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Entre difficultés financières et psychologiques, le difficile quotidien des étudiants

Vendredi dernier, un étudiant de l’université de Lyon III tente de mettre fin à ses jours en se défenestrant depuis le quatrième étage de sa résidence étudiante. Un peu plus d’un an après la tentative d’immolation d’un autre étudiant lyonnais, ce nouvel acte de désespoir résonne aujourd’hui comme un cri à l’aide d’une jeunesse plus délaissée et précaire que jamais.

Couvre-feu, vaccins, restaurants, ou encore culture, tous les sujets ou presque sont évoqués jeudi dernier lors d’une conférence de presse donnée par le Premier ministre Jean Castex. Presque, mais pas tous, les étudiants, et plus particulièrement la précarité de ces derniers due à la situation sanitaire en France, sont complètement omis de la conversation et des mesures gouvernementales. Un « oubli Â» qui ne passe pas inaperçu et qui provoque la colère de nombreux étudiants fragiles. Un « oubli Â» qui traduit également toute l’incertitude dans laquelle vivent ces derniers depuis le début de la pandémie : « Plusieurs étudiants nous ont contacté pour rendre compte de leur situation actuelle, et ce qu’ils nous disent tous, c’est qu’ils ne savent pas. Ils ne savent pas s’ils pourront étudier demain, s’ils auront toujours leur travail, et s’ils pourront finir le mois Â», nous confie Matthieu Guinebert, élu étudiant CGT salariés-étudiants au CA de l'UFC et de l'UBFC.

Un besoin de réponses

Outre la question des cours en présentiel ou à distance, les étudiants s’interrogent aujourd’hui plus globalement sur leur futur à proche et moyen terme. La faute au mutisme des universités et de l’État, qui tardent à apporter une vision claire et nette de ce qu’est, et sera, la vie étudiante dans le contexte sanitaire et économique actuel. Clément*, étudiant en Master LEA, n’a su que quelques jours avant la rentrée si ses cours seraient en présentiel ou non. Une situation intolérable pour Matthieu Guinebert : « Les étudiants n’ont aucune vision de la sauce à laquelle ils seront mangés demain. Ce qu’on demande, c’est offrir une vision à ces derniers afin qu’ils sachent comment ils vont gérer leur fin d’année Â». Des propos qui ne font que confirmer les chiffres inquiétants dévoilés lors d’une enquête FAGE - IPSOS sur le parcours académique des étudiants en ce moment. Selon cette enquête publiée en juillet dernier, 84% des étudiants estimaient que la situation sanitaire actuelle du pays (confinement, couvre-feu) avait provoqué un décrochage dans leurs études.

Des chiffres inquiétants

Si ce chiffre interpelle, d’autres concernant l’état psychologique des étudiants semblent encore plus préoccupants. Toujours selon l’enquête FAGE - IPSOS, 64 % des 18-25 ans ont ressenti récemment le besoin de se confier, 67% se sont sentis tristes, déprimés, ou désespérés, 57 % ont ressenti une fragilité psychologique (stress, nervosité), et 23% ont eu des pensées suicidaires. Du côté des ressources financières, le constat n’est guère mieux. 74% des 18-25 avouent avoir rencontré des difficultés financières ces trois derniers mois, et 35% confient avoir renoncé à divers soins sur cette même période. Autre symbole de cette précarité, 20% des inscrits aux Restos du Coeur de Besançon depuis novembre 2020 sont des étudiants.

L’isolement tue

Si une immense majorité des nouveaux jeunes actifs ou étudiant sont dans cet état de précarité, c’est également à cause du ralentissement général des activités professionnelles du à la situation sanitaire et économique. 72% des jeunes exerçant une activité professionnelle ont vu cette activité réduite ou interrompue ces dernières semaines. Un constat accablant qui isole encore un peu plus ces nombreux jeunes en situation de détresse psychologique : « L’isolement est dû aux restrictions sanitaires, mais également au chômage. On compte aujourd’hui un million de nouveaux pauvres, beaucoup d’entre eux sont des jeunes. Il faut accompagner les jeunes avec des dispositifs comme la sécurité emploi-formation, qui pour moi, est un dispositif d’avenir révolutionnaire qui permet de pallier aux problèmes économiques mais aussi à l’isolement qui tue Â», explique Matthieu Guinebert.

Multiplier les actions solidaires

Face à la situation préoccupante, les syndicats étudiants tentent d’aider de diverses manières les jeunes en situation précaire. Dans ce sens, la CGT salariés-étudiants mènera le 29 janvier prochain une distribution de 50 cartons alimentaires d’une valeur de 50 euros pour les étudiants dans le besoin à Besançon. Pour s’inscrire, il suffit de contacter ces dernier par mail à l’adresse suivante : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.