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Régularisation de Laye Fodé Traoré : Stéphane Ravacley revient sur son combat

Après la régularisation de son apprenti Laye Fodé Traoré, le boulanger bisontin Stéphane Ravacley, est revenu sur les événements des dernières semaines. De la pétition à la régularisation, en passant par sa grève de la faim, les derniers jours ont été particulièrement épuisants physiquement et moralement, pour lui et Laye, qui retrouvent petit à petit leur train quotidien.

En décembre dernier, Laye Fodé Traoré, immigré guinéen en France depuis 2 ans, se voit refuser l’accès à un titre de séjour. Le jeune homme, qui approche de ses 18 ans, reçoit même une obligation de quitter le territoire français à sa majorité. Pourtant, Laye travaille en tant qu’apprenti boulanger dans un petit commerce de Rivotte, à Besançon, tout en poursuivant sa formation au CFA Hilaire-Chardonnet. Scandalisé, son patron et formateur Stéphane Ravacley, décide alors de se mobiliser pour éviter l’expulsion de son apprenti : « Lorsqu’il a compris qu’il devait quitter l’entreprise le 2 janvier, forcément ça a fait le yoyo dans sa tête. Moi, je lui ai promis que je ferais tout pour qu’il reste, et évite cette injustice Â», explique-t-il.

Un mouvement qui prend de l’ampleur

Stéphane Ravacley lance d’abord une pétition, pour faire parler de cette histoire. Le nombre de  signatures grimpe, tout comme l’ampleur médiatique de l’affaire. Pas suffisant, cependant, pour faire réagir les instances publiques. Le boulanger, qui ne compte pas en rester là, lance alors une grève de la faim, le 3 janvier dernier : « Je me devais de faire quelque chose de spécial. Je suis un non-violent, donc j’ai décidé de m’attaquer à moi-même Â». Un mouvement de protestation épuisant  de 10 jours, repris par la quasi-totalité des médias locaux et nationaux. Le Nouvel Observateur publie même une tribune recueillant le soutien de nombreuses personnalités publiques. Parmi elles, Omar Sy, Marion Cotillard, Nicolas Hulot, ou encore la maire de Besançon Anne Vignot.

Happy ending

L’engouement et l’émotion que suscite l’affaire contraint les pouvoirs publics à accélérer la procédure de régularisation, jusqu’au verdict, qui tombe le 14 janvier dernier : Laye est régularisé. Dès le 19 janvier, le jeune apprenti français est autorisé à reprendre sa formation auprès de Stéphane Ravacley, qui décrit un moment chargé en émotion : « Je suis arrivé avant lui car je voulais être présent pour ce moment solennel. Il était évidemment très content, très souriant. C’est le début d’une nouvelle vie pour lui Â». Depuis mardi, la vie reprend son cours habituel à « la Huche à Pain Â». Malgré les appels au boycott de certains polémistes d’extrême droite, la boulangerie n’a pour le moment que des retours positifs de la part de ses clients. Pas étonnant pour Stéphane Ravacley : « Ã€ 100%, les gens qui viennent ici me félicitent. Je reçois également une dizaine de lettres par jour, et une seule d’entre elles était injurieuse. Je n’ai pas à me plaindre Â».

Un cas parmi tant d’autres

Si la sur-médiatisation de l’affaire, et la mise en danger de l’intégrité physique de Stéphane, ont permis la régularisation de Laye, des milliers d’autres cas similaires ne connaitront pas la même fin : « Des gamins comme Laye, il y en a des milliers en France, et personne n’en parle Â», nous confie Stéphane Ravacley. Le boulanger ne croit pas si bien dire, puisqu’une nouvelle pétition, pour une situation similaire, est en ligne depuis quelques jours pour Yaya, apprenti électricien bisontin menacé d’expulsion. L’état doit s’attendre dans les prochaines semaines à une multiplication de cas similaires et à une médiatisation de ces derniers. Une situation qui pose quelques questions sur le mode de fonctionnement des pouvoirs publics, qui vont devoir trouver des solutions rapides et intelligentes.