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Loups : La meute du massif jurassien

Récemment, la présence du loup aurait été constatée dans le massif jurassien. Carcasse de biche retrouvée dévorée aux abords de Mouthe, soupçon d’une présence aux alentours de Charquemont, les témoignages se succèdent ces derniers temps. Mais rassurez-vous, il n’y a rien d’étonnant, et encore moins de menaçant.

Le retour du loup

« On a commencé à faire des observations de passages de loups dans le massif jurassien depuis 2003 Â» souligne Patrice Raydelet, le président et fondateur du pôle grands prédateurs dans le Jura. Cette association qui a vu le jour en 2007, a pour vocation d'accompagner le retour des grands prédateurs dans le massif jurassien, tels que les lynx et les loups. Et pour Patrice Raydelet, « il n’y a absolument rien d’étonnant dans ce retour ». Selon lui, il était très clair que ce canidé allait revenir dans le massif jurassien, grâce à la recolonisation de la France depuis 1992, par des loups en provenance d’Italie. « On a commencé à faire des observations de loups à partir de 2003 dans le massif jurassien Â» poursuit-il. La première meute s’est d’ailleurs installée dans le massif du Marchairuz, qui compte un espace dans le Jura français, dans le Haut-Doubs, ainsi que dans le Jura suisse. Cette meute est très suivie, notamment par l’OFB (office français de la biodiversité), qui s’occupe du recensement des individus, du nombre de reproductions, et du pistage hivernal, entre autres. Beaucoup d’acteurs forestiers collaborent aussi à cette surveillance, en se servant de pièges photographiques, afin d’obtenir de nombreux éléments d’informations sur le déplacement et l’évolution de la meute.

La zone de « présence permanente »

« La définition d’une meute, c’est deux individus de sexe différent. Donc une meute peut commencer à partir de deux individus Â» précise le président du pôle grands prédateurs. Celle-ci est composée le plus souvent des louveteaux de l’année et de quelques jeunes de l’année précédente, portant le nombre d’individus de 7 à 10 loups par meute. « Globalement c’est ce qu’on voit dans les grosses meutes en France Â» détaille Patrice Raydelet. Et le territoire sur lequel elle s'installe s'étend sur environ 300km². C’est ce qu’on appelle la zone de présence permanente. Mais cette dernière peut varier en fonction de très nombreuses conditions de l’environnement, et du nombre de proies disponibles sur ce territoire. Ensuite, lorsque les juvéniles âgés d’un an ou deux ne quittent pas la meute de leur plein gré, surtout les jeunes mâles en période de reproduction, ils sont forcés de la quitter, afin d’aller fonder leur propre territoire sur une zone inoccupée.

Une mauvaise image en France

« En France, c’est un cas assez unique. Moi qui me déplace beaucoup, on ne voit pas cette image dans le monde. Il n’y a qu’en France où c’est ancré à ce point-là Â» désapprouve Patrice Raydelet. Selon ce dernier, la faute appartiendrait à « des siècles et des siècles de contre-vérité, de légendes et de croyances Â». Pour appuyer son propos, le président du pôle grands prédateurs souligne le fait que le loup est présent depuis 1992 sur le territoire français, et que « si c’était la bête terrible qu’on décrit, il se serait passé des choses en 30 ans Â». Or il n’en est rien. Et ces histoires véhiculées sur l’espèce depuis des siècles, sont désormais très difficiles à améliorer. C’est pour cette raison que Patrice Raydelet intervient auprès des jeunes générations, en expliquant distinctement ce qu’est un loup, sans toutes les légendes qui gravitent autour. Et le résultat est manifeste : ces jeunes sont bien moins méfiants vis-à-vis de ce prédateur, et apprennent à estimer véritablement cet animal.