toutes et à tous. « On ne peut pas éviter ce débat, ce serait une fuite en avant qui ne convient pas. Le débat est quelque chose d’essentiel dans notre pays Â» proclame l’élu.

Un sujet encore tabou en France

« Je pense qu’on a un peu de retard sur ce domaine, parce qu’on a un certain nombre de tabous qu’on ne veut pas lever Â» explique Jean-François Longeot. Et aussi parce que beaucoup ont tendance à se reposer sur la loi Léonetti (relative au droit des malades et à la fin de vie) en place depuis 2005, qui a été « très bien pendant un moment Â», mais désormais perfectible. « On le fera un jour, c’est à mon avis évident. L’évolution de notre société fait qu’un jour on appliquera ce droit à mourir dans la dignité Â» confie le sénateur du Doubs. Mais pour l’heure, Jean-François Longeot estime qu’il est encore tôt, et que ce sujet est peut-être un peu trop avant-gardiste dans la tête des français. « C’est un grand tort d’avoir raison trop tôt Â» conclut-il en reprenant la célèbre citation d’Edgar Faure.